Finance et transition climatique font-ils définitivement mauvais ménage ? Aux Etats-Unis, en tout cas, on assiste à une offensive en règle des investisseurs contre les fonds qui affichent un discours « pro-climat ». Ce qui entraîne un « rétropédalage » de certains d’entre eux. Et pas des moindres. Vanguard, le deuxième plus grand gestionnaire d’actifs au monde après BlackRock, a annoncé la semaine dernière qu’il quittait la Net Zero Asset Managers Initiative, la plus grande coalition financière internationale pour la réduction des émissions de carbone. Une manière de donner des gages à ses investisseurs en retrouvant toute sa liberté de placement. Il faut dire que, quelques jours plus tôt, le gouverneur de Californie avait annoncé le retrait de 2 milliards de dollars du fonds BlackRock. Et ce n’est que le dernier d’une longue liste de gouverneurs républicains manifestant ainsi leur défiance à l’égard de la stratégie de son président, Larry Fink, jugée trop en faveur du climat. Il est vrai que ce dernier n’a pas hésité, il y a quelques mois, à affirmer que « le capitalisme a le pouvoir de changer la société ». Un crime de lèse-majesté au pays de l’argent-roi. Ce retour de bâton contraste tout de même avec ce qui se passe en Europe. Loin d’être irréprochable, la finance sur le Vieux Continent a entamé sa mue. La dernière édition du Green Central Banking Scorecard, réalisé par l’ONG Positive Money, place même en tête du podium la banque centrale française, qui a exclu de ses propres investissements les énergies fossiles. Suivie par ses homologues italienne et allemande. La Réserve fédérale américaine n’arrive qu’en 16e position. On peut avancer aussi la bonne santé du marché des « green bonds » – à l’horizon 2026, la Commission européenne a prévu d’investir 250 milliards d’euros dans ces obligations vouées à financer la transition énergétique. Mais aussi l’émergence de néobanques, comme Helios ou Green-Got en France, qui s’engagent à ne financer que des projets « verts ». Ce qui est loin d’être le cas des banques conventionnelles. Pour info, il suffit de dix minutes pour créer un compte courant en ligne !