Merci à toi, 2024, d’avoir offert aux lecteurices les plus assidu·es une journée de février supplémentaire pour se goinfrer de mots et dévorer de la page au kilomètre. Si les Gargantua de la lecture qui n’ont pas encore dépensé ce crédit de temps supplémentaire se pourlèchent à l’idée délectable de nourrir leur insatiable appétit de lecture, reste que 24 heures, même en plus, ça file vite ! Alors, sur quoi se jeter ? Une notice de bricolage ? Un tout ménage ? Un magazine de ragots ? Ô angoisse, quand tu m’étreins de la sorte, je te déteste !
Et si l’option « roman impossible à lâcher une fois entamé » était la bonne ? Voilà qui tombe à pic tant cette semaine réserve son lot de textes parfait pour assouvir les appétits les plus orgiaques. Un exemple, un seul, avec ce récit magnifique de Régis Jauffret qui se lit d’un trait alors qu’il imagine la grossesse horrible de Klara la génitrice d’Hitler gluée par un fœtus lui adressant un flot d’images mentales insoutenables, celles de la future Shoah.
Pour d’autres conseils de lectures aussi absorbantes que dévorantes, prenez donc le temps, puisque vous l’avez, de parcourir ce nouveau numéro de votre QWERTZ préféré.
Bonnes écoutes et bonnes lectures!
Disséquée
Transmissions de pensée
Colombe Boncenne, "De mes nouvelles", ed. Zoé
Comment une écrivaine construit-elle ses histoires, comment s’entremêlent-elles à sa réalité ? Chaque texte de ce recueil interroge le lien entre la narratrice et son imaginaire. Qu’elle raconte un souvenir, une scène quotidienne ou élabore un récit, nous la suivons dans son flux de conscience, où s’interpénètrent son ordinaire, ses rêves et la littérature. Cet enchâssement, à la manière d’une matriochka, aussi doux que troublant, propose une réflexion intime et subtile sur nos vies et l’expérience de l’écriture.
Régis Jauffret, "Dans le ventre de Klara", ed. Récamier
De juillet 1888 à avril 1889, Klara Hitler porte dans son ventre celui qui est destiné à devenir l'incarnation du mal absolu. Neuf mois de violence et de religiosité étouffante, desquels naîtra celui qui incarnera le nazisme et la Shoah. Neuf mois durant lesquels Klara est traversée, habitée, possédée déjà par l'innommable, partagée entre l'amour pour son enfant à venir et les visions qu'elle reçoit malgré elle des crimes que ce fœtus, une fois devenu homme, commettra contre l'humanité tout entière.
Catherine Lovey, "histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir", ed. Zoé
Longtemps, la narratrice ne sait rien de son voisin de palier, sinon qu’il s’appelle Sándor, qu’il est hongrois et homme d’affaires. Mais quand celui-ci tombe malade, peu avant qu’un virus ne se propage sur la planète, un rapprochement s’opère entre ces deux êtres dépourvus de points communs. À travers le portrait d’un individu énigmatique, de plus en plus fragile et bouleversant, Catherine Lovey nous livre celui de notre époque, sur laquelle elle pose un regard précis et frondeur.
Automne 1977, Clémence, treize ans, est venue aider au déménagement de la grand-mère, veuve depuis peu. La présence attendue de Vincent, son oncle, semble électriser tout le monde. L'adolescente en est amoureuse ; cinq ans plus tard, elle devient la maîtresse occasionnelle. Suivant sur plusieurs décennies le fil de cet événement aux longs retentissements, Pascale Kramer ausculte dans Les Indulgences les sensibilités amoureuses de trois générations d'épouses, mères et filles.
Eva Björg Ægisdóttir, Le Clan Snæberg, trad. Jean-Christophe Salaün, ed. de la Martinière, 416 p.
L’Islande, ses volcans, sa neige, ses aurores boréales et ses morts. Les Snæberg sont riches, puissants et quand il leur prend l’envie de se retrouver, toutes générations confondues pour fêter le patriarche, ils le font au milieu des coulées noires de lave volcanique, dans un hôtel de luxe au bord l’océan. L’alcool aidant, les secrets, les rancœurs, remontent à la surface et l’issue en est dramatique. Il ne peut en être autrement ! Eva Björg Ægisdóttir convoque, pour ce roman, à la fois Agatha Christie et Dynastie . En bref chapitres, elle dresse le portrait d’une famille, de son mal-être, et de l’Islande qui se découvre en filigrane. Un grand roman noir. CF
roman
Jean-François Beauchemin, Le vent léger, ed. Québec Amérique, 184 p.
Son précédent roman, Le Roitelet, a été pour beaucoup une révélation. Avec Le vent léger , l’auteur québécois poursuit cette exploration poétique d’une histoire familiale fictive, ici chahutée par la maladie et le décès de la mère. Racontée par Léonard, 15 ans, l’histoire de cette année 1971 embrasse les fantaisies tendres d’une famille nombreuse et les faits saillants du Québec d’alors. Mais c’est bien la voix unique de l’auteur qu’on entend, cultivant l’émerveillement dans ses longues périodes gorgées de métaphores singulières et de mystères cosmiques. Splendide. NJ
roman
Yrsa Daley-Ward, La vie précieuse, trad. Julia Kerninon ed. La croisée, 240p.
Ce récit de formation se déroule au début des années 1980 dans le nord de l’Angleterre. La narratrice, Yrsa y raconte son enfance puis son adolescence auprès de ses grands-parents membres de l’Eglise. Tiraillée entre la religion et ses propres désirs charnels, sa voix nous emmène dans une véritable expérience de lecture. Parsemé d’extraits poétiques, de dialogues et de passages en prose, ce texte enragé reçoit le « Pen Prize du meilleur roman autobiographique » en 2018. LS
JEUNESSE
Emilie Boré et Vincent, Jean-Blaise tombe amoureux, ed. La joie de lire, 72p.
Jean-Blaise, le chat qui se prend pour un oiseau et chante comme un rossignol, vit à Comonveut. Lorsqu’il rencontre le joli poisson japonais Tsubasa, il en tombe éperdument amoureux. Un chat et un poisson, voilà un couple qui se joue des normes ambiantes... Jean-Blaise parviendra-t-il à surmonter ses propres appréhensions? Cette histoire pleine de malice et d’humour fait l’éloge de l’acceptation de soi et de l’ouverture aux autres. A mettre entre toutes les mains ! MH avec Matthias, 8 ans
Bédé
L'amour en VR
Sortie début février, la bande dessinée Le champ des possibles est née de la rencontre entre deux artistes. L'histoire imaginée par Véro Cazot mélange allégrement pluralité amoureuse et réalités multiples. Un scénario original et onirique renforcé par les magnifiques dessins d'Anaïs Bernabé.
Joël Dicker est l’invité de Quartier Livre pour évoquer son dernier roman Un animal sauvage (ed. Rosie & Wolf). Plus resserré que ses prédécesseurs, ce nouveau récit prend comme point de départ un braquage dans une bijouterie genevoise, pour nous faire suivre la trajectoire de deux couples, entre mensonges, voyeurisme, et secrets inavouables. Animation : Ellen Ichters & Nicolas Julliard / Carte blanche : Daniel Vuataz Quartier Livre, RTS La Première, di 03 mars 16h
Jeune homme engagé, Jérôme, alias Geronimo, rejoint la ZAD de la Cingle au moment où celle-ci est encerclée par les forces de l’ordre. Dans sa fuite, il se remémore la naissance de ses combats, dix ans plus tôt, et l’amour qui l’unit depuis à Yvain et Camille. Troisième roman de Thomas Flahaut, Camille s’en va (ed. de l’Olivier) explore, à travers une forme de dystopie intime, la guerre que mènent les gouvernants aux mouvements altermondialistes et aux luttes contre l’appropriation industrielle du monde naturel. Thomas Flahaut est l’invité de Nicolas Julliard. Carte blanche: Pascaline Sordet Quartier Livre, RTS La Première, di 25 février
"Genève, 2 juillet 2022, deux malfaiteurs sont sur le point de dévaliser une grande bijouterie. Mais ce braquage est loin d'être un banal fait divers... Vingt jours plus tôt, dans une banlieue cossue des rives du lac Léman, Sophie Braun s'apprête à fêter ses quarante ans. La vie lui sourit. Elle habite avec sa famille dans une magnifique villa bordée par la forêt. Mais son monde idyllique pourrait bien vaciller…" Un animal sauvage, en librairie depuis le 27 février aux Editions Rosie & Wolfe, maison dʹédition de lʹauteur. Joël Dicker est lʹinvité dʹAnne Laure Gannac. Pour poursuivre la rencontre avec lʹécrivain genevois, rendez-vous dans Quartier livre, ce dimanche à 16h sur RTS La 1ère. Vertigo, RTS La Première, me 28 février
Atelier d’écriture : concours Mauvais Genre avec Fabrice Pittet Le lancement du premier concours de nouvelles organisé dans le cadre du Salon littéraire Mauvais Genre par l’Association le Corbeau qui lit en collaboration avec le Festival du LàC ainsi que La MEEL, a été annoncé pendant le salon littéraire Mauvais Genre 2023. Le concours, intitulé La Plume du corbeau, est ouvert à deux catégories : Les jeunes adultes (16 à 20 ans) et les adultes dès 20 ans. Il s’agit pour les participant·e·s de rédiger un texte libre de maximum 6 pages en respectant les thèmes de la littérature fantasy ou fantastique. Le délai de la remise des nouvelles pour pouvoir prétendre au prix est le 30 avril 2024. Dans le cadre de ce concours, la MEEL a le plaisir d’accueillir un atelier d’écriture pour vous permettre de rédiger votre texte. MEEL, Lausanne, sa 02 mars
L’écriture des lieux : Premier rendez-vous entre nature et littérature L’écriture des lieux se décline, dès 2024, en une série de rendez-vous entre nature et littérature, à la Fondation Jan Michalski. Autant d’invitations à parcourir les diverses facettes du nature writing, dans l’étendue des thèmes embrassés par les écrivaines et écrivains d'aujourd’hui comme dans la variété de ses formes littéraires, à travers des rencontres, des balades et des ateliers questionnant nos liens au monde naturel. Fondation Jan Michalski. Montricher (VD), sa 02 mars
Soirée de remise du Prix du livre de la Ville de Lausanne 2024 Qui sera le ou la lauréat·e du Prix du livre de la Ville de Lausanne 2024 ? Découvrez la réponse le 4 mars à 20h au Théâtre Vidy-Lausanne et en direct sur La Télé Vaud-Fribourg. Au programme de cette cérémonie : lectures théâtrales, musique et discussions. Les inscriptions sont ouvertes ! Ville de Lausanne, Lausanne, lu 04 mars
Salon du livre Du 6 au 10 mars prochain, Palexpo se transformera une nouvelle fois en capitale du livre. Durant cinq jours, prix littéraires, auteur·rices populaires, talents prometteur·ses mais aussi figures issues de différents horizons monteront sur les onze scènes du salon pour présenter leurs ouvrages et débattre sur de grandes thématiques actuelles. Invité·es d’honneur de cette édition, l’auteur et éditeur Joël Dicker, l’autrice Elisa Shua Dusapin ainsi que l’autrice de bande dessinée Léonie Bischoff inviteront des auteur·rices et/ou personnalités de leur choix avec qui elles et il échangeront. Retrouvez aussi l'équipe de Quartier Livre qui enregistrera avec les autrices Hemley Boum et Elitza Gueorguieva dans l'espace Jeunesse le vendredi 08 mars à 12h ! Salon du livre, Genève, mer 06 - di 10 mars
Cercle du conte — Chapitre 2 Le Cercle du Conte de La Maison du Récit vise à garder vivante la tradition des conteries, veillées et partages de ces histoires immémoriales que sont les contes, et qui donnent à l’âme humaine la plus essentielle des nourritures. Un groupe de conteuses et conteurs engagés, sensibles et souvent très drôles vont vous raconter leurs contes préférés. Souvenons-nous-en pour les temps à venir, et laissons-nous porter par le sucre de ces joyeux rendez-vous ! La maison du récit, Lausanne, je 07 mars
JEUDI DES MOTS « Discours à la nation » Production d’Avril et la librairie Librophoros investissent chaque premier jeudi du mois les murs de La Spirale et vous font découvrir leurs coups de cœur. Ce soir : une plongée au cœur de l’œuvre d’Ascanio Celestini. Avec Agathe Fellay, Olivier Havran, Isabelle-loyse Gremaud, François Gremaud, Audrey Launaz… La Spirale, Fribourg, je 07 mars
Rencontres du jeudi Mélanie Chappuis et Pascale Vachoux vous proposent une performance autour des textes du recueil Ô vous, sœurs humaines. L’autrice et la comédienne s’allient pour raconter nos ambivalences et nos loyautés, nos coups bas et nos grandeurs, nos faces cachées et nos diverses casquettes, pour un moment de tendresse et d’humour entre frères et sœurs humain·es. Mère, amie, amoureuse, rivalités, fidélités, complicités... Des portraits de femmes qui vous rappelleront quelqu’une. La rencontre dure environ 1 heure et se conclut par un apéritif. Bibliothèque de Carouge, Carouge, je 07 mars
Une façon d’aimer Entretien mené par Pascale Frey, journaliste. DominiqueBarbéris est la lauréate du Grand Prix du roman de l’Académie française 2023. Elle consacre une large partie de son activité à l’écriture de ses ouvrages qui paraissent pour la plupart chez Gallimard. Son dernier roman Une façon d’aimer (2023) laisse une impression profonde et belle qui infuse progressivement. Dominique Barbéris nous immerge dans la vie sociale coloniale camerounaise des années cinquante. Les expatriés y tissent des histoires d’amour qui s’éveillent face à la puissance de la nature. Les pluies torrentielles lavent les âmes et décalent les rendez-vous sur fond de tensions indépendantistes donnant à l’atmosphère quelque chose d’inquiétant qui contraste avec la délicatesse des sentiments. La comédienne Marie Pictet lira des extraits d’Une façon d’aimer dans la bibliothèque, lundi 26 février à 18h30 Société de lecture, Genève, ve 08 mars
Ont collaboré à ce numéro Philippe Congiusti, Catherine Fattebert, Mélissa Härtel, Ellen Ichters, Nicolas Julliard, Céline O'Clin, Garance Parvis, Layla Shlonsky.
