Elle remonte à près d’une semaine, mais je commence pourtant mon infolettre du samedi pas cette nouvelle, tant elle m’a marqué: il ne s’agit pas du oui justifié à EFAS, mais du refus à l’extension des autoroutes soumise au vote dimanche passé. Qu’elle ait eu des motivations écologiques (la voiture doit être combattue) ou budgétaires (il faut faire des économies), cette majorité tire de manière spectaculaire sur le frein au développement du pays. Le verdict des urnes signale aussi la difficulté à bâtir l’avenir. Car il ne s’agissait pas d’opposer la route au rail, comme l’ont fait les détracteurs du projet, mais plutôt d’apporter avec pragmatisme des solutions à des problèmes immédiats. La situation est similaire à celle de la pénurie de logements, qui s’aggrave parce qu’il est trop difficile de construire, comme nous l’avons documenté dans un grand dossier spécial. La Suisse se fige donc. Et il ne faut pas compter sur le Parti socialiste (PS) pour faire bouger les choses. Mon collègue Jonas Follonier a parfaitement décrit la transformation de la formation à la rose au cours des dernières années. Ses votes toujours plus à gauche l’éloignent de la social-démocratie dont elle se revendiquait il y a encore une vingtaine d’années. L’Etat devient la solution à tous les problèmes qui se posent. L’exemple le plus frappant fut l’adoption par le PS lors de son dernier congrès d’un projet de nationalisation (!) du groupe pharmaceutique Sandoz, perçu comme le seul moyen d’assurer l’approvisionnement du pays en médicaments. Cet interventionnisme ne peut que décourager les entrepreneurs, pourtant les seuls à même de maintenir la diversité du tissu économique qui fait la force de la Suisse. Les socialistes suivent l’exemple de l’UDC en prônant le repli et le nationalisme économique. A eux seuls, les deux plus grands partis politiques sont capables de bloquer tout changement pendant des années. Il est néanmoins illusoire de penser qu’il s’agisse de la meilleure réponse aux turbulences du monde actuel. Ce manque de dynamisme n’arrangera pas les affaires de la Banque nationale suisse (BNS). Car voilà que la déflation s’annonce, en bonne partie grâce au franc qui n’a jamais été aussi fort face à l’euro. A tel point que Martin Schlegel, qui vient de reprendre les rênes de l’institut d’émission, prépare les esprits au retour des taux d’intérêt négatifs. Le retour de l’argent gratuit? Si seulement les responsables politiques – pétrifiés par le frein à l’endettement – s’en saisissaient afin de construire la Suisse de demain. Pourtant, un simple calcul coût–bénéfice permettrait de facilement démontrer que quelques milliards (qui manquent aussi au rail) bien investis rapporteraient beaucoup aux générations futures. A propos d’investissement, l’annonce soudaine du départ du patron de SIX, Jos Dijsselhof, pose toute une série de questions, alors que la Bourse suisse peine à attirer les nouvelles sociétés, grandes ou petites, malgré ses efforts. Son successeur, Bjorn Sibbern, passé par l’américain Nasdaq, a plusieurs décisions importantes à prendre, comme le relève mon collègue Pascal Schmuck. Enfin, pour terminer sur une note plus légère, je vous invite à lire tout en bas ce qui nous attend la semaine prochaine. Il y est question notamment d’une montre suisse qui a voyagé dans l’espace pendant plus de deux ans. |