Beaux-livres - Voici QWERTZ #140

Andreas Marks, Hokusai. Trente-six vues du Mont Fuji, ed. Taschen, 225 p.
C'est un livre monstre, un objet d'art unique. Les 36 vues du mont Fuji, œuvre la plus connue du Japonais Hokusai (1760-1849), présentées dans un livre somptueux à tirage limité de presque 2kg. Ces vues sont un sommet de l'art de l'estampe et le livre permet d'en percer tous les mystères. Ainsi nous savons de quels points de vue le mont Fuji (3776 m) a été dessiné, et nous apprenons que La vague est peut-être la première œuvre de pop culture japonaise à avoir trouvé une place de choix en occident au XIXème siècle grâce à une large diffusion, jusqu'à se retrouver en couverture des partitions de La mer, œuvre majeure du compositeur Debussy. Outre les vues, on peut admirer également, et en trois langues, plus de cent variantes de ces vues, issues de collection privées ou de musées, réunies pour la première fois dans ce livre en reliure japonaise traditionnelle. PPC

François-Régis Gaudry, On va déguster Paris, ed. Marabout, 448 p.
Après On va déguster l’Italie, véritable bible culinaire de la Botte, foisonnante d’anecdotes, François-Régis Gaudry et son équipe installent leur gastroguide à Paris. Car déguster Paris, capitale de tous les délices, est un défi extraordinaire à relever. Guide culinaire autant que mine d’histoires, voyage à travers le temps, les quartiers, offrant un panorama gustatif, une géographie des palais et des recettes cultes, le livre propose un voyage inédit dans les méandres goûtus et la panse de la Ville Lumière. CF

C.F. Ramuz, Si le soleil ne revenait pas, ed. Plaisir de lire, 168 p.
Sur le versant nord du village de Saint-Martin d’En Haut, le soleil disparaît six mois par an derrière la crête montagneuse. Lorsque le vieux guérisseur Anzévui annonce que l’astre ne reviendra pas, puisque c’est écrit dans les livres, le quotidien des villageois est bouleversé. Grâce à une mise en page très technique, en hommage au «canon de division harmonieuse» retrouvé dans l’architecture de la cathédrale Notre-Dame de Lausanne, les éditions Plaisir de Lire inscrivent ce roman obscur et moderne dans un écrin de contemporanéité. Always the sun. EI

Paul Imhof, Le patrimoine culinaire Suisse, ed. In Folio, 720 p.
Paul Imhof est journaliste, spécialiste de la gastronomie, ancien rédacteur en chef culture au Tages-Anzeiger. Ce livre est le fruit d’un travail insensé: recenser le patrimoine culinaire suisse. Pas de recettes, mais plus de 450 entrées, plats, desserts, boissons et autres produits typiques de toutes les régions du pays. Chaque produit ou mets, resitué dans son contexte historique, avec humour souvent. Ainsi du Grittibänz, la pâtisserie en forme de bonhomme de Saint Nicolas, qui suggère que nous en avions fini avec le cannibalisme et qu’il fallait bien se rabattre sur la pâtisserie, car «qui aurait envie de manger un vieil homme barbu?» PPC

Michel Pastoureau, Rémi Saillard, Quelle est ta couleur préférée?, ed. Privat, 45 p.
Dans cet ouvrage documentaire et ludique, l’historien entraîne les enfants à travers l’histoire et la symbolique des couleurs et de leurs nuances. On y apprend que les peuples du Grand Nord ont une multitude de mots pour nommer le blanc et qu’au Japon, où les feux de signalisations sont les mêmes qu’en Occident, «feu vert» se dit «feu bleu», les bretons qui utilisent le même mot pour dire bleu et vert comprendront! Bienheureux Michel Pastoureau qui voit la vie à travers un éclat de couleurs! AS

GASTRONOMIE
Isabelle Falconnier et Anne Martinetti, A table avec Heidi, ed. Favre, 160 p.
Si les blagues sur la future présidence d’un Rösti font sourire, c’est que la Suisse n’a pas la réputation de jouir d’une tradition culinaire digne de ses voisins. De prime abord, ce livre présentant des recettes typiques du cru ne surprendra personne: raclette, croûte aux champignons ou tarte aux pruneaux, beaucoup de ces mets semblent une évidence aux papilles helvètes. L’essentiel est ailleurs: dans la judicieuse juxtaposition des citations des romans de Johanna Spyri et des plats présentés, ainsi que dans l’importante introduction que signe Isabelle Falconnier, analyse minutieuse des sources, thèmes et fortune du mythe de Heidi. NJ