Entreprises, tech, climat… La lettre économique qui va plus loin
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Entreprises, tech, climat… La lettre économique qui va plus loin que l'info
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Entreprises, tech, climat... La lettre économique qui va plus loin que l'info, 9 juillet 2025.
L'EDITO
Bercy sait-il encore compter ?
par Thibault Marotte
Journaliste
​​La création d’un nouvel impôt est toujours un pari risqué. Comment réagiront les contribuables concernés ? Le ras-le-bol fiscal n'est jamais loin dans un pays comme la France, où le taux de prélèvements obligatoires est déjà au taquet. D’où la prudence des politiques à évoquer le sujet. Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron avait d’ailleurs tracé une ligne rouge : il n’y aurait pas de hausse de la fiscalité. C’était compter sans la dissolution de l’Assemblée nationale il y a un an, et l'inexorable dégradation des finances publiques.

Autre facteur d'incertitude, l'efficacité de la nouvelle ponction : combien va-t-elle rapporter ? Car après tout, le premier objectif visé par ce type de mesure est de renflouer les caisses de l’Etat. De ce point de vue, les ratés ont tendance à se multiplier ces dernières années. Le dernier en date : la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR). Instaurée par le projet de loi de finances 2025, cette taxe vise les contribuables dont le revenu fiscal de référence excède 250 000 euros pour une personne seule et 500 000 euros pour un couple. Elle vient s’additionner à l’impôt sur le revenu de façon à ce que les plus fortunés soient tous soumis à un taux d’imposition minimal de 20 %.

Avec ce dispositif, l’exécutif espérait récolter cette année au moins 2 milliards d’euros. Mais voilà, d’après une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP) parue lundi 30 juin, le rendement de la CDHR ne sera pas au rendez-vous et devrait plutôt tourner autour de 1,2 milliard d’euros. Ses auteurs estiment que 16 300 foyers fiscaux seront concernés. Un chiffre bien inférieur aux 24 300 contribuables inscrits dans le marbre du projet de loi de finances 2025. Une mauvaise nouvelle à l’heure des arbitrages pour le budget 2026, qui s’annoncent déjà serrés.

Par ailleurs, le taux d’imposition moyen à l’impôt sur le revenu des redevables de la CDHR augmenterait de 14,2 % à 18,9 %, loin des 20 % espérés. Autre point inquiétant : toutes ces prévisions ont été établies en tenant compte du fait que les assujettis ne modifieraient pas leurs revenus, en repoussant, par exemple, l’encaissement d’une plus-value à l’année prochaine. Car la CDHR n’est pour le moment qu’un impôt temporaire, même si le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a émis le souhait de pérenniser le dispositif sous une autre forme.

Cet épisode n’est pas sans rappeler l’échec récent de la contribution sur les rentes inframarginales (CRIM), la taxe sur les superprofits des énergéticiens, introduite après la guerre en Ukraine. Dans ses prévisions, l’Etat visait 12,3 milliards d’euros de recettes cumulées entre 2022 et 2023. D’après la Cour des comptes, elle n’a rapporté que 700 millions d’euros. Au titre de 2024, elle collecterait seulement 100 millions d’euros.

Ce n'est pas le moment de rater sa cible. Ces erreurs successives fragilisent un peu plus le numéro d’équilibriste budgétaire auquel doit s’adonner le gouvernement, alors que François Bayrou doit présenter le 15 juillet prochain son plan de redressement des finances publiques. Pour la CDHR, l’écart se chiffrerait au mieux à 800 millions d’euros, ce qui peut paraître dérisoire. Mais lorsque l’on cherche désespérément 40 milliards d’euros pour ramener le déficit public à 4,6 % du PIB - contre 5,8 % en 2024 - chaque ligne compte.
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