Depuis le début de l’année, les produits et les services suisses exportés aux Etats-Unis coûtent 10% de plus. La faute au dollar qui s’est affaibli dans cette proportion face au franc. Le billet vert a touché hier son plus bas niveau depuis 2011. Vous pouvez ajouter les droits de douane supplémentaires de 10% décidé ce printemps par Donald Trump pour vous faire une idée de la pression s’exerçant sur les marges des entreprises qui servent ce qui était l’an dernier le premier marché à l’étranger. Sans oublier la menace de tarifs supplémentaires de 21% si les négociations en cours entre Berne et Washington échouent. C’est dans ce contexte que la Banque nationale (BNS) annoncera jeudi 19 juin sa décision de politique monétaire. La majorité des économistes s’attende à une nouvelle baisse de son taux directeur, qui sera ramené à 0% afin de combattre le cycle déflationniste qui s’amorce. Une baisse généralisée des prix ne profite à personne, rappelez-vous que votre salaire est aussi un prix. Dans leur débat trimestriel avec L’Agefi, les stratégistes de l’Isag ont pourtant expliqué pourquoi la BNS ne peut plus intervenir directement sur le marché des changes afin de contenir la force du franc comme elle l’a fait activement dans les années 2010 pendant la crise de la zone euro. La raison est politique: Donald Trump accuserait la Suisse de manipuler sa devise contre le dollar. En pleines négociations commerciales, cela compliquerait la tâche des équipes de Guy Parmelin, le conseiller fédéral en charge de l’économie. Puisque la BNS ne dispose plus que d’une seule arme, je m’interroge: nous surprendra-t-elle une nouvelle fois en décrétant le retour des taux négatifs, en abaissant le sien à -0,25%? Réponse à 9h30 jeudi. A propos de taux d’intérêt, la décision de la BNS devrait profiter aux détenteurs d’hypothèques à taux variable ou aux futurs propriétaires. Voilà pour la théorie. Dans la pratique, Comparis anticipe une remontée. Cela m’a surpris et ses explications, liées aux règles de Bâle III, ne m’ont pas convaincu. Je me demande plutôt si la véritable raison n’est pas à chercher dans l’affaiblissement de la concurrence sur le marché hypothécaire depuis la disparition de Credit Suisse. Indirectement, il s’agit aussi du rôle d’UBS et des nouvelles contraintes qui risquent de s’appliquer à la banque aux trois clés. Ce cadre réglementaire, qu’a défendu l’économiste proche du conseil fédéral Aymo Brunetti, pourrait lui faire changer son modèle d’affaires, comme l’a expliqué mon collègue Pascal Schmuck. La semaine a été marquée par le départ surprise du directeur de Genève aéroport. Entré en fonction le 1er octobre dernier, Gilles Rufenacht démissionne déjà. Cet automne, il retourne d’où il venait, au sein de Hirslanden, mais cette fois comme directeur général. Difficile de connaître ses réelles motivations puisqu’il a refusé de s’exprimer. Sa proximité avec la famille Aponte, copropriétaire du groupe aux 17 cliniques privées présentes dans dix cantons, y est sans doute pour beaucoup. En quelques mois, Hirslanden a perdu son CEO, qui partira l’an prochain présider l’assureur maladie Helsana, et son chef des opérations, débauché par un autre assureur, Groupe Mutuel. Le groupe avait donc besoin d’un capitaine qui connaît tout de ce secteur. Il a su trouver les arguments pour convaincre le natif du Havre diplômé de l’Ecole hôtelière de Lausanne fort de plus de 25 ans d’expérience dans la gestion hospitalière d’opérer un tel revirement. A l’aéroport, où la frustration doit être grande, de lui trouver un remplaçant.
Terminons avec le jeu toujours compliqué du Conseil fédéral dans le dossier des relations entre la Suisse et l’Union européenne (UE). Ignazio Cassis a annoncé l’approbation des accords et leur mise en consultation. C’était vendredi, à 16h, lors d’une conférence de presse confirmée à la dernière minute… Notre correspondant à Berne Jonas Follonier y était. Et il a livré une première analyse sur ce dossier essentiel concernant l’avenir de la Suisse: le débat sur l’UE peut enfin avoir lieu. |