La démocratie ferait-elle peur au Conseil fédéral? Mercredi, l’exécutif a proposé que le nouveau paquet d’accords avec l’Union européenne (UE) ne soit, éventuellement, soumis qu’à la majorité du peuple et pas à celle des cantons. Au plan mathématique, gagner sur les deux tableaux plutôt que sur un seul est bien sûr plus difficile. Cependant, les arguments exposés par Ignazio Cassis, comme la continuité de la politique européenne de la Suisse, ne convainquent pas, comme l’explique Jonas Follonier, notre correspondant à Berne. En 1992, le projet d’adhésion à l’Espace économique européen avait ainsi bien été soumis à la double majorité. On connaît le résultat. Impossible aujourd’hui de ne pas penser que le conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères tente une manœuvre afin de faire passer les nouveaux accords. Ne croit-il pas assez en leur qualité? Estime-t-il que le peuple ne saura les soutenir de manière large? Son refus d’obstacle donnera du grain à moudre à leurs opposants, dont les partisans de l’initiative Boussole, sur le point d’aboutir d’ailleurs, ont-ils annoncé cette semaine. Que l’on se rassure toutefois. Le Parlement a encore la possibilité de corriger le tir. Corriger le tir, c’est aussi l’ambition de Tardoc, le nouveau système de tarification des soins ambulatoires validé par le gouvernement. Le successeur de l’actuel Tarmed entrera en vigueur en janvier 2026. Les différents acteurs du système de soins font leurs calculs. Qui perdra? Qui gagnera? Pour sa part, le patient n’en bénéficiera probablement pas, comme le redoute ma collègue Nathalie Praz. Pour deux raisons: premièrement, le nouveau système ne s’intéresse guère à la qualité des prestations. Deuxièmement, il tente de limiter les coûts avec un système de forfait, mais pas dans l’esprit des systèmes de soins intégrés qui commencent à se mettre en place dans le pays, et qui, eux, tentent réellement de combler les failles d’un système dont les coûts (et donc les primes d’assurance maladie), sont hors de contrôle. A propos de contrôle, et dans un tout autre domaine, Ivan Slatkine ne souhaite-t-il pas consolider son pouvoir à la tête de la puissante Fédération des entreprises romandes (FER) Genève, qu’il préside depuis 2015? Il ne serait pas étranger au départ surprise, fin 2024, du directeur Philippe Fleury. Et il est accusé de vouloir transformer les statuts à son avantage. «Je ne m’accroche à rien, mais j’assume mes responsabilités», répond-il dans une interview exclusive avec L’Agefi. Je termine en vous donnant des nouvelles du prix Strategis, organisé par les étudiants de HEC Lausanne et remis, jeudi soir au Musée olympique, à Lightium. Cette étonnante start-up zurichoise créée par deux entrepreneurs qui se sont rencontrés à Neuchâtel veut créer des puces électroniques plus rapides et moins énergivores. Elle compte déjà parmi ses clients le taïwanais TSMC et les américains Apple et Nvidia. Je vous invite à relire son portrait par Sophie Marenne et les explications du président du jury, Edouard Lambelet. Partenaire média de cette événement, «L’Agefi» soutenait aussi le Prix du public, qui est revenu à Yeastup, une jeune pousse qui redonne vie aux levures des brasseries. |