et comment se préparer au six suivants

L'ADN Tendances & Mutations
07/07

CHAQUE MATIN, AU CŒUR DE L'ÉPOQUE

2025

Ce que les six premiers mois de 2025 nous ont appris (et comment se préparer au six suivants)

Par Béatrice Sutter
Guerre. Guerre économique. Guerre culturelle. Le tout sur fond de catastrophe écologique. Tout le monde aura reconnu The era 2025. Et pourtant, certains affichent un optimisme triomphant. Le 10 juin dernier, Sam Altman, patron d’OpenAI, nous annonçait dans un manifeste au ton délibérément prophétique : « L’avenir peut être incroyable ». Selon lui, l’arrivée d’une IA générale est imminente et elle annonce un monde d’abondance qui nous permettra de résoudre nombre de nos problèmes.

Bref. En 2025, notre oscillomètre balance entre deux extrêmes : d’un côté, l’imminence du chaos – voire de la fin du monde, de l’autre l’avènement d’un monde meilleur. Comment nous débrouiller avec ça ? Entre le choc des conflits et la pression de l’innovation, l’idéal des Lumières – la tolérance, la liberté et l'égalité – résistera-t-il à ces enjeux ? 

C’était le sujet des discussions que nous avons menées lors de la deuxième université d’été de L'ADN. Les 20 et 21 juin derniers à thecamp, à Aix-en-Provence. Nous avons réuni 120 personnalités – chercheurs, entrepreneurs, artistes, activistes, journalistes – pour deux jours, un peu hors du temps. L’objectif ? D’abord, mieux comprendre notre époque, et notamment la profonde bascule culturelle qu’a provoqué le numérique, pour, ensuite, pouvoir répondre à ses défis.

La culture numérique mène la danse

En 2025, le constat est sans appel : la culture numérique a tout envahi, jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir. Désormais, les leaders qui occupent tout l’espace médiatique hybrident trois pratiques : ils se comportent comme des CEO de la tech, des influenceurs des réseaux et des trolls des forums.

Comme des CEOs :

Le leader en 2025 reprend les mantras de la Silicon Valley. Il faut aller vite, casser des choses, briser les codes, renverser les systèmes en place... On pense à Javier Milei, président argentin, qui pour attaquer les finances de l’État prétend le faire à coups de tronçonneuse – ou à Elon Musk et ses équipes du DOGE. Est-ce que cela marche ? Les uns s’émerveillent, les autres sont outrés. Mais Javier avance, à coups de punchlines et d’images qui font cliquer.

Comme des influenceurs :

Le pouvoir se met en scène dans un récit permanent qui s’écrit à la première personne : moi, mon pouvoir, mes réussites. Nayib Bukele, président du Salvador s’autoproclame « dictateur le plus cool du monde » – et avec cette formule outrageusement contradictoire, s’attire une foule de fans. Suivi par plus de 10 millions de personnes sur TikTok comme sur Instagram – soit plus de followers que son pays ne compte d’habitants, il produit du contenu pour présenter sa méga-prison via des images à l’esthétique digne d’une série Netflix : alignement d’hommes rasés, torse nu, tête baissée, ou cellule où 80 hommes cohabitent sous les lumières électriques tenues allumées 24/24. Pour quel effet ? En France, comme en Hongrie ou en Allemagne, les représentants des droites dures applaudissent cette ferme lutte contre le narcotrafic.

Comme des trolls :

Le pouvoir utilise l’humour, voire la franche controverse, pour saturer l’espace médiatique. Sur le site de la Maison- Blanche, on voit apparaître des mèmes. Ici, Trump apparaît en chevalier Jedi, torse musculeux et nu, qui affirme aux wokes : « Vous n'êtes pas la Rébellion, vous êtes l'Empire ». Là, Trump déguisé en pape pour valoriser ses capacités « d’homme de paix ». Est-ce que ces images confortent l’image du président américain ? Elles ont fait le tour du monde, provoquant l’hilarité des fidèles et l’ire des détracteurs – et une nomination au prix Nobel de la paix 2026.

Car cette nouvelle grammaire du pouvoir ne doit pas être réduite à de simples actes de communication. Elle tricote une réalité pour foudroyer le monde d’avant. Démonstration ? Prenons juste le jour d’avant l’investiture du second mandat de Donald Trump.

Le premier cryptoprésident

Début 2024, en début de campagne pour sa réélection, Trump, sous l’influence de son conseiller Paul Manafort, affiche une nouvelle ambition : devenir le premier « cryptoprésident ». Un revirement totalement inattendu pour celui qui avait toujours conspué les cryptomonnaies mais un coup de maître qui a assuré à Donald Trump le soutien des gens de la tech et son retour à la Maison-Blanche. C’est donc en toute logique qu’à la veille de sa cérémonie d’investiture, le futur 47ᵉ président des États-Unis a décidé d’inviter la crème de la communauté des cryptoboys pour une soirée de gala. Contre toute attente, ce soir-là, Trump annonce qu’il lance sa propre cryptomonnaie. $TRUMP sera à son effigie et aura trois mots, en guise de slogan : « FIGHT FIGHT FIGHT ». 

En quelques heures, $TRUMP pulvérise les compteurs, atteignant une capitalisation de 15 milliards de dollars, et lève une armée de 400 000 nouveaux utilisateurs de crypto en moins de 48 heures. Une telle frénésie n’avait plus été observée depuis plusieurs années. 

Avant même de reprendre le bureau ovale, Donald Trump s’affiche ainsi comme un CEO capable de miser sur une technologie pour disrupter la finance mondiale.

En influenceur, il montre qu’il peut lancer, en surfant sur sa seule notoriété, un produit avec un succès remarquable. En troll, enfin, il envoie dos à dos deux institutions qui se méprisent. À l’institution vénérable de la Réserve fédérale et au dollar étalon, il prouve qu’il peut passer au-dessus d’eux. À la jeune communauté des cryptoboys, qu’il peut faire sans eux, mieux qu’eux.

Brutaux et efficaces, les nouveaux puissants maîtrisent l’art de la guerre numérique… Très, très loin des ors de nos Républiques, en chevauchant les promesses de nos démocraties – la participation citoyenne, la liberté d'expression, l'égalité devant la loi, et le respect des droits fondamentaux.

Sommes-nous prêts ?

Et pendant ce temps, comment les institutions, nos représentants, et nous tous citoyens avons réagi ? Pas mal de déni – ces types sont des guignols, forcément ils vont se calmer. De la fascination – et après tout, la brutalité et l’efficacité, pourquoi pas ? Et parfois une petite panique – ils sont nombreux à dénigrer l’Europe – chez les dirigeants de droite dure comme chez les géants du numérique, mais sont-ils vraiment sérieux ? Autant de réactions qui nous rendent impuissants aussi bien pour affronter les menaces – que pour saisir les opportunités.

Bref, jusqu’à maintenant, 2025 nous a bien secoués. Et pour affronter ce gros temps, il faudrait que nous comprenions les nouvelles règles du jeu histoire de commencer à entrer dans la partie.

Parmi les temps forts de nos universités d’été, nous avons abordé les questions politiques : « La France et l’Europe face au nouvel ordre américain » avec la chercheuse Asma Mhalla et le journaliste franco-américain Cole Stangler auteur du Miroir américain ; les questions business : « Les opportunités de l'IA, de l'énergie renouvelable et de la blockchain pour l'Afrique et l'Europe » avec l’entrepreneur Karim Beguir ; les questions culturelles « Le soft power culturel comme arme démocratique » avec Alice Barbe, présidente de l’Académie des Futurs Leaders, Elisha Karmitz, directeur général de MK2 et Tiago Rodrigues, directeur du festival d’Avignon. 

Après ces moments d’échanges très fructueux, L'ADN marque une pause estivale. 

Du 7 juillet au 1ᵉʳ septembre, nous préparons la rentrée et reviendrons avec une formule renouvelée. Le Livre des Tendances Société 2026 sera disponible en précommande dès le 1ᵉʳ septembre, porté par une ambition inchangée : décrypter notre époque.

Très bel été à toutes et tous !

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