C’est plutôt une bonne chose. Depuis le 1er janvier 2023, toute annonce immobilière concernant un bien situé en bordure de littoral doit indiquer s’il est situé dans une zone exposée au recul du trait de côte. Dès la première visite, l’agent doit remettre aux candidats acquéreurs un document sur l’état des risques établi depuis moins de six mois. L’annonce doit également renvoyer au site www.georisques.gouv.fr grâce auquel chacun peut mieux évaluer les dangers. Un très mauvais coup pour ce type de biens ? Pouvant même faire chuter le marché ? Les agents immobiliers interrogés ne semblent guère inquiets. Pour eux, l’attrait pour une « vue mer » et la rareté des logements disponibles sont encore beaucoup plus forts que la perception du risque. En particulier face au phénomène d’érosion, qui se produit lentement. La demande pour ce type de logements potentiellement dangereux serait donc toujours aussi forte. Très surprenante, cette capacité de l’être humain à occulter ce qu’il n’a pas envie de voir ou d’entendre ! Et qui explique sans doute, en partie, pourquoi la transition écologique avance si lentement. De fait, encore peu de temps avant son évacuation en 2014, le fameux immeuble du Signal à Soulac-sur-Mer avait attiré de nouveaux acheteurs aux prix du marché. Dans le même genre, selon la géographe Eugénie Cazaux, de l’université de Bretagne, certains quartiers frappés par la tempête Xynthia en 2010 ont gagné depuis en attractivité (« 20 Minutes » du 27 février). Mais on ne peut s’empêcher de soulever la question de l’indemnisation des propriétaires en cas de catastrophe naturelle supportée, via le mécanisme de la péréquation, par tous les assurés d’une compagnie. Une liste de 126 communes particulièrement exposées a tout de même été dressée. Charge à celles-ci d’établir une cartographie et un plan de prévision des risques. Avec des contraintes urbanistiques plus fortes. Pour autant, les communes ont pu refuser de figurer sur cette liste et d’être donc assujetties à ces impératifs. On le voit, la responsabilité n’est pas qu’individuelle !