Nous sommes allés interroger de grands fans d’Agatha Christie pour leur demander d’où venait cet appétit pour le genre policier au moment des fêtes de fin d’année.
Mark Aldridge, auteur d’Agatha Christie’s Poirot: The Greatest Detective in the World Les fêtes de fin d’année sont une période foisonnante, que vous passons pour la plupart en compagnie de nos proches, ce qui explique qu’un grand nombre de personnes (dont moi) ait envie périodiquement de se soustraire au groupe pour recharger ses batteries au calme. Et quel meilleur moyen de s’y employer qu’en lisant un roman policier, qui va nous ouvrir sur un autre monde et nous permettre de nous évader – et qui sait, nous rassurer sur le fait que notre propre fête de Noël n’est pas si mal, quand on considère le nombre de réunions familiales qui tournent au meurtre…
Caroline Crampton, autrice, podcastrice et hôte du Shedunnit Show Je pense que nous lisons des romans policiers à Noël pour deux raisons. La première, parce que les forces du mal à l’œuvre dans un bon polar offrent un agréable contraste avec le cortège de culture populaire volontiers sirupeux qui accompagne en règle générale les festivités de fin d’année : entre comédies romantiques, histoires pour enfants et autre contes d’animaux réconfortants. (Ce qui explique que les scénaristes d’EastEnders écrivent systématiquement un cocktail d’explosions et de morts pour l’épisode de Noël – si vous voulez savoir ce que les gens aiment vraiment, jetez un œil aux soap-operas). Deuxièmement, dans l’univers bien ordonné du roman policier, la raison est souveraine et le bien triomphe du mal, ce qui est tout à fait rassurant. Pour une période qui se veut joyeuse, Noël est en réalité une zone de turbulences, pendant laquelle nous passons rarement à table à des horaires fixes et où règne un certain chaos. Rappelons que la tradition populaire a voulu pendant des siècles que l’on nomme dans chaque maisonnée un Lord of Misrule – connu en Écosse sous le nom d'Abbé de la Déraison et en France sous le nom de Prince des Sots –, à savoir un habitant de basse extraction que l’on élevait temporairement au rang de chef de maison pour faire la loi pendant quelques jours. Rien d’étonnant à ce qu’au milieu de ce chaos, les vertus apaisantes d’un bon Poirot prennent tout leur sens. |