L’arrivée du printemps n’est pas seulement un moment nourricier pour nos écosystèmes naturels : il l’est aussi pour les professionnels du numérique. Avec une question persistante : comment construire un futur désirable avec le numérique, dans un contexte de défiance grandissante ? Sur le devant de la scène, l’intelligence artificielle cristallise certaines crispations. « Pour le moment, nous sommes atones collectivement et nous gardons encore trop nos modèles de pensée, nos peurs, nos fixations », remarquait ainsi le 18 mars Ana Semedo, animatrice du cycle de conférences de prospective organisé par le think tank G9+. Durant cette soirée, la chercheuse Laurence Devillers, professeure à la Sorbonne et spécialiste des interactions et de la co-évolution homme-machine, a notamment cherché à démystifier l’IA générative. Elle a alerté sur le fait que, malgré la démocratisation en cours, le manche du « marteau IA » n’était pas vraiment tenu par les utilisateurs eux-mêmes, soulignant l’influence décisive des éditeurs de ces outils. Elle a également mis en exergue le manque global d’éducation de nos sociétés sur ces questions et la tentation à l’anthropomorphisme technologique, ainsi que les raccourcis dommageables que ce manque entraînait inévitablement. En réponse, des organisations comme la SNCF ou BPCE ont expliqué comment elles cherchaient à embarquer leurs collaborateurs, et clients, en donnant du sens à ces innovations et en jonglant entre des notions de progrès, technologique, social, environnemental… pas forcément alignées. Surtout, ces initiatives « individuelles » se heurtent au caractère nécessairement transversal et collectif de la réflexion sur le progrès. Un défi que les organisations professionnelles du secteur espèrent cependant relever avec de nouveaux modes d’échanges ambitieux, comme les Rencontres Numériques de Strasbourg organisées par le Cigref. Lire la suite de l'édito |