Paille et poutre Fétu de paille qui s’envole au vent… énorme poutre impossible à soulever : quelle drôle de parabole surréaliste que nous propose Jésus, ce dimanche. Il me revient cette histoire racontée, il y a quelques années, par un catéchiste burkinabé. Victor et Madeleine sont assis un soir, à la tombée de la nuit, sur le banc de pierre, devant la maison. Les enfants sont couchés. - Tu as entendu la Parole de Dieu, ce matin ? - Oui, pourquoi tu me demandes cela ? - Parce que j’ai pensé à quelque chose. Tu sais souvent, je te reproche tes défauts et toi aussi tu me reproches ce que ne te plaît pas chez moi. - C’est vrai ! De mon côté, je ne vois pas la poutre qui est dans mon œil, mais je vois bien la paille qui est dans le tien. Et c’est pareil pour toi ! - Oui, c’est bien vrai ! La poutre qui est dans mon œil, je la considère comme un fétu de paille, un petit détail sans importance, mais pour toi ça a de l’importance. - Tu sais ce qu’on va faire ? Toutes les pailles et toutes les poutres, on va les sortir et les mettre ensemble. Nous n’en cacherons aucune. A tous les deux, nous devrions en avoir assez pour bâtir une maison grande et belle ! Ils s’y sont mis, avec beaucoup d’honnêteté et énormément d’humour. Leur foyer en est sorti grandi dans l’amour. Si tous les hommes s’entendaient pour mettre ensemble leurs défauts et leurs richesses,leur joie de vivre et leur ardeur au travail, leurs danses et leurs chants comme leurs usines et leurs monuments, leur sagesse comme leur expérience… Si, au lieu d’essayer à toute force, d’enlever la paille de l’œil de l’autre, ils s’aidaient à construire la charpente de la Maison humaine avec les poutres qui aveuglent… Si lors des conférences, des assemblées, des réunions dites de réconciliation, ils avaient le courage de faire la vérité… Et si chacun d’entre nous osait se regarder en toute humilité avant de regarder et juger l’autre, quel qu’il soit, jeune ou moins jeune, et en même temps apprenait à regarder comme Dieu nous regarde… Alors, la Paix règnerait dans ce monde, plus forte que toutes les peurs, toutes les jalousies, toutes les injustices. Utopie, direz-vous ? Sans doute, mais utopie possible parce qu’elle surgit du plus profond du cœur de Dieu. Bon dimanche, Soeur Nadia AIDJIAN Salésienne de Don Bosco Communauté de Paris |