(D)écrire l'exil
SALOME KINER


En octobre dernier, le romancier Abdulrazak Gurnah recevait le prix Nobel de littérature «pour sa compréhension empathique et sans compromis (...) du sort des réfugiés dans le gouffre entre les cultures et les continents.» Quelques semaines plus tard, en France, le prix Goncourt récompensait La plus secrète mémoire des hommes, un livre où Mohamed Mbougar Sarr questionne des figures d’écrivains déplacés.

Depuis l’Ancien Testament et les péripéties de Moïse, le thème de l’exil hante la littérature comme il hante l’histoire de l’humanité. L’autrice franco-vietnamienne Linda Lê a même consacré un livre, Par ailleurs, à ceux qui ont fait «œuvre extraterritoriale » ou dont les écrits procèdent «d’une dissidence envers la vie». Ecrire en ou sur l’exil aiderait, ainsi que le disait Jean Starobinsky, à «transformer l’impossibilité de vivre en possibilité de dire.»

Olivier Liron semble avoir fait ce choix en racontant la vie de sa mère. Comme des millions de personnes contraintes chaque jour à la fuite, elle a connu la pauvreté, la xénophobie, la difficile intégration. Mais pas que. La vie de Nieves, c’est aussi la passion des sciences et de l’enseignement, l’engagement pour l’écologie, la maternité et son amour des livres, qui l’a sauvé en arrivant en France. En explorant toutes les facettes de sa personnalité, Le livre de Neige nous rappelle à quel point les romans sont des passerelles qui nous permettent d’accéder à des pays, des identités et des individus menacés dont la mémoire n’existe que dans les récits qu’ils peuvent en faire.


Bonnes lectures et bonnes écoutes !
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MERE
Neige éternelle
 

Neige, c’est le prénom de la mère de l’écrivain Olivier Liron. Une femme brillante, née en Espagne d’une famille ayant traversé la guerre et le franquisme avant de trouver, en France, son salut par la culture et l’éducation. L'écrivain en livre un portrait intime, porté par une force de vie admirable.

Par Salomé Kiner

      

SANGUINAIRE
L'invitée mystère
 

Sous le pseudonyme de Robert Galbraith, J.K. Rowling livre un quatrième polar complexe et brillant. Sa traductrice Florence Vidal dévoile ici ses stratégies de traduction d’une autrice qu’elle n’a jamais pu rencontrer. 

Par David Meichtry


     

HEREDITAIRE
Cahier de lignée

 
De la Sécession viennoise au Paris de notre temps, le premier roman de la Vaudoise Louise de Bergh conte l’aventure familiale de quatre générations de femmes unies par un même désir de créer. 

Par Ellen Ichters


     

MORTIFERE
Graines de guerre

 

Une jeune ingénieure agronome rejoint sa mère à Agrotopia, une communauté écolo des Alpes valaisannes. C'est alors qu'une catastrophe alimentaire mondiale éclate: des germes incontrôlables dans les semences OGM poussent les dirigeants de la communauté à boucler la vallée. Mais les autorités et la multinationale responsable de la catastrophe se lancent dans une course contre la montre, une lutte pour s'emparer de leur précieuse banque de semences traditionnelles. L'historien et écrivain romand Olivier May signe un roman dystopique fort où les protagonistes frôlent les limites du sens communautaire.

Par Rafael Wolf/ms


           
ROMAN
César Aira, Le Président, Ed. Christian Bourgois, 121 p.
Prolixe - une centaine de livres à son actif -, l’auteur argentin affectionne les formes courtes et aussi diversifiées que ses activités littéraires. Tout le contraire de son anti-héros, le Président, un homme qui se veut banal et qui, la nuit, déambule incognito et rêveur dans les rues pauvres de la capitale. Les pouvoirs de l’élu sont illimités mais le Président a choisi comme tout programme, la passivité. Un livre déroutant aux accents de satire et de conte oriental. Traduit de l’espagnol par Christilla Vasserot. AS

 
JEUNESSE
Emilie Boré et Vincent, Jean-Blaise, ed. La Joie de Lire, 72 p.
Grands yeux vert pomme, longues moustaches, petites pattes blanches. Jean-Blaise est un chat. Sauf que dans sa tête, ça ne tourne pas tout à fait rond: il aime se baigner dans la mare avec les canards, dort assis, la tête penchée et dissimulée sous sa patte gauche, comme un héron, ou perché dans le grand chêne du parc municipal. Jean-Blaise se croit oiseau et veut tout faire pour le prouver à ceux qui ne l'acceptent pas. Une BD singulière qui aborde des thématiques aussi sérieuses que la quête identitaire, l'envie de reconnaissance et l'acceptation de soi avec beaucoup d'humour.  SG
 
POESIE
Muriel Pic, L'argument du rêve, ed. Héros Limite, 176 p. 
Grisée par les spectres d’anciennes photographies, traversée par les mots de poètes fameux ou confidentiels, Muriel Pic compose une suite de chants en vers libres rebroussant le poil de l’histoire documentaire. Des kamikazes d’Okinawa à l’île imaginaire des pionnières du nudisme, textes et images explorent par flux et reflux le rapport entre le corps et le rêve, l’utopie et la violence. Une brillante divagation. NJ
 
ENQUETE
Fayçal Ziraoui, L'affaire du Zodiac, ed. Robert Laffont, 293 p.
Actif en Californie à la fin des années 60, le tueur en série Zodiac a laissé aux enquêteurs une suite de messages énigmatiques. Depuis plus d’un demi-siècle, diverses théories ont pu faire avancer l’enquête, sans que l’identité de ce tueur retors ne puisse être révélée avec certitude. Nouveau venu dans ce jeu d’énigmes, le Français Fayçal Ziraoui prétend avoir décrypté deux messages et mis au jour l’identité du Zodiac. Contestée par certains experts, sa thèse fait aujourd’hui l’objet d’un livre qui se lit comme un polar, l’auteur contant avec talent les circonstances des crimes et les aléas de sa quête addictive. NJ
 

1000 FEUILLES
Dans la bibliothèque d'Alexandre Jollien

 

L'écrivain et philosophe valaisan Alexandre Jollien nous dévoile sa bibliothèque personnelle et les lectures qui le "sécurisent", comme Trungpa, Nietzsche, Platon, Spinoza ou Maître Eckhart.

Par Céline Schumacher/Amélie Descloux


           
  • Premier musée de Suisse et l'un des rares dans le monde à être dédié exclusivement à la machine à écrire, le Musée de la machine à écrire de Lausanne, fête (enfin) l'inauguration de ses nouveaux locaux. Découvrez ici le riche programme de la journée.
    Lausanne, Musée de la machine à écrire, 7 mai 2022, dès 10h 

     
  • Prendre soin, réparer les liens et veiller sur l’avenir: voici les thèmes au coeur des rencontres avec les écrivain·es de la 5e édition du Festival Bibliotopia. Un week-end des littératures autour du monde avec, entre autres, Jean-Baptiste Del Amo, Clara Dupont-Monod, Guéorgui Gospodinov, Philippe Grimbert, Salomé Kiner, Long Litt Woon et Katherine May. 
    Montricher, Fondation Jan Michalski, du 13 au 15 mai 2022 

ENFER
Les enfants suisses placés racontés en BD


Avec Starkes Ding, l'artiste saint-galloise Lika Nüssli retrace la jeunesse de son père qui a fait partie de ces enfants placés de force dans des familles paysannes pour servir de main-d’œuvre bon marché. Une des pages les plus sombres de l'histoire suisse.

Par Pauline Rappaz/aq


           
  • Dans son manifeste Mrioir, Mioirr, paru chez Head Publishing, Carla Demierre expérimente les différentes facettes que peuvent prendre les écritures épicène et inclusive. Elle en parle au micro d'Ellen Ichters dans Quartier Livre, aux côtés de l'écrivain et chroniqueur Quentin Mouron et du psycholinguiste Pascal Gygax.
     
  • Est-il un métier plus politique que celui de poète? Jusqu'alors auteur de romans, l'écrivain vaudois Quentin Mouron vient de publier, en mars dernier, pour la première fois, un recueil de poèmes intitulé Pourquoi je suis communiste. L'émission Couleurs Locales l'a rencontré. 
  • Il y a la haute littérature, et il y a les genres mineurs. Vraiment? Que sont ces “mauvais genres” que le public adore mais que les critiques ont tendance à bouder? Polars, romances, récits de science-fiction, thrillers gore et fantastique sont quelques-uns des thèmes abordés par une série d’ateliers d’écriture, orchestrés à Genève par Anne Pitteloud. L’autrice et journaliste nous en parle dans Quartier Livre en compagnie de l’éditeur Giuseppe Merrone (BSN Press) et de la chroniqueuse et écrivaine Salomé Kiner.
LES ARCHIVES AUDIO DE QWERTZ
Ont collaboré à ce numéro
Sophie Grecuccio, Nicolas Julliard, Ellen Ichters, Salomé Kiner, David Meichtry, Pauline Rappaz, Anik Schuin, Rafael Wolf.


Crédits photographiques
Olivier Liron : © Francesca Mantovani
Florianne Vidal: © DR
Louise de Bergh: © 
Olivier May: © Steve Gaillard

 
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