La lettre politique de L’Express, 16 mai 2024 | |
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Surtitre | Entre LR et Reconquête, une lutte à mort | | par Marylou Magal Journaliste politique @marylou_magal "T’es vraiment pitoyable." Le placide Eric Ciotti laisse exploser sa colère. Ce 29 septembre 2023, le président des Républicains adresse ce SMS courroucé à Guillaume Peltier, coupable d’une énième provocation. Le numéro 2 de Reconquête, ex-député LR, accuse dans une vidéo la municipalité LR de Valence d’entretenir des "liens avec les Frères musulmans". Rien que ça. Voilà la cité de la Drôme érigée en symbole de "l’islamo-droitisme", néologisme inventé par Eric Zemmour lors de l’élection présidentielle pour cibler Valérie Pécresse. Reconquête nourrit une relation ambiguë envers LR depuis sa création. A trois semaines des élections européennes, chaque camp veut asseoir sa domination sur l’autre. La formation d’Eric Ciotti, créditée de 7 à 8 % d’intentions de vote, ne devance son concurrent que d’un ou deux points dans les sondages. "Il faut mettre Zemmour en dessous de 5 %", a confié Laurent Wauquiez à un cadre LR. En réunions stratégiques, le candidat putatif à l’Elysée et Eric Ciotti épluchent les sondages d’intentions de vote, s’intéressant aux seconds choix des électeurs de Reconquête. François-Xavier Bellamy suit enfin d’un œil attentif la campagne de Marion Maréchal, se délectant des tensions internes dans son équipe de campagne. Les cogner ou non ? Deux stratégies se font face chez les zemmouristes. Le clan Maréchal juge que son vivier électoral se trouve parmi les électeurs des Républicains plutôt que du côté du Rassemblement national. Le parti d’Eric Zemmour a claironné en septembre son ambition de "remplacer la droite". Marion Maréchal, depuis, s’échine à dénoncer le supposé "islamo-droitisme" des élus LR et l’incompatibilité d’un vote de droite avec l’appartenance des élus LR au groupe PPE au Parlement européen. "La droite qui trahit", "VonDerLR"… Une communication agressive est déployée sur les réseaux sociaux contre la candidature de François-Xavier Bellamy. "Le RN a progressé de 5 à 6 points dans les sondages depuis septembre, tandis que nous avons tenu, voire progressé, et que LR a décliné. Leurs électeurs sont ceux dont la certitude de vote est la plus faible", analyse un conseiller de Marion Maréchal. En privé, Guillaume Peltier juge que 400 000 électeurs d’Ile-de-France oscillent entre les deux listes. Las, cet autoproclamé spécialiste de l’opinion convainc de moins en moins. Une part croissante des cadres du parti d’extrême droite opère un repli stratégique, tant les attaques n’ébranlent pas la liste LR. Les chiffres sont têtus. Seuls 5 % des électeurs potentiels de François-Xavier Bellamy font de Marion Maréchal leur second choix, loin derrière le RN et Renaissance. D’après cette enquête Ipsos menée en avril sur plus de 10 000 personnes, 69% des partisans Reconquête placent en revanche Jordan Bardella en seconde option. "Les porosités sont plus fortes entre le RN et Reconquête qu’entre Reconquête et LR. Si on était dans une présidentielle avec logique de vote utile, Marion Maréchal se ferait siphonner", note Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos. L’ambition de vaincre LR est intacte, mais la terre de conquête est ailleurs. Priorité est désormais de cibler le Rassemblement national, dépeint en "parti des sondages" plus que du "courage". Ce qui n’empêche pas quelques piques régulières contre la droite. On ne sait jamais… Reconquête ? Connaît pas. La droite, elle, feint d’ignorer ce rival qui lui mord les mollets. "Le vrai débat n’est pas entre nous et Reconquête, mais entre les socialistes européens et la droite européenne", insistait mardi François-Xavier Bellamy lors de la présentation de son programme. Le Versaillais tente de réintroduire ce vieux clivage dans la campagne pour séduire les électeurs de la droite macroniste. Sans opérer en parallèle une offensive envers les partisans d’Eric Zemmour. A droite, on juge surtout ce duel mortifère. De l’avis général, Valérie Pécresse s’est abîmée en ciblant Eric Zemmour lors de l’élection présidentielle. La candidate avait affaibli son rival, mais en avait gardé des stigmates. Qu’importent les défaites successives : LR se vit encore comme un parti de gouvernement, davantage destiné à battre le fer avec le pouvoir qu’avec un mouvement sans élus. Stratégie et condescendance s’entremêlent dans ce silence opposé aux attaques du camp zemmouriste. "On nous promettait lematch Reconquête-LR de Ligue 2. Cela ne s’est pas produit", souriait en avril François-Xavier Bellamy, contre l’évidence. Un dirigeant LR analyse :"Par ego, il ne veut pas être dans le match des nains. Mais c’est aussi un choix doctrinal." Une gémellité idéologique s’observe entre l’eurodéputé et Marion Maréchal sur les sujets sociétaux ou régaliens. François-Xavier Bellamy affirmait en 2021 qu’il voterait Eric Zemmour en cas de duel face à Emmanuel Macron. Ses convictions le rapprochent plus de Marion Maréchal que d’Alain Juppé. "Geoffroy Didier, c’est ce qui fait perdre la droite depuis dix ans", a-t-il confié à un interlocuteur au sujet de son colistier, au positionnement plus central. Rien chez l’eurodéputé ne tend à mener une guerre idéologique à sa rivale. La battre le 9 juin lui suffira. | |
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Paris : Hidalgo et Jadot sont sur un bateau (sur la Seine)... Ira. Ira pas. Ira en fait. Ira peut-être. L’entourage d’Anne Hidalgo ne sait plus où donner de la tête quant à une troisième candidature de la maire de Paris. “Chaque jour, ses amis disent l’inverse de ce qu’ils disaient la veille”, se lamente un écologiste parisien. L’édile socialiste a beau avoir déjà dit qu’elle ne remonterait pas sur le ring une troisième fois, la montée en gamme de Rachida Dati (qui ne cache pas ses ambitions pour les municipales) l’a fait changer de discours. “Elle laisse planer le doute, n’adoube personne, laisse les uns espérer, les autres se déchirer et elle sifflera sans doute la fin de la récré pour elle-même”, prédit un élu parisien des plus informés. Une valse hésitation qui agace les écologistes. Eux lorgnent sur le trône parisien, et un nom revient avec insistance pour mener la liste: Yannick Jadot. S’il ne s’ennuie pas au Sénat, celui qui jurait l’hiver dernier ne se concentrer qu’à sa tâche change de discours, admet que la mission de maire de Paris “est un très très beau mandat” (sic) et n’est pas opposé à une primaire pour désigner un candidat à la mairie de Paris. Après tout, il en a déjà gagné deux à EELV : en 2017 et en 2021. | > Retrouvez les indiscrets politiques de L'Express | |
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