En économie, « l’aléa moral » désigne une situation dans laquelle le risque est séparé de la récompense, par exemple lorsque les banques s’engagent dans des activités risquées en comptant sur un soutien public si ces activités se soldent par des pertes. Tant que l’aléa moral reste le principe dominant dans le secteur bancaire, les bénéfices sont empochés par le secteur privé tandis que les pertes sont couvertes par les budgets publics et les banques centrales - en d’autres termes, par la société. Après la crise de 2008, les gouvernements avaient juré que l’argent des contribuables ne serait plus jamais sollicité pour soutenir les banques en difficulté. Pourtant, cette résolution n’a pas tenu lorsque les dernières secousses ont frappé le système bancaire. Après le sauvetage public de deux banques aux États-Unis au début du mois, les autorités suisses ont négocié un accord permettant à UBS d’acquérir la mégabanque en difficulté Crédit Suisse tout en transférant les risques financiers de l’opération sur les finances publiques suisses. L’urgence de la situation justifie sans doute les choix effectués : lorsque la maison est en feu, la première priorité est d’éteindre l’incendie. Mais cela prouve qu’en dépit des leçons tirées de la crise de 2008, les autorités financières ont échoué à protéger les contribuables de l’aléa moral, au grand préjudice de la société. Il est temps de renforcer les règles prudentielles et de résolution internationales. |