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Le duo star du thriller historique est de retour đŸ”„

Jacques Ravenne est écrivain, franc-maçon, spécialiste de la Révolution et auteur de livres historiques.

Éric Giacometti a Ă©tĂ© journaliste. Il est Ă©crivain et scĂ©nariste de la bande dessinĂ©e Largo Winch.

👇 DĂ©couvrez un extrait de La clef et la croix

« Haute Provence
Valensole
De nos jours


Une paisible mer de lavande, d’un bleu tirant sur le mauve, s’étalait Ă  perte de vue, ses vagues ondulant sous la brise qui coulait de l’ouest, depuis les forteresses de calcaire du Verdon. À mesure que le soleil dĂ©clinait Ă  l’horizon, les effluves des fleurs embaumaient l’air doux et chaud.


En bordure des champs, en lisiĂšre d’un bois sombre, se dressait un menhir. Une sentinelle solitaire Ă©rigĂ©e depuis six mille ans, rappelant aux hommes leur statut de fĂ©tus de paille balayĂ©s par le vent de l’éternitĂ©. On l’appelait Ars, ou Ursus, la pierre de l’ours. La christianisation ayant fait son Ɠuvre, le menhir avait Ă©tĂ© rebaptisĂ© pierre de Saint-Éloi, en rĂ©fĂ©rence au protecteur des paysans.


Mais en cette soirĂ©e idyllique de la Saint-Jean, les intrus regroupĂ©s autour de la pierre sacrĂ©e avaient tout sauf l’apparence de cultivateurs de lavande. Ils Ă©taient une cinquantaine, revĂȘtus de capes blanches, formant un demi-cercle parfait autour de la pierre levĂ©e.


Un genou Ă  terre, ils courbaient l’échine, le haut du visage cachĂ© par la capuche de leurs capes immaculĂ©es frappĂ©es d’une croix rouge, leurs mains gantĂ©es serrĂ©es sur leur bĂąton. N’eĂ»t Ă©tĂ© la ligne Ă  haute tension qui se profilait le long de la dĂ©partementale voisine, on aurait pu se croire huit cents ans en arriĂšre.


Devant le menhir, une femme joignait ses mains devant elle en un geste de priĂšre. Son carrĂ© blond bombĂ© et coupĂ© au cordeau encadrait un visage harmonieux mais figĂ©, lisse comme un masque d’albĂątre, et ses yeux clairs, striĂ©s d’un curieux gris irisĂ©, balayaient l’assistance avec gravitĂ©. Un regard impĂ©rieux qui exigeait dĂ©votion et soumission.


Le soleil entamait sa descente juste derriĂšre elle, Ă  l’aplomb exact de la pierre levĂ©e, nimbant sa silhouette d’une aura dorĂ©e.

— Froid cosmique, nous t’implorons de toutes nos forces, hurla-t-elle Ă  pleins poumons, que l’onde glacĂ©e paralyse les dĂ©mons du feu solaire !


La troupe ne bougeait pas. Le visage fermĂ©, les templiers paraissaient tous concentrĂ©s dans un mĂȘme but. Cela faisait presque une demi-heure qu’ils priaient sous le contrĂŽle de la prĂȘtresse.


SanglĂ© dans sa cape, penchĂ© lui aussi sur son bĂąton, Antoine Marcas imitait les autres chevaliers. Mais lui se foutait royalement de prier pour le refroidissement climatique. Il Ă©tait en mission. Il implorait que ce rituel stupide s’achĂšve avant que ses genoux ne deviennent aussi calcifiĂ©s que le menhir qui lui faisait face.


— Je vois notre glorieuse armĂ©e repousser les flĂšches incandescentes du soleil avec ses boucliers de givre, reprit la prĂȘtresse en cape, tels les chevaliers du Temple repoussant les assauts des hordes d’infidĂšles. Vous ĂȘtes les nouveaux moines soldats du froid sacrĂ©.


Antoine ne fermait les yeux qu’à moitiĂ©. Il connaissait par cƓur ces salmigondis. Trois mois plus tĂŽt, il s’était fait initier dans la loge parisienne de l’OTTR, Ordre du Temple et de la Terre RessuscitĂ©e, un groupe nĂ©ochevaleresque qui versait dans l’écologie new age. Antoine Ă©tait encore mĂȘlĂ© Ă  une histoire de templiers. Mais cette fois pour le boulot. Ni trĂ©sor ni secret perdu Ă  trouver, seulement une mission d’infiltration pour le compte de la DGSI.


Ce groupe d’apparence inoffensive, soucieux d’environnement, organisait des opĂ©rations caritatives avec l’argent de ses adeptes et des dons. En rĂ©alitĂ© l’organisation servait de paravent Ă  un trafic d’armes lucratif depuis les pays de l’Est en direction des banlieues. La DGSI menait son enquĂȘte depuis plus d’un an et avait rĂ©ussi Ă  retourner l’un des cadres de l’ordre, le trĂ©sorier, en Ă©change de l’immunitĂ©.

Un groupe de templiers Ă©colos



C’était une premiĂšre dans la foisonnante famille des groupes nĂ©otempliers qui pullulaient dans le monde. On ne comptait plus les organisations chevaleresques autoproclamĂ©es descendant du prestigieux ordre, religieuses ou purement honorifiques. L’arbre du Temple n’en finissait pas de donner des rameaux bourgeonnants2. Antoine s’était frottĂ© Ă  quelques-uns de ces groupes par le passĂ©, mais il n’était jamais tombĂ© sur des templiers Ă©colos.


Selon l’OTTR, le changement climatique pouvait ĂȘtre inversĂ© par de puissantes pratiques occultes. En outre, les adeptes devaient s’abstenir de manger de la viande, considĂ©rĂ©e comme l’Ɠuvre du diable. Et chaque semaine il fallait entrer en communion avec les arbres et prier pour le refroidissement. OĂč les dirigeants de l’ordre Ă©taient-ils allĂ©s chercher cette curieuse bouillie ? Sans doute l’influence de la prĂȘtresse templiĂšre, ancienne professeure de yoga, Joanna, Ă©pouse du grand maĂźtre Waldek von Saltzman.


Marcas n’en pouvait plus de cette journĂ©e provençale interminable. Lui et une dizaine d’autres adeptes parisiens Ă©taient arrivĂ©s le matin de Paris Ă  la gare TGV d’Aix-en-Provence. On les avait transfĂ©rĂ©s en minibus dans un hĂŽtel du cĂŽtĂ© de Moustiers-Sainte-Marie. LĂ , deux agents de sĂ©curitĂ© de l’OTTR leur avaient imposĂ© de laisser leurs tĂ©lĂ©phones dans un coffre Ă  l’hĂŽtel. SitĂŽt changĂ©s en templiers, ils avaient Ă©tĂ© emmenĂ©s pour une balade de deux heures dans les bois sous trente degrĂ©s, ils s’étaient retrouvĂ©s Ă  prier devant le menhir.

Prier pour refroidir le soleil, rumina Antoine.


Machinalement, il tĂąta la boucle de son ceinturon. Le biper Ă©lectronique Ă©tait toujours Ă  sa place et avait Ă©chappĂ© aux contrĂŽles du service de sĂ©curitĂ© de l’OTTR. L’unitĂ© de gendarmerie en embuscade n’attendait qu’un signal de sa part pour se ruer sur les templiers.


— Il est temps de clĂŽturer nos travaux. En ce solstice d’étĂ©, le jour oĂč le soleil affirme sa plus grande puissance, nous avons rĂ©ussi grĂące Ă  nos priĂšres Ă  calmer ses ardeurs. Ne sentez-vous pas l’air autour de vous qui se rafraĂźchit subtilement ? Templi invictus !


— Templi invictus ! cria d’une seule voix l’assemblĂ©e.


Un bourdonnement sourd monta dans le lointain et enfla. Les chevaliers interrompirent leurs effusions. La prĂȘtresse frappa dans ses mains.


— Et maintenant le moment que vous attendez tous
, cria la templiĂšre. »

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Replongez-vous dans la saga Marcas ! 🗝

A la semaine prochaine ! 📚

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