Moins d’un an après la retentissante faillite de la plateforme FTX, troisième place mondiale d’échanges de cryptomonnaies avant sa mise en liquidation en novembre 2022, le procès de son fondateur Sam Bankman-Fried (SBF) s’ouvre ce mardi à New York. Le prince déchu de l’industrie fait face à sept chefs d’accusations : deux de fraude électronique et cinq de conspiration. Fondée en 2019, FTX était « une fraude dès le départ » selon la Securities and Exchange Commission (SEC), qui accuse SBF d’avoir détourné les fonds des clients de FTX vers Alameda, sa société de trading de cryptomonnaies créée deux ans auparavant.
Plus que le procès d’un homme, celui qui débute ce mardi pourrait jeter l’opprobre sur l’univers des cryptomonnaies dans son ensemble, craignent quelques observateurs. Professeur de droit à l’université de Vanderbilt (Etats-Unis), Yesha Yadav s'interroge de fait sur l'ampleur des dégâts que celui-ci peut causer à la réputation déjà bien entamée du secteur. « Ce procès va être un moment atroce pour l'industrie, car personne ne sait quel type de preuve pourrait en ressortir », souffle-t-il, alors que de nombreuses personnalités du secteur vont être appelées à la barre ces cinq prochaines semaines. Outre SBF lui-même, d’autres co-conspirateurs ayant plaidé coupable vont en effet témoigner, à commencer par Caroline Ellison, son ex-petite amie qui était aussi – et surtout – PDG d’Alameda Research, le co-fondateur de FTX, Gary Wang, et le responsable technique de la plateforme, Nishad Singh.
C’est néanmoins l’audition de SBF lui-même qui pourrait causer le plus de tort. Son comportement imprévisible, même après la chute de FTX, suggère qu’il pourrait être tenté d’opter pour une politique de la terre brûlée. « Va-t-il jeter l'ensemble du secteur sous un bus ? », s’interroge ainsi Hermine Wong, ancienne responsable de la politique de Coinbase et régulatrice de la SEC, interrogée par le média américain The Verge. Il pourrait, selon elle, se défendre en arguant qu’il s’agissait de pratiques courantes dans ce domaine. Si cette idée ne serait probablement pas retenue par le tribunal, elle est en revanche susceptible d’affecter la confiance (toute relative) des particuliers envers les plateformes d’échanges.
Quentin Soubranne