Alors que les questions de la transition écologique et de la souveraineté alimentaire sont revenues au premier plan avec le confinement, l’évolution vers un modèle durable et sain pour la terre et ses habitants reste lente.
Le débat autour des pesticides en général et du glyphosate en particulier demeure l’un des points d’achoppement les plus nets entre certains agriculteurs et les écologistes.
Régulièrement des petits groupes de personnes se font tester au glyphosate.
Dans l’ouest français, un groupe de citoyens a même porté plainte pour “mise en danger de la vie d’autrui, tromperie aggravée et atteintes à l’environnement”1.
Ils se décrivent comme des “pisseurs involontaires de glyphosate”.
Pour répondre à la polémique, 35 agriculteurs vendéens se sont fait tester.
Chez eux, on a retrouvé un taux assez faible de glyphosate : entre 0,1 et 0,2 microgrammes par litre2.
Qui dit vrai dans cette histoire ?
Pourquoi faut-il interdire définitivement le glyphosate et plus généralement, tourner la page des pesticides ?
Un succès commercial mondial
Le glyphosate est apparu dans les années 60.
Il a été commercialisé sous l'appellation “Round up” à partir de 1974 par l’entreprise Monsanto.
C’est une molécule toxique qui sans ses adjuvants - toxiques également - ne pourrait pas pénétrer dans les plantes.
Dans les années 2000, le brevet est tombé. La molécule s’est trouvée commercialisée sous divers noms.
La consommation de glyphosate est 100 fois plus importante en 2020 que dans les années 70 ! C’est l’herbicide le plus utilisé dans le monde. 800 000 tonnes sont épandues chaque année !
En 2018, la France en consommait près de 10 000 tonnes, contre 8800 en 2017. Cela représente près du tiers des pesticides utilisés sur le territoire3.
C’est donc, encore aujourd’hui, l’un des produits les plus vendus aux agriculteurs.
Les coopératives agricoles en sont grandement dépendantes financièrement4, ce qui explique leur résistance à voir les choses évoluer. Certaines d’entre elles vendent plus de produits chimiques que de produits de culture4 !
C’est aussi pour cela que la FNSEA, principal syndicat agricole, continue de soutenir mordicus le glyphosate.
Est-ce encore un “système agricole” ? Ce “système” peut-il vraiment durer ?
La controverse médicale et scientifique
Pour Monsanto qui, chaque année, engrangeait des milliards de dollars grâce à sa molécule phare, les ennuis ont commencé quand des études indépendantes sont sorties sur le glyphosate.
En 2012, une étude publiée par le biologiste Gilles Eric Séralini sème le trouble5.
Ses travaux portent sur des rats qui ont été nourris au maïs OGM, c’est à dire imprégné de Round up et de ses adjuvants.
Les scientifiques, dans cette étude, observent que les rats développent des cancers prématurés. Les photos des rats aux énormes tumeurs font le tour du monde.
L’empire Monsanto s’insurge et lance des campagnes de diffamation à l’encontre du chercheur et tente de publier des contre-études.
Mais finalement, en 2015, le CIRC, une organisation liée à l’OMS et basée à Lyon, classe le glyphosate comme “cancérogène probable”.
La formule paraît encore faible par rapport au risque sanitaire, mais il devient de plus en plus difficile de nier que le glyphosate représente un problème sanitaire.
La justice est saisie
De très nombreux utilisateurs réguliers du Round up, ayant contracté de graves maladies, portent plainte contre le fabricant.
En Californie, en 2018, Monsanto perd un procès retentissant contre Dwayne Johnson. Ce jardinier est atteint d’un cancer. La justice estime que le glyphosate a été un “facteur substantiel” de la malade du plaignant6.
Monsanto est condamné à lui verser 289 millions de dollars.
En 2019, dans une autre affaire semblable, Monsanto est condamnée à verser plus de 80 millions de dollars à un agriculteur. Les juges évoquent une “malveillance” de l’entreprise !
Aux Etats-Unis plus de 11 000 procédures auraient été lancées contre Bayer Monsanto7 !
Ces procès donnent lieu à des enquêtes.
Un ensemble de documents internes sont révélés à la presse. Ce sont les “Monsanto papers”.
Ces rapports et études montrent que les dirigeants de l’entreprise savaient depuis longtemps que leurs produits étaient mauvais pour la santé.
Dès 1983, une étude commandée par la société indique que des souris exposées au glyphosate développent une tumeur rare aux reins8.
C’est du Séralini avant l’heure !
Et pourtant la société a tout fait pour discréditer les travaux du scientifiques survenus 25 ans plus tard ! Et aurait réussi si les malades n’avaient pas porté plainte.
Un rachat à 63 milliards de dollars
Pour se sortir de ce faux pas, Monsanto a organisé sa fusion avec le groupe pharmaceutique allemand Bayer.
C’était une manière de faire oublier le nom de Monsanto.
Et depuis, Bayer paie la note.
En 2020, le géant a signé une série d’accords avec les plaignants aux Etats-Unis à qui il a accepté de verser plus de 10 milliards de dollars9.
Ces transactions lui permettent de mettre fin à de nombreuses poursuites judiciaires et aux enquêtes qui en découlent, sans compter la part de “mauvaise presse” que cette situation risque de provoquer pendant des années...
Les agriculteurs en première ligne
Aujourd’hui, même s’il existe encore des débats entre scientifiques, plus personne ne doute réellement des effets nocifs du glyphosate et de ses adjuvants.
Marc Dufumier, agronome, Professeur émérite à AgroParisTech et expert auprès de l’ONU, résume ainsi la situation10 :
“ les agriculteurs mal équipés de masques et de vêtements de protection sont les premières victimes de l’exposition au glyphosate : ils contractent très souvent de sérieuses irritations cutanées et de graves lésions pulmonaires et oculaires. ”
Il ajoute que d’autres populations sont directement exposées : c’est le cas des habitants des communes où ont lieu les épandages ou des cueilleurs de fruits et légumes traités.
Un problème qui touche tout le monde
Mais les méfaits du glyphosate ne s’arrêtent pas là.
En effet, lorsque la molécule se désagrège dans le sol, elle laisse des résidus toxiques.
Ils se répandent dans les rivières et finissent dans l’eau du robinet, voire les eaux minérales10 !
L’un d’entre eux s’appelle l’acide aminométhylphosphonique ou AMPA.
Associé à certains adjuvants, ce résidu peut devenir très toxique. C’est ce que les scientifiques appellent “l’effet cocktail”.
L’AMPA et ces adjuvants sont des perturbateurs endocriniens.
Ils jouent sur les hormones sexuelles des hommes et des femmes ce qui peut provoquer :
des malformations congénitales chez les bébés, l’apparition prématurée de Parkinson ou Alzheimer ; des cancers hormono-dépendants : lymphome, leucémie, cancers du sein ou de la prostate.
Marc Dufumier, conclut :
“ Les endocrinologues sont formels : les jeunes gens qui ont ingéré des perturbateurs endocriniens dans leur nourriture et leur eau de boissons sous la forme de résidus de glyphosate et d’AMPA, de façon prolongée et régulière depuis leur existence in utero jusqu’à la fin de leur croissance, auront des risques de cancers et de maladies neurodégénératives plus élevés. Leur espérance de vie en bonne santé sera moindre que celle de leurs parents et grands-parents qui n’étaient pas pareillement exposés au cours de leur jeunesse. ”
Ces effets néfastes sur les humains se retrouvent aussi sur la faune et la flore, ce qui fait du glyphosate un défi écologique autant que sanitaire.
Un herbicide ultra efficace
Au-delà du lobbying de Monsanto et des intérêts économiques liés au glyphosate, se pose la question de son remplacement.
Car c’est un produit redoutable.
Il est capable d’éradiquer de nombreuses “mauvaises herbes différentes”, ce qui en fait une arme de destruction du vivant “à large spectre”.
Il est souvent associé à la culture OGM. Les agriculteurs choisissent des plants dont les gènes ont été modifiés et qui résistent au glyphosate.
Ainsi, ils peuvent désherber sans tuer les plantes transgéniques qu’ils cultivent.
Cela leur permet même de passer ce tue-herbe juste avant la récolte !
Imaginer que de telles pratiques ne peuvent pas nuire à la santé relève de la mauvaise foi ou de la pensée magique !
Changement de voie pour les trains
En France, le premier utilisateur du glyphosate et de ses adjuvants est la SNCF.
Chaque année, elle fait passer des trains spéciaux sur ses 95 000 hectares de voies ferrées qui déversent près de 40 tonnes du produit pour un coût total de 30 millions d’euros.
Mais la compagnie ferroviaire s’est engagée à respecter l’interdiction du glyphosate pour un usage non agricole qui entre en vigueur en 2021 en France.
Parmi les alternatives, il y a l’eau chaude, qui pourrait être efficace mais pourrait également présenter des risques pour les installations électriques et un coût de 500 millions d’euros7.
A quelques mois de l’échéance, la SNCF va-t-elle trouver une solution pour changer de cap ?
Et les agriculteurs ?
S’ils ne sont pas encore concernés par une interdiction totale, la pression monte toutefois pour qu’ils abandonnent ces pratiques d’un autre âge.
Mais, le problème est le même que pour la SNCF : les alternatives demandent de la compétence, du temps, de l’innovation et de l’investissement.
Cela pourra difficilement se faire sans un véritable soutien de l’Etat et des consommateurs.
Toutefois, les pistes crédibles d’évolution pour l’agriculture existent.
Marc Dufumier, toujours lui, en note deux :
Associer étroitement l’élevage et la culture ; Mettre en place des prairies temporaires au sein de rotations de cultures longues durées.
D’autres solutions durables ont été mises en avant à travers de nombreux projets. Ce sont les fermes de Sainte Marthe, du Bec Hellouin, de la Goulpière etc.
Bref, les idées et les bonnes volontés ne manquent pas. Ce qui fait défaut, c’est la volonté politique.
Naturellement vôtre,
Augustin de Livois
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