Google : « RIP le cookie. Place au FloC » | | « Le cookie tiers est en train de mourir, et Google essaie de créer son remplaçant », comme l'indique l'Electronic Frontier Foundation. Au profit d'un système plus respectueux de la vie privée, selon la firme de Mountain View : le géant du Web élabore un tout nouveau système de ciblage publicitaire. Déjà, l'année dernière, Google avait fait part de sa volonté d'abandonner l'utilisation des traceurs d'ici à 2022. Tapis rouge donc, aujourd'hui, pour FloC – Federated Learning of Cohorts –, une technique qui consisterait à regrouper des internautes en cohortes qui partagent les mêmes intérêts. Un système qui ne « remet pas en question son business model fondé sur la publicité ciblée », note l'ADN. Rappelons que Google a capté 52 % des 292 milliards de dollars de dépenses mondiales en publicité numérique l'an dernier, selon Jounce Media, un cabinet de conseil en publicité numérique. Mais c'est quoi ce FloC ? Les modalités sont encore floues (c'est qu'il y a un loup ?). « Nos produits Web seront alimentés par des API préservant la vie privée qui empêchent le suivi individuel tout en fournissant des résultats pour les annonceurs et les éditeurs », a annoncé sans plus de détails David Temkin, Director of Product de Google, dans un communiqué publié le 3 mars. Pour Google, ce système annoncé moins intrusif laisse entrevoir un avenir où « il ne sera pas nécessaire de sacrifier la publicité et la monétisation pour offrir une expérience privée et sécurisée ». Concrètement, d'après le journaliste Bennett Cyphers, un navigateur avec un FloC activé collecterait des informations sur les habitudes de navigation avec son utilisateur, puis utiliserait ces informations pour assigner son utilisateur à une « cohorte » ou à un « groupe ». Les utilisateurs ayant des habitudes de navigation similaires seraient regroupés dans la même cohorte. Pour résumer, « votre FloC ID sera comme un résumé succinct de votre activité récente sur le Web ». C'est toujours du tracking, non ? Cathy O'Neil, mathématicienne et data scientifique – qui alerte sans cesse sur l'influence néfaste des algorithmes dans notre société –, s'interroge sur Twitter : « Quelqu'un peut-il expliquer comment des groupes de personnes seront suivis sans que des personnes individuelles soient suivies ? Les groupes ne sont-ils pas constitués d'individus, et les individus ne sont-ils pas répartis dans plusieurs groupes ? Cela semble presque une preuve que des individus seront de facto suivis... » La question est posée. Aujourd'hui, 72 % des gens ont le sentiment que presque tout ce qu'ils font en ligne est suivi par des annonceurs, des entreprises technologiques ou d'autres sociétés, et 81 % disent que les risques auxquels ils sont confrontés en raison de la collecte de données l'emportent sur les avantages, d'après une étude de Pew Research Center. Quid des annonceurs ? Ce changement a provoqué quelques inquiétudes dans le monde de la pub, comme le rapporte le Wall Street Journal. Après la mise en place des mesures, les annonceurs « ne pourront plus obtenir une image aussi détaillée de l'un ou l'autre produit ». Les petites entreprises de publicité numérique qui utilisent des cross-site tracking ont accusé Google d'utiliser la vie privée comme « prétexte pour apporter des changements qui nuisent à leurs concurrents ». En attendant, Facebook fait le pari contraire en estimant que les utilisateurs « aiment secrètement la publicité ciblée » et a lancé une campagne publicitaire pour défendre la pub personnalisée contre les nouvelles mesures d'Apple en matière de protection privée. Les publicités ciblées y sont présentées comme des aubaines pour les petites entreprises, sous le slogan « Les bonnes idées méritent d'être trouvées ». Les grandes manœuvres sont en cours... | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Ça bouge sur le marché des médias en France. Selon les informations de Marianne, la prochaine cession du groupe M6, par le groupe allemand Bertelsmann suscite l'intérêt de nombreux prétendants : Altice, de Patrick Drahi (BFM TV) ; TF1 ; CMI ; Vivendi (Canal+) et, dernièrement, un duo composé du Groupe Arnault et de Xavier Niel. Il faut dire que le groupe dispose de solides atouts – M6, en tant que deuxième chaîne commerciale, possède 32,5 % de part de marché publicitaire. En parallèle, le groupe Vivendi est en négociations avec Gruner und Jahr (G+J), filiale du groupe allemand Bertelsmann, pour mettre la main sur Prisma (Géo, Capital, Voici, Femme actuelle). « Il ne restait qu'un groupe étranger aux manettes à la fois de radios, chaînes de télévision et titres de presse français, et le voilà en passe de quitter le territoire national », écrit la journaliste Aude Dassonville dans Le Monde. Les médias français sont devenus un « territoire ingrat pour les magnats des médias ». Pourquoi c'est un pavé ? L'objectif serait donc de consolider ses propres troupes, dans un cercle franco-français. « Il faut être fort, soit au niveau mondial, soit au niveau local. En France, il n'y a pas de champions nationaux. Et si le marché français ne se consolide pas à brève échéance, il sera bientôt laminé par les plateformes comme Netflix et Amazon », prévient Nicolas de Tavernost, le président du directoire de M6. En attendant, à l'heure où tout s'accélère à quelques mois de l'élection présidentielle, une question est de mise : quel pluralisme des médias en France, avec un tel « risque de concentration » ? « L'intérêt particulier de 9 propriétaires de médias ne doit en aucun cas prévaloir sur celui de 67 millions de Français, et sur leur droit de pouvoir accéder à une information indépendante et plurielle, ce qui est une condition essentielle du bon fonctionnement de la démocratie », souligne l'économiste Julia Cagé. | UN FORMAT À LA LOUPE | | Twitter marche dans les pas de Clubhouse et lance « Spaces » sur Android. L'outil était déjà disponible depuis décembre 2020 aux utilisateurs de la version bêta de son appli pour iPhone. Cette fonctionnalité permet aux internautes d'échanger de façon publique ou privée dans des salons de discussion. Pour l'instant, les twittos sur Android n'ont pas accès au « full package » – ils peuvent seulement s'inscrire et discuter dans n'importe quel « Space ». « Bientôt, vous pourrez créer votre propre Space », prévient le réseau, sans donner de date précise. « Ce rythme rapide a maintenant conduit Twitter à battre son rival Clubhouse par le fait de proposer un accès sur Android. Aujourd'hui, Clubhouse reste réservé à iOS, en plus d'être réservé aux invités », analyse TechCrunch. Qui plus est, cet investissement montre bien que Twitter considère l'audio social comme « un marché qu'il doit gagner ». | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Comment se construit-on quand on habite dans un pays qui ne veut pas de vous ? C'est le sujet d'un reportage délicat réalisé par le quotidien néerlandais NRC, récompensé par une médaille d'or lors de la traditionnelle compétition organisée par la Society for News Design (NSD). Ali Isiaki, du Bénin, et Amadu Diallo, de Guinée, deux immigrés clandestins très liés, racontent comment ils se débattent pour survivre aux Pays-Bas. Ils y racontent l'absence de passeport qui leur rend impossible toute vie normale. Sur fond de papier brouillé, leur histoire est racontée de manière forte à travers des dessins animés en noir et blanc, et des extraits audio. | LE CONTENU QU'ON A AIMÉ FAIRE | « La technologie peut jouer un rôle essentiel en aidant les entreprises à faire face à une multitude d'événements, de défis et d'opportunités imprévisibles. » À l'occasion de la sortie de son étude TechnoVision 2021, qui explore les tendances technologiques à l'œuvre dans les entreprises, Capgemini a organisé un débat en live sur LinkedIn, que Story Jungle a eu le plaisir de produire. | | | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Avec La Fabrique de l'ignorance, Franck Cuvelier et Pascal Vasselin nous sauvent du monde de la caverne. Dans ce documentaire palpitant, les réalisateurs s'emploient à montrer comment les industriels instrumentalisent la science pour maintenir la société dans le doute et l'ignorance. « Plus les industriels empêchent l'émergence d'un consensus scientifique, plus il leur est facile de lutter contre les poursuites judiciaires et la réglementation », résume le médecin américain Stanton Glantz. Diviser pour mieux régner, en somme. Une enquête qui se penche sur le rôle des stratégies de lobby, aussi bien pour l'utilisation du bisphénol A dans les plastiques, entre autres, que des pesticides néonicotinoïdes dans la surmortalité des abeilles. À voir absolument sur Arte. Un commentaire, positif ou négatif ? N'hésitez pas à nous faire des retours sur la newsletter à l'adresse suivante : alexandra.klinnik@storyjungle.io |
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