Taxer l’intelligence artificielle... La dernière idée du spécialiste de la fiscalité Xavier Oberson, détaillée cette semaine dans nos colonnes, n’a pas fini de faire parler d’elle. En bien comme en mal, à en croire les réactions de nos lecteurs. L’IA s’invite, il est vrai, un peu partout dans l’économie, ainsi que dans notre vie quotidienne. Certains s’inquiètent des effets de cette nouvelle technologie sur notre vie privée, sur notre libre arbitre. L’avocat et professeur genevois redoute la disparition d’un nombre d’emplois d’une ampleur telle que le système social et les retraites pourraient se trouver «en péril». Personnellement, je vois davantage l’IA comme un formidable nouvel outil que nous apprenons à utiliser. Ayons un peu confiance en nous et cessons d’ériger des barrières partout. Alors, taxer l’IA, vraiment? Et si oui, comment? Xavier Oberson fait cet intéressant parallèle avec la société anonyme, statut créé il y a une centaine d’années qui permet «d’attribuer des droits et des devoirs à quelque chose d’immatériel», comme il l’explique. J’ai tout de même quelques doutes quant à la mise en œuvre, lui aussi d'ailleurs. Le mieux serait donc d'éviter de nouveaux prélèvements. Un autre sujet nourrira les discussions ces prochaines semaines: la Fifa. La Fédération internationale de football a décidé de retirer de ses statuts le lieu de son siège, à savoir Zurich. C’est une étape plus que symbolique et un message: la fédération internationale n'est plus à jamais liée à la Suisse. Il ne s’agit pas forcément d’une menace immédiate - l’organisation se dit «heureuse» en Suisse. Cependant, la tentation de partir sous d’autres cieux existe certainement, d’autant que d’autres pays ne se privent pas de lui faire des appels du pied. A la fin de l’an passé, nous racontions d’ailleurs comment la France tentait de la convaincre de s’installer à Paris. Le gouvernement avait préparé un amendement à son budget qui exemptait de tout impôt non seulement la Fifa, mais également ses employés. Au final, le Conseil constitutionnel a censuré cette disposition. La Fifa reste donc pour l'heure en Suisse, où elle paie des impôts, par millions. En outre, tous les quatre ans, sa Coupe du monde, le plus grand événement sportif de la planète, apporte un coup de pouce apprécié au PIB. Gardons-le en mémoire, car il ne faut jamais dire jamais. Jamais, ne jamais faire comme lui. C’est aussi ce que disait Joe Biden à propos de son prédécesseur Donald Trump. Pourtant, cette semaine, le locataire de la Maison-Blanche a réalisé ce dont rêve son rival dans la course à la présidentielle américaine: taxer encore et toujours les produits chinois. Le démocrate succombe au mirage du protectionnisme. La guerre économique avec la Chine, je l’évoquais déjà il y a une semaine, est encore montée d’un cran. Ce qui me frappe à ce sujet? D’une part, le silence de l’Organisation mondiale du commerce, pourtant gardienne (du moins sur le papier) du libre-échange. D’autre part, nos débats de politique intérieure (prévoyance, électricité, santé) qui me semblent soudain déconnectés de ces grands enjeux. J’y reviendrai. Encore deux choses avant de vous laisser découvrir ma sélection des articles de la semaine. Premièrement, un changement important à la direction de Richemont. Le géant genevois du luxe continue de mettre l’accent sur la joaillerie, une activité plus stable et plus rémunératrice que l’horlogerie. Deuxièmement, l’indice SMI qui a repassé vendredi le cap des 12.000 points, inscrivant un gain de près de 8% depuis janvier, signe de la confiance des investisseurs, malgré l’environnement international incertain. Le record absolu de 13.000 points inscrit début 2022 est désormais à portée de tir. |