La dernière fois, c’était en 2021. La Suisse a retrouvé cette semaine la première place du classement annuel de la compétitivité publié par l’IMD. Ses principaux atouts sont bien connus: sa stabilité politique et la qualité de ses infrastructures, symbolisée aux yeux des visiteurs étrangers par la ponctualité des trains. N’oublions pas la formation dont le système d’apprentissage est envié loin à la ronde. Tout est donc parfait ou presque, les femmes, par exemple, restant sous-représentées dans les postes à responsabilités. Mais même dans ce cas, les choses s’améliorent, comme le relevait un autre rapport publié il y a une dizaine de jours par le Forum économique mondial. Tout va donc bien. Et il y a encore mieux. Le risque de récession s’éloigne, relève l’institut d’études conjoncturelles CREA, dont vous pouvez découvrir les nouveaux indices dans L’Agefi. Vous souhaitez une autre bonne nouvelle? La Suisse reste en tête des pays classés par la richesse moyenne par adulte (687.000 dollars), devant les Etats-Unis et le Luxembourg, constate UBS dans son étude annuelle sur les patrimoines à travers le monde. La démographie faisant loi, en particulier le vieillissement de la population, l’enjeu de la transmission de ces fortunes devient un enjeu majeur. Si ce sujet vous concerne, je vous recommande le dernier volet de la série spéciale d’articles consacrés aux successions que Pierre Novello a publié dans nos colonnes. Tout va donc bien. Et il y a toujours mieux. Depuis jeudi 9h30, la Suisse est le seul pays au monde dans lequel le loyer de l’argent est gratuit. La Banque nationale suisse (BNS) a en effet abaissé son taux directeur à 0% afin d’enrayer la déflation qui s’annonce. Un recul généralisé des prix… encore une situation qui distingue la Suisse du reste du monde, tout comme la force de sa devise (les deux sont liés). Tout va donc bien… surtout lorsque l’on se compare aux autres. En s’examinant soi-même, les défis sont nombreux. L’IMD pointe le plus fondamental: le maintien de la cohésion sociale. Plus longue à construire qu’à défaire, elle est mise à l’épreuve du vif développement économique des deux dernières décennies. De ce point de vue, la pénurie de logements constitue à mes yeux la menace la plus grande. Je l’ai souvent dit et je le répéterai car la situation ne s’améliore pas. En théorie, le taux d’intérêt zéro devrait soutenir l’activité de la construction. Dans la pratique cependant, les contraintes administratives et les oppositions en tout genre agissent comme un frein majeur à l’indispensable densification du territoire. A cela s’ajoute un autre obstacle, qui pourrait surgir si les banques rechignent à prêter davantage, soit par manque de fonds propres, soit par déficit de concurrence – deux risques liés à la disparition de Credit Suisse. La raréfaction du crédit aux entreprises, une nouvelle fois visible dans les données publiées cette semaine par la BNS (mais étonnamment ignorées par les dirigeants de l’institut d’émission), donne d’ailleurs peut-être une indication de l’évolution future du marché hypothécaire. Je termine par une histoire d’atomes et de bits informatiques. Cette semaine, j’ai animé une table ronde consacrée à l’influence de l’intelligence artificielle (IA) dans l’investissement, dans le cadre du Trading Day 2025 organisé par la banque Swissquote et dont L’Agefi est partenaire. Le premier réflexe est de penser aux Sept magnifiques (les Nvidia, Amazon et autres Apple) qu’il conviendrait d’avoir en portefeuille. Grave erreur. Les gains potentiels générés par l’IA diffèrent selon que l’entreprise vit dans le monde des atomes (produits physiques) ou des bits (logiciels). De manière contre-intuitive, ce sont les atomes qui l’emportent, explique Pascal Eichenberger, CEO d’Elitebrain. La discussion est accessible en cliquant sur le lien de la vidéo (avancez à 2:30:10). |