En cette veille du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, une pensée pour Gloria Steinem et les camarades de la cause. Qu’auraient-elles pensé de la séquence qui affole la planète ? Vendredi dernier, dans le bureau Ovale, l’altercation entre Volodymyr Zelensky, Donald Trump et JD Vance a été d’une étonnante agressivité. Le dérapage s’est produit en direct ; il était stupéfiant au regard du protocole qui régit ce genre de rencontre diplomatique. Mais tout cela a été amplement commenté. A notre connaissance, personne en revanche ne s’est demandé quelle forme aurait pris la même confrontation si les leaders rassemblés avaient été des femmes. Se seraient-elles coupé la parole, se seraient-elles reproché le ton employé ? Auraient-elles été parcourues de ce frémissement communicatif qui manifeste qu’on est prêt à en venir aux mains ? Probablement pas. A commencer parce qu’un des caractères saillants de cet épisode tient à la posture physique des uns et des autres. Et à cette façon très particulière qu’a Trump de se tenir sur son fauteuil : frontal, le buste en avant et les jambes écartées. Une attitude simiesque, si on en croit les primatologues pour qui cette manière de montrer son entrejambe n’a rien à voir avec le confort, et tout avec le pouvoir. L’éthologue Shirley Strum avait montré que les babouins en présence de rivaux, ou de subordonnés qui menacent leur statut, écartaient les jambes pour afficher un pénis en érection, censé manifester leur puissance (repensons juste un instant à la scène dans ce même bureau Ovale où Emmanuel Macron et Donald Trump semblent se tirer la bourre au jeu de « je les écarte encore plus que toi ».) On a beaucoup analysé le « body langage » de Donald Trump, notamment ses mimiques faciales. Un récent article du « Guardian » revient sur ses jeux de bouche, sa façon de pincer les lèvres quand il entend quelque chose qu’il n’aime pas. Mais son « manspreading » est lui aussi caractéristique. « Manspreading » ou étalage corporel, ou encore, en bon français féministe, « syndrome des couilles de cristal » (qui veut que si on croise les jambes « elles » pourraient éclater). Trump en est gravement affecté. Comme un mufle. Mufle ou babouin. A cette aune, on saluera la correction du premier ministre britannique, Keir Starmer, qui face à l’étalage viril du président américain, avachi sur son fauteuil, est resté droit comme un parapluie dans ses souliers cirés. Julie Clarini |