L'heure du Web 3.0 | | « À quel moment tu prends l'actu du digital et tu te dis j'en ai plus rien à foutre ? » s'amusait Cyrille de Lasteyrie hier sur LinkedIn à propos des nouveaux buzzwords, répétés à l'unisson par les médias : métaverse, Web 3.0, blockchain ou encore NFT. « Et en même temps, tu peux pas lâcher, car si tu lâches, tu rates le train, t'es mort, si tu le prends pas, t'es vieux », témoignait celui qui est depuis 20 ans « au cœur de la matrice ». Le fait est que le Web 3.0 est désormais au centre du jeu. Et pour cause, son avènement pourrait radicalement changer nos vies digitales dans les prochaines années.
C'est bien beau mais le WEB 3.0 a-t-il déjà accouché de projets viables ? Revue de quelques initiatives. Masquer l'aspect blockchain Sorare, une des startup françaises les mieux valorisées de l'année 2021, est au centre de toutes les attentions dans le monde du Web 3.0. Son principe ? Proposer à ses utilisateurs d'acheter ou de vendre des cartes de joueurs de football par le biais de NFT. Un album Panini dans la blockchain. En un an, la plateforme a multiplié son chiffre d'affaires par 40 et s'est vu féliciter par Emmanuel Macron sur LinkedIn. Pour Yoann Lopez, fondateur de la newsletter crypto Snowball, cette initiative est une belle réussite du Web 3.0, du fait de la simplicité de son expérience utilisateur : « Ils ont bien réussi à masquer l'aspect blockchain. C'est peut-être ça le secret pour qu'une application Web 3.0 cartonne aujourd'hui. » Sorare fonctionne avec une carte bancaire, la création d'un compte sur Google et Facebook : « C'est très Web 2.0. Le succès réside sans doute dans un mix des Web 2.0 et Web 3.0, en prenant le meilleur des deux mondes. Une fois que les gens seront accoutumés, on évoluera vers quelque chose de plus complexe », explique-t-il à Story Jungle. Les projets NFT dominent À l'heure où les ventes de NFT ont dépassé les 13 milliards de dollars, les médias explorent également les usages possibles de ces jetons non fongibles pour promouvoir les contenus, consolider les bases d'audience et chercher d'éventuelles sources de revenus. « Les médias sortent de leur position top down. Après avoir regagné une proximité avec l'audience pendant la crise, ils doivent penser à des projets collectifs, pour rester pertinents », nous explique Kati Bremme, Executive Product Manager Innovation chez France Télévisions. Pour l'instant, ce sont des projets NFT qui dominent l'approche Web 3.0 des médias. CNN a lancé la plateforme « Vault » afin de revendre sous forme de NFT des moments d'antenne qui ont marqué l'histoire (l'élection présidentielle, la chute du mur de Berlin...). Autre initiative intéressante, celle de la journaliste Kyle Chayka qui a gagné 33 000 dollars en vendant 131 NFT pour financer sa newsletter Dirt : « Nous sommes les premiers à avoir osé lancer un média à l'aide des NFT et des social tokens », explique-t-elle dans un communiqué. Elle y incite ses lecteurs à acheter des NFT à l'image de « Dirty », la mascotte de la newsletter. La bataille fait rage
AP, l'agence de presse américaine, quant à elle, va lancer le 31 janvier son marché basé sur une blockchain créée par l'entreprise Xooa. Le but ? Permettre à des collectionneurs d'acheter les photos de reporters d'images primés par l'agence. Du côté des géants de la technologie, la bataille fait rage. Ils s'arrachent les talents pour construire le métaverse. Microsoft a rapporté la démission d'une centaine d'employés de l'équipe chargée de développer les casques de réalité augmentée HoloLens. 40 ont mis les voiles pour rejoindre la société mère de Facebook, Meta. Ouch. Si vous avez envie d'approfondir le sujet, ne manquez sous aucun prétexte notre live sur Les nouvelles frontières du Web 3.0, ce jeudi 20 janvier à 12 h, avec Kati Bremme (France Télévision) et Yoann Lopez (snowball.xyz). Pour vous inscrire, c'est par ici. | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | En 2022, les éditeurs miseront davantage sur les plateformes visuelles pour toucher un public plus jeune. C'est ce qui ressort de la lecture du rapport Journalism, Media and Technology Trends and Predictions for 2022 du Reuters Institute. Ce rapport, la bible des éditeurs média, se fonde sur une enquête menée auprès de 246 PDG, éditeurs et responsables numériques dans 52 pays. Pourquoi c'est un pavé ? Les médias tentent d'attirer un public plus jeune et considèrent « les formats vidéo natifs comme une partie de la réponse », analyse Whats'New in Publishing. L'enquête montre qu'ils consacreront leurs efforts davantage sur Instagram (+54 %), TikTok (+44 %) et YouTube (+43 %) – et se détourneront (un peu) de Twitter (-5 %) et Facebook (-8 %). | UN FORMAT À LA LOUPE | | Afin d'accueillir des événements professionnels virtuels, LinkedIn propose une nouvelle expérience live audio et vidéo interactive à ses 800 millions d'utilisateurs. Seules les fonctions audio seront actives dans un premier temps. La version bêta est disponible dès ce mois de janvier. « Ce mois-ci, nous faisons un grand pas en avant et nous nous appuyons sur le succès des diffusions LinkedIn Live en lançant une toute nouvelle expérience interactive qui permet à nos membres de participer plus activement à la conversation », écrit Jake Poses, Leading Product for Video, Creators & Events at LinkedIn en référence au lancement de la fonction LinkedIn Audio Event, un Clubhouse-like dont on vous parlait déjà en avril dernier. Il sera possible, entre autres, de participer à des conversations en direct et de rejoindre les conférenciers « sur scène ». Le LinkedIn live est également en grand chantier. Après le lancement finalisé aux Etats Unis de Live Event (toujours en cours déploiement en Europe), d'autres fonctionnalités sont annoncées, notamment le Video Event, une version vidéo de Clubhouse. Si vous voulez tout savoir sur les Live Events et sur le pilote Audio Event, inscrivez-vous à notre webinaire live du jeudi 27 janvier, promis, on vous dit tout. | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | « Vous aider à communiquer... sans vous niquer. » Le coup de com de Xavier Niel, PDG d'Iliad, la maison mère de Free, ne vous a sans doute pas échappé. Ce dernier a présenté le 10 janvier ses vœux pour la nouvelle année dans une mise en scène où il apparaît sous les traits fictifs d'un président de la République un brun provocateur. Dans un cadre reproduisant l'Élysée, il fait son bilan en tant que patron de Free « depuis deux quinquennats », en lançant au passage quelques piques politiques : « Je ne vous trouverai pas un travail juste en traversant la rue tout », « Cela je l'ai fait pour vous, et sans vous demander de changer de prénom ». Si cette vidéo n'a pas forcément plu, à en croire les commentaires acides sur les réseaux sociaux, il faut reconnaître que Xavier Niel a réussi son coup puisque sa vidéo a été reprise dans de nombreux prime times. Et par nous. | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Comment vivent les mégastars de TikTok aujourd'hui ? C'est l'objet de Hype House, la nouvelle série de Netflix qui suit la vie de ces ados ordinaires devenus stars en quelques vidéos. Une poignée d'entre eux viennent d'emménager dans une énorme villa à Los Angeles et sont incités à produire du contenu (et tant pis pour les pannes d'imagination). « Ils ont beau vivre gratuitement dans un magnifique manoir, ils n'ont pas l'air de s'amuser », analyse Techcrunch. « Hype House met l'accent sur la conscience qu'ont ces créateurs de leur propre médiocrité. Ils sont charismatiques, drôles, mais ils savent que leur célébrité tient plus à la chance qu'au talent, et ils craignent que leur chance ne leur échappe à tout moment. » À voir sur Netflix. |
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