La hype des réseaux sociaux privés | | Selon un rapport de Trust Insights, l'intérêt pour les réseaux sociaux privés a explosé pendant la pandémie et n'a cessé de croître au cours des deux dernières années. Les réseaux sociaux seraient devenus si toxiques et performatifs (on posterait aujourd'hui pour être vu, et non pour entretenir un dialogue) que les réseaux sociaux privés gagnent en popularité, surtout parmi les utilisateurs de moins de 35 ans. Parmi les réseaux les plus plébiscités figurent Discord (utilisé par 9,2 % des Américains au moins une fois par semaine), Signal (8,2 %), Telegram (8 %), Slack (6 %) et Twitch (6 %). Pourquoi un tel glissement ? Les stars d'hier font pâle figure : Facebook est en pleine désuétude, Twitter dans un cirque permanent, Instagram est devenu « cringe » et nous donne désormais le « ick », c'est-à-dire « ce sentiment lorsqu'un partenaire romantique ou un crush fait quelque chose de minime mais de notable qui vous rebute immédiatement et pour toujours », selon The Atlantic. La plateforme étant devenue un joyeux bordel, mix de posts sponsorisés de marques, de Reels d'inconnus et de «photo occasionnelle d'un ami qui a finalement fait surface après avoir été postée plusieurs jours auparavant». Ce déclin généralisé incite les internautes à se repositionner. Ils cherchent désormais des espaces confidentiels, à l'abri des regards et des likes. Ils ne sont plus des fans ou des followers, mais des gens aux identités propres et définies. Leur but ? Avoir davantage de prise sur leur vie numérique et échanger avec une communauté, aux valeurs similaires, chercher du soutien dans un monde chaotique. Le journaliste Jonathan Konitz a ainsi récemment fait un appel à sa communauté sur Twitter pour la création d'un Discord : « On irait pas se créer un serveur Discord quelque part, histoire de se soutenir / se plaindre / se filer des tuyaux / boire ? Les cas de dépressions se multiplient autour de moi, c'est plus possible », demande-t-il. On va sur Discord pour y trouver une certaine chaleur. Un glissement s'opère donc vers des espaces axés sur la communauté et conçus pour elle, tels que Mastodon, Discord, Slack... D'après Slate, « publier sur Twitter, TikTok, YouTube ou Instagram, c'est un peu comme utiliser un mégaphone pour crier à une foule immense, sans masse et sans visage. Un serveur Discord ou un groupe WhatsApp, c'est plutôt comme aller à la fête d'un ami ». Mais comment ça marche ? Ces réseaux se définissent par leur absence d'algorithme et de revenus publicitaires, leur confidentialité et leur contenu chronologique. Ces plateformes privées ne sont ainsi pas accessibles au public. Les moteurs de recherche n'indexent pas les contenus. « Tout se passe derrière des portes fermées », rapporte l'étude de Trust Insights. Contrairement à Twitter et Instagram, il n'y a pas d'algorithme qui dicte quel contenu est servi aux utilisateurs. Les conversations des utilisateurs ne sont donc pas en concurrence les unes avec les autres pour attirer l'attention. Enfin, ces plateformes gagnent de l'argent grâce à des fonctionnalités premium ou des abonnements plutôt que par de la pub. « Nous sommes peut-être en train de nous embarquer dans un Web 3.0 – un web qui n'a rien à voir avec la blockchain, mais qui est plutôt un retour à certaines des caractéristiques du Web 1.0 : les petits réseaux, les communautés de confiance, l'anonymat, les avatars », suggère Slate. Et les opportunités business là-dedans ? Et comme le marketing s'infiltre dans toutes les nouvelles opportunités, le site e-marketer incite les commerciaux à se plonger rapidement dans ses réseaux sociaux privés. « À l'heure où les spécialistes du marketing cherchent à accroître la portée de leur audience et à se tenir à l'écart des caprices d'une seule plateforme, les réseaux de médias sociaux privés offrent une autre possibilité. Les petits réseaux sociaux comme Mastodon et Discord pourraient être l'avenir », considère le média. Si vous avez envie de lancer une communauté privée, c'est donc le moment. Il y a un avantage à créer une communauté de valeur avant vos concurrents, dans un espace qui se développe rapidement et avec une attention du public limitée. Discord est la première plateforme qu'il faut évaluer, soutient l'étude de Trust Insights. Son utilisation a plus que doublé entre 2020 et 2022 aux États-Unis. | | | JUNGLE STORIES | Story of stories #2 : Binge Audio, la fabrique des podcasts natifs Pour ce deuxième numéro, Story Jungle accueille Joël Ronez, président et cofondateur de Binge Audio, un des premiers studios en France de podcast natif. Ce vétéran des médias, passé par le pôle numérique d'Arte et ex-directeur des nouveaux médias de Radio France, revient sur les coulisses d'un projet né fin 2016 et haut-parleur «des nouveaux sujets de société et les nouveaux clivages». A écouter ici | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Ça bouge dans la régulation du secteur de l'influence : le ministère de l'Économie organise ce 9 décembre une table ronde avec les agences, les annonceurs et l'Autorité des marchés financiers, la Direction générale des entreprises et la Direction générale de la concurrence. Selon les informations de Myriam Roche, des Gens d'Internet, Bercy a invité les agences telles que Influence4You, Havas et Reech. L'Udecam sera aussi présente, ainsi que le SCRP (Syndicat du Conseil en Relations Publics) et l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). Selon Politico, Magali Berdah n'a pas été conviée. « Bercy dit ne pas vouloir perturber les discussions avec les polémiques de ces derniers mois », explique la journaliste Océane Herrero. Au programme de cette discussion ? L'encadrement des pratiques des influenceurs, dont les principaux revenus viennent des publicités sur les réseaux sociaux, mais aussi l'encadrement de leur fiscalité. Pourquoi c'est un pavé ? Si pour l'heure, Bercy est encore au stade du « diagnostic » et de la « réflexion », le ministère de l'Économie compte serrer les vis sur des pratiques de plus en plus pointées du doigt. Rappelons que le député écologiste du Val-d'Oise Aurélien Taché a déposé une proposition de loi pour délimiter un cadre légal à l'activité professionnelle des influenceurs le 4 novembre. | UN FORMAT À LA LOUPE | | Cela n'aurait échappé à personne, la traditionnelle rétrospective musicale de Spotify est sur tous les réseaux sociaux, Twitter et Instagram en tête. Comme chaque année depuis 2015, Spotify a lancé Wrapped, une de ses plus grandes campagnes marketing de l'année. En s'appuyant sur les données de ses utilisateurs, Spotify propose de redécouvrir ses morceaux, artistes, genres musicaux, podcasts favoris. Grande nouveauté : cette année, la plateforme a lancé Wrapped dans Roblox, un jeu vidéo free-to-play et multijoueur en ligne destiné aux enfants et adolescents, dans le but de toucher un public encore plus large. « Avec une présence dans Roblox, il est possible de toucher une génération plus jeune et plus récente d'utilisateurs potentiels de Spotify. Avec près de 50 millions d'utilisateurs actifs quotidiens l'année dernière, Roblox est en train de prendre une place de plus en plus importante dans les conversations des spécialistes du marketing qui cherchent à toucher de nouveaux publics », observe Digiday. Roblox constituerait un point d'entrée efficace pour Spotify. Vous pouvez ainsi retrouver « WonderWrapped » sur Roblox sur Spotify Island, avec des « quêtes, des jeux et des produits virtuels inspirés de Wrapped ». Le marketing ne connaît décidément pas de frontières. | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | « Soyons honnêtes, chaque année est une bonne année pour les livres. » Quels sont les 100 meilleurs livres de 2022 ? Le New York Times a opéré sa traditionnelle sélection, dans un format très « cliquable ». Sous forme de petites images – représentant les livres choisis –, il invite l'internaute à cliquer sur l'icône pour découvrir le résumé de l'œuvre. C'est un panorama visuel qui invite à un prolongement. On peut y retrouver Annie Ernaux et son « Getting Lost » ! Ce format n'a pas du tout plu aux lecteurs du média américain, à en croire les commentaires assassins : « Si c'est une bonne année pour les livres, c'est une mauvaise année pour les articles. Pourriez-vous juste me donner un article sans avoir à cliquer sur les petites images ? C'est comme un mauvais calendrier de l'Avent », se plaint un internaute. « Faites une liste, arrêtez d'essayer de faire vos précieux avec votre design web », conclut un autre. Bon, finalement on aurait peut-être pas adoré le faire. | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Comment un jeune étudiant américain s'est-il retrouvé à devoir combattre Pepsi, l'une des firmes les plus influentes du monde ? En 1995, John Leonard a attaqué en justice la multinationale pour obtenir... un avion de chasse. Il avait ainsi découvert une faille dans un concours proposé par la marque, qui promettait ce bel engin contre sept millions de points Pepsi. Une publicité purement « fantaisiste » de leur côté mais un projet très sérieux pour le jeune homme. Un documentaire Netflix « Eh Pepsi ! Il est où mon avion ? » revient sur cette histoire très originale. Amusant et parfois inspirant ! |
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