Fragilité, empathie des moteurs essentiels de la vie. Un éditorial à lire en détail. Voilà deux thèmes très importants au niveau humain. La maladie et les épreuves peuvent nous mettre face à ces difficultés. La fragilité est évoquée dans le livre qui sort ces jours-ci aux PUF sur le poète Alessandro D’Avenia, »Qu’est ce qu’être fragile ». Comment se guérir par la fragilité et la poésie. C’est aussi accéder à sa sensibilité, des ressources insoupçonnées. Cela sous-entend si la fragilité peut être positive, que la force peut être posée sur des choses pas forcement justes. Ou encore qu’outre la force qui donne la solidité, il y a derrière une autre énergie qui peut nourrir autant que de permettre la remise en question. Cette énergie est la fragilité. Une force faible. Une sorte de yin, qui nourrirait notre yang. Un lieu où rien n’est certain, où tout peut se revoir ou se réfléchir, pour se régénérer et redémarrer. Une extraordinaire ressource. Pas étonnant que ce livre soit fait au départ du travail d’un poète. Qui, plus qu’un artiste, peut ressentir et nous montrer cette vertu. Je me souviens il y a presque 30 ans, je traversais une épreuve terrible dans ma vie. Des années de travail se trouvaient rayées d’un seul coup. Je parle alors avec une dame très sage et déjà âgée, je lui explique ce qui m’arrive. Après un moment de silence elle me pose juste « Alors vous êtes anéanti ?». Comme un sursaut, je réagis, je rebondis et tout fier de retrouver de la force je lui dis « Je vais repartir, recommencer, rebondir ». Elle laisse encore un silence, puis me pose juste « Dommage ». Je ne sais pas si j’ai réalisé à ce moment toute la force de cet enseignement. Bien sûr il m’a bousculé, mais ce n’est que longtemps après que j’en ai pris toute la profondeur. Je vous le partage aujourd’hui. La fragilité est ressentie aussi par la plupart des personnes malades surtout si la maladie est grave. L’idée du handicap ou de la mort arrive alors à notre esprit, nous confrontant à nous-mêmes dans le plus profond. Et c’est une bonne chose vous dirais je au risque de surprendre. Cette fragilité, ce passage, en apparence et souvent en réalité, difficile est pourtant un moment clé pour revivre, comprendre ce qui nous arrive. Il permet la remise en question aussi de nombreux piliers de notre existence. Il nous confronte à notre adaptabilité profondément. A la valeur réelle de nos valeurs et de nos principes. Il peut s’accompagner de phases de souffrances ou de dépression, mais ce ne sont là que d’ultimes étapes vers une vérité qui demande à se manifester. Une fragilité qui se manifeste « à l’insu de notre bon gré ». C’est notre simplicité et notre fragilité ainsi mise à nue qui révèle notre force profonde. C’est aussi un passage vers la vérité. Dans notre dénuement et notre fragilité il ne nous est plus possible de maintenir des faux semblants, des mensonges, gentils ou moins sympas, qui ont maintenu notre apparence sociale ou psychologique. C’est aussi là un dénuement qui mène à la vérité. Finalement cette faiblesse révélera la vérité de nous même si nous l’accueillons. |