| C’est un cliché inévitable tous les quatre ans que d’annoncer que le résultat d’une élection américaine aura une influence directe sur notre vie. J’éprouve donc des remords à le répéter une fois de plus, mais je ne le ferai qu’en fournissant trois exemples qui prouvent mon propos en cas de victoire de Trump. L’Ukraine, d’abord, puisque ce pays ne résiste que grâce au soutien américain. S’il était élu, Donald Trump y mettrait fin en négociant un accord de paix avec la Russie « en 24 heures ». Son vice-président potentiel a précisé qu’il s’agirait de céder tous les territoires ukrainiens conquis et de reconnaître la neutralité du pays, ce qui le mettrait à la merci de la Russie. Que feraient alors les Européens ? On doute qu’ils protestent, tant leur opinion publique en serait soulagée. L’Ukraine connaîtrait le sort de la Biélorussie et la Russie pèserait alors de tout son poids aux frontières de l'UE. L’Otan repose sur la crédibilité de la garantie américaine à la sécurité européenne. Quelle en serait l’analyse par Poutine, par exemple, en ce qui concerne les États baltes? Conclurait-il que Trump défendrait l’Estonie contre ses entreprises ? Poser la question, c’est y répondre. Il se sentirait alors libre d’exercer des pressions directes sur de petits pays vulnérables. Que feraient alors les Européens ? Enfin, Donald Trump a annoncé qu’il imposerait des droits de douane de 10 % sur toutes les importations et qu’il prendrait les mesures nécessaires pour faire disparaître les surplus commerciaux des concurrents des États-Unis, surplus qui s’élève à 190 milliards de dollars en faveur de notre continent. Rendrons-nous coup pour coup alors que jusqu’ici, dans des circonstances comparables, nous avons écouté nos entreprises, qui nous suppliaient de n’en rien faire? En France, certains se réjouiront en jugeant que ce sera le moment où nos partenaires qui s’y refusent aujourd’hui seront contraints de conclure que l’UE doit devenir une puissance de plein exercice capable de prendre son destin en main. Mon pari, que je préférerais perdre, serait au contraire une ruée en désordre des Européens à Washington pour plaider leur cause individuelle et essayer de s’en tirer mieux que leur voisin. « Encore un instant, monsieur le bourreau », disait Mme du Barry sur l’échafaud… En tout cas, si Donald Trump l’emportait le 5 novembre, la réunion d’un Conseil européen s’imposerait dès le lendemain, au moins si nous voulons agir et pas subir. |
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