Dès le début du XXe siècle et jusque dans les années 1970, les vacances d’automne correspondent au moment idéal pour récolter les pommes de terre. Ainsi les enfants, notamment en campagne, aident leurs parents à recueillir ce sympathique tubercule. A partir des années 50, le terme "vacances de patates" se démocratise dans certains cantons suisses romands, notamment à Genève. Aujourd'hui, à cause des bouleversements du climat et du vivant, la récolte de pommes de terre s’effectue en général entre le mois d’août et le mois de septembre. Ce qui rend l’appellation "vacances de patates" parfaitement obsolète. Mais son terme est resté inchangé, presque tatoué dans les livres d’histoires, et il fait désormais partie intégrante du vocabulaire buissonnier ! Certaines choses disparaissent tout en laissant une trace. En découvrant l’existence de l’Isle de Jean-Charles, en Louisiane, une île qui porte le même nom que son père, l’écrivaine française Hélène Gaudy s'est lancée dans l'enquête que raconte Archipels. Durant l’écriture de ce livre, elle décèle que ce lieu particulier, Jean-Charles, sera certainement la première localité des Etats-Unis à disparaître à cause du réchauffement climatique. Laisser une trace avant que tout ne disparaisse, n’est-ce pas le but ultime de la littérature? Bonnes écoutes et bonnes lectures!
mémoriel
En père-île
Hélène Gaudy, Archipels, ed. de l’Olivier Dans le delta du Mississippi, Hélène Gaudy découvre qu’une île porte le même prénom que son père. Jean-Charles, ce bout de terre bientôt englouti par la montée des océans, suscite chez elle l’envie d’une exploration de la figure paternelle, territoire auréolé de mystère, qu’elle ambitionne de sauver de l’engloutissement. Par Layla Shlonsky
Jean-Noël Orengo, Vous êtes l'amour malheureux du Führer, ed. Grasset Il fut l’amant intellectuel d’Hitler, son architecte, puis ministre de l’Armement. Affirmant n’avoir rien su de la Shoah, Albert Speer est le seul dignitaire nazi à avoir connu une carrière florissante post-emprisonnement, grâce à la publication de ses mémoires. Dans un roman aussi rigoureux que nécessaire, Orengo débusque les dérives de l’autofiction Speer. Par Ellen Ichters
Marie Mangez, Les vérités parallèles, ed. Finitude L’anthropologue-autrice imagine le parcours d’Arnaud Daguerre, journaliste Grand Reporter faussaire qui, durant des années, a fait croire qu’il couvrait brillament l’actualité internationale, alors qu’il ne sortait jamais de chez lui. Dans ce roman qui questionne la limite entre roman et journalisme, Marie Mangez brosse le portrait contrasté d’un mythomane torturé, à la limite du génie. Par Philippe Congiusti
Après Blizzard, Marie Vingtras continue de séduire libraires et lecteurs. Son deuxième roman, Les âmes féroces, a remporté le prix du roman Fnac 2024. Il raconte les secrets et les faux-semblants d'une petite bourgade américaine à la suite du meurtre d'une jeune fille. Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert Adaptation web: Sarah Clément
Delphine de Vigan, Les Figurants, ed. Gallimard, 122 p.
Après plusieurs romans dont Les enfants sont rois en 2021, l'autrice française Delphine de Vigan publie aujourd’hui sa première pièce de théâtre. Un hommage savoureux aux personnes qui, au cinéma ou dans les séries, ne font que passer à l’écran. Dans cette intrigue, l’écrivaine offre un coup de projecteur à quatre personnages bien brossés: Cécile, Orso, Bruno, Joyce et Nora. Ces figurants, rencontrés dans une loge, attendent ensemble les instructions de tournage. Vaguement dirigés par un assistant totalement débordé, les rôles vont peu à peu s’inverser. Délectable, profond et drôle, ce texte de théâtre se lit d'une traite! LS
guide
Vincent Périat, Atlas inutile de Paris, ed. Le Tripode, 128 p.
Vous pensiez tout connaître sur Paris? Que nenni! Vincent Périat, fleuriste et flâneur infatigable a passé plus de vingt ans à arpenter chaque quartier de la Ville Lumière comme d'autres explorent une île déserte. De son expérience de grand marcheur-rêveur, il a retenu 100 cartes: celles des tornades, des vieux, des poubelles, des pavés en bois, de la pêche à la ligne. Tout ce qu'on ne sait pas, tout ce qu'on a oublié et qu'on aimerait découvrir. SG
nouvelles
Jeanette Winterson, Histoires de fantômes, ed. Buchet Chastel, 336 p.
Depuis toujours, croyant·es et athées s’entourent de fantômes, spectres et apparitions de morts. Tantôt consolantes ou effrayantes, ces visites de l’au-delà nous confrontent aux limites de notre propre finitude. Dans 13 nouvelles (pas une de plus, pas une de moins), la romancière mancunienne Jeanette Winterson revisite les classiques gothiques et SF de la littérature fantomatique tout en les modernisant. Ici, une app qui ressuscite un disparu par le biais d’une IA, là, un manteau de fourrure ou des bottes hantés. Le doute s’installe, la superstition s’éveille; la lecture est envoûtante. EI
roman
Andreï Sobol, Le Panopticum, trad. Fanchon Deligne, ed. La Baconnière, 88 p.
Redécouvert par Annick Morard, ce bref roman du début des années 1920 met en scène, en une succession de tableaux grotesques, le remplacement d’un monde par un autre. Dans la petite ville de Krasno-Selimsk, le Panopticum donne à voir une collection de freaks vivants (la femme au cœur à gauche, l’homme avec la peau sur les os…), d’automates et de personnages historiques en cire. Survient une communauté d’anarchistes-égocentristes qui s’emploie à liquider les reliques du passé, avant de poursuivre son chemin. Métaphorique, souvent énigmatique, ce récit d’une fantaisie roborative témoigne du chaos socio-politique des premiers temps de l’ère soviétique. NJ
concurrentiel
Prix du public RTS: les finalistes
Le 38e Prix du Public RTS sera remis le 24 novembre prochain. Mardi soir à Lausanne, le jury, composé de quatorze auditrices et auditeurs de la RTS, a distingué les quatre finalistes du prix 2024: Julien Sansonnens, Fanny Desarzens, Lorrain Voisard et Sonia Baechler. Portraits croisés.
Depuis 2014, le Salon des petits éditeurs célèbre la passion et l’artisanat des métiers de l’édition. Créé au Grand-Saconnex, le Salon se tient désormais à Chêne-Bougeries, autre commune genevoise qui accueille, toute la journée du 9 novembre, 45 maisons d’édition, de nombreuses rencontres, tables-rondes et dédicaces d’auteur·ices et d’éditeur·ices du cru. Alexandre Regad , Président de l'Association Encre Fraîche éditions et co-fondateur de l’événement est l’invité de Quartier Livre, en compagnie de l’autrice Alice Bottarelli et des éditions Cousu Mouche. Animation: Nicolas Julliard / carte-blanche: Fanny Wobmann Quartier Livre, RTS La Première, di 3 novembre à 16h
Coincée par la neige, alors qu’elle est invitée à un festival de littérature en Lituanie, la romancière Sarah Popp est kidnappée par Anders, voisin de ses parents. Pourquoi cet homme souhaite-t-il tant que Sarah Popp écrive ce dont elle n’a jamais voulu parler? Dans son dernier roman moelleux et revigorant, Rose-Marie Pagnard fait déambuler son héroïne dans les méandres d’un passé inavouable qu’elle tente de fuir et qui pourtant se représente à elle chaque nuit. Animation: Ellen Ichters / Carte Blanche: Lorraine van Nijen Quartier Livre, RTS La Première, di 27 octobre à 16h
Rencontre avec Catherine Lovey L’Homme interdit, son premier roman, paraît en 2005 et remporte le Prix Schiller découverte. Suivront Un roman russeet drôle et Monsieur et Madame Rivaz, tous publiés aux éditions Zoé. Catherine Lovey crée des univers narratifs de crise qui poussent ses héros à mettre en doute leur identité même. Histoire de l’homme qui ne voulait pas mourir, son nouveau livre, hommage à Sándor Márai et à Léon Tolstoï, jette un regard aussi précis que frondeur sur notre époque. Il vient de remporter les Prix Michel Dentan, de l’Académie nationale de médecine 2024 ainsi que le Prix Alice Rivaz. La recontre sera modérée par Anne Pitteloud. Genève, Société de lecture, ma 5 novembre, 12 h-14h