| Dimanche matin, à l’aube, en écoutant la radio publique, France Info, commenter l’anniversaire de l'assassinat du professeur d'Arras, Dominique Bernard, j’ai été saisi de stupéfaction. Le chroniqueur, évoquant cette tragédie, pas une fois n’a précisé que l’assassin était un Tchétchène gagné aux idées barbares de Daech, pas une fois il n’a utilisé le mot « islamiste », mais seulement le qualificatif de « radical ». Le malheureux enseignant a donc été égorgé par un inconnu, un nobody, un radical, pas de gauche, certes. Erreur fatale. Les auditeurs de la radio d’État n’ont pu, en effet, comprendre l’origine de l’horreur, comme si l'identification du meurtrier sordide et barbare de Dominique Bernard devait rester sous cloche, était un délit. Ma stupéfaction fut accentuée quand le même chroniqueur, évoquant le traumatisme subi par les élèves du lycée, précisait que ces derniers étaient dans une forme de rémission, choqués par le drame qu’on nommait du bout des lèvres, et qu’ils avaient besoin d’être « guéris ». Là, mon sang n’a fait qu’un tour. Si les mots ont un sens, les victimes de la barbarie auraient donc besoin de soins post-attentats. Mais comment guérir d’un mal qu’on ne nomme pas, qu’on cache, comme une tumeur qui, à force de la dissimuler n’en finit pas de gonfler, au risque de provoquer des catastrophes. Cette stratégie du refoulement, du refus de regarder la réalité en face, est le pire des remèdes. Lire la suite de l'édito de Serge Raffy |
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