LA LUNE, SI LOIN, SI PROCHE. Un équipage de quatre astronautes aurait dû décoller en cette fin d’année à destination de la Lune, selon le planning initial du programme spatial américain Artemis. Cette mission, Artemis II, a finalement été reportée au mois de septembre 2025. Mais ce n’est pas le premier report. Les retards accumulés mettent en lumière la difficulté à renouveler un exploit technique après cinquante ans d’une politique d’exploration spatiale louvoyante, qui semblait avoir fini par se désintéresser de l’objectif Lune. Pourquoi notre satellite naturel s’est-il finalement imposé, à nouveau, sur l’agenda des agences spatiales, celui de la Nasa, mais aussi ceux de la Chine, de l’Europe... et d’un acteur désormais incontournable du domaine spatial, Space X ? Il semble bien que le programme américain Artemis – auquel l’Europe contribue –, les réussites des missions chinoises Chang’e 4 et Chang’e 6, comme les efforts considérables de Space X, font désormais de l’orbite lunaire bien autre chose qu’un objectif symbolique. L’orbite lunaire s’est muée en « un point de transit et un lieu d’expérimentation entre la Terre et la Lune », comme le souligne Dimitri Chuard [+], responsable scientifique des projets de prospective à l’Institut des hautes études pour l’innovation et l’entrepreneuriat. À travers le projet de station Lunar Gateway, intégré à Artemis, la Nasa maintient officiellement sa vision de la Lune comme une étape vers Mars, l’objectif ultime. Les déclarations grandiloquentes d’Elon Musk vont dans le même sens. Mais l’intérêt pour l’orbite lunaire dépend-il vraiment de cet horizon autrement lointain ? Les efforts qui lui sont aujourd’hui consacrés favorisent le développement des compétences et des technologies spatiales et promettent, par là, de soutenir l’extension des activités en orbite basse, qui se manifeste déjà avec la multiplication des constellations de satellites. Viser la Lune c’est, aussi (surtout ?), intensifier la conquête de l’espace... proche. Bonne lecture ! François Lassagne - Rédacteur en chef à Pour La Science. |