Il y a 3 000 ans, une civilisation avancée bâtissait des villes-jardins... Ils espéraient découvrir l’Eldorado, des villes oubliées sous le couvert de la forêt, regorgeant d’or. Las, les contrées de l’Amazonie ne recelaient rien de tel. Parmi les premiers Européens à s’y aventurer, le conquistador Francisco de Orellana, en 1541, avait pourtant rapporté la présence de cités s’étalant sur plus de 10 kilomètres de longueur. Avait-il rêvé? Sans doute son témoignage contribua-t-il au fantasme de l’Eldorado. Mais on sait aujourd’hui qu’il y eut bien des villes dans les vallées amazoniennes des Andes. Des villes non pas couvertes d’or, mais intimement mêlées au vert de la forêt environnante. Non pas El Dorado, mais El Verde! Si la civilisation qui les bâtit fut rapidement décimée par les maladies que les Européens amenèrent avec eux, elle eut néanmoins le temps de laisser des traces. Et quelles traces! L’archéologue américaniste Stéphen Rostain en a entrepris la quête à hauteur d’homme, d’abord, lors de nombreuses expéditions. Il a ensuite littéralement pris de la hauteur, les cherchant depuis le ciel, mobilisant la technique du lidar, dont les ondes pénètrent la canopée. Dans la vallée de l’Upano, en Équateur, des infrastructures, inscrites sur plus de 600 kilomètres carrés (six fois la surface de Paris), se sont alors révélées. Un urbanisme agraire, apparu il y a 3 000 ans, sommeillait sous le couvert végétal. Stéphen Rostain fait dans ce numéro le récit de cette incroyable découverte, qui éclaire l’histoire du continent sud-américain d’un nouveau jour. Bonne lecture ! • François Lassagne, rédacteur en chef à Pour la Science |