Au lendemain de la victoire de Donald Trump, les principaux indices boursiers américains étaient tous passés au vert vif. Le dollar s'est envolé de 1,8 % face aux devises de ses principaux partenaires commerciaux, quand l'euro descendait, lui, de 2 %. Pourquoi ? Parce qu'entre choc fiscal et chasse aux normes, les investisseurs savent que le casino américain continuera de tourner à plein régime, analyse François Miguet, journaliste au service économie. Le président élu envisage de faire tomber l'impôt sur les sociétés à 20 % ou 15 % et de rétablir des avantages fiscaux pour les entreprises, tels les amortissements immédiats des investissements en capital. Dans le même temps, le prochain locataire de la Maison-Blanche promet d'accroître les dépenses publiques visant les infrastructures. Si un dérapage des finances publiques américaines est attendu, le grand péril économique de la présidence Trump pourrait surtout naître de l'exacerbation du grand désordre géopolitique mondial. ► L'avènement du « sadopopulisme » ? Donald Trump n'est pas une anomalie de l'Histoire mais le président de notre époque, analyse Julien Peyron, rédacteur en chef adjoint du service monde. La guerre commerciale qui s'annonce avec la Chine – et avec l'Europe – devrait entamer le pouvoir d'achat de ses partisans ? Qu'importe ! Ces derniers semblent prêts à le suivre dans ces bras de fer, quitte à en payer le prix. L'héritier milliardaire d'un empire immobilier a réussi à convaincre les déclassés et les oubliés de la mondialisation qu'il était leur meilleur représentant. Timothy Snyder, titulaire de la chaire d'histoire à l'université Yale, voit dans le trumpisme l'avènement du « sadopopulisme », un concept qu'il définit ainsi : « Le leader sadopopuliste se sert de son charisme pour convaincre ses adeptes qu'il est plaisant de voir d'autres personnes souffrir. Aux États-Unis, beaucoup de Blancs sont prêts à souffrir s'ils estiment que les Noirs vont souffrir plus qu'eux. » |