La Bible, qu’est-ce que ça change? C’est le titre d’un petit ouvrage qui vient juste de paraître chez Labor et Fides - l’encre n’en est, pour ainsi dire, pas encore sèche. Son auteur, l’éminent bibliste Thomas Römer, nous dit en substance ceci: que la Bible n’est pas un livre, mais une bibliothèque. Une collection changeante de livres écrits ou coécrits à différents moments par différents auteurs, dont les visions du monde, de Dieu, de l’Etat, de la justice, du Vrai, divergent en permanence. Le livre le plus vendu du monde (très loin devant Harry Potter, et depuis longtemps) n’est pas un livre. C’est un agrégat de livres, en tension les uns avec les autres: ils se nuancent, se contredisent, se contestent, se subvertissent les uns les autres. Le livre des livres est une vaste conversation littéraire et philosophique, des plus animées. Peut-être plusieurs d’entre nous seraient-ils d’accord de dire que leur Bible personnelle, ce serait la bibliothèque de tous les livres du monde. Nul n’en lira jamais que d’infimes fragments. Il vient d’en paraître quelques-uns, d’ailleurs: de nouveaux fragments de la grande bibliothèque de tous les livres du monde. Bonnes écoutes et bonnes lectures! Francesco Biamonte
Leïla Slimani, J'emporterai le feu, ed. Gallimard
Dans le dernier tableau de la trilogie Le pays des autres, l’autrice franco-marocaine laisse la parole à Mia et Inès, enfants de la troisième génération de la famille Belhaj. Chacune à leur façon, les deux sœurs partent en quête de leur liberté, qui passe par l’exil et la solitude. ST
Afin de fuir la violence du "chef de famille", le narrateur de ce long monologue a refusé, enfant, de suivre ses parents dans leur nouveau logement. Réfugié au pied de l'immeuble, il crée "La Figure", une émanation de lui-même. Un conte aux frontières du fantastique, qui dit l'incapacité à raconter la violence. EI Lire la suite
Lors des funérailles de son père Paul-Bernard, Pierre découvre l’héritage tabou d’un homme qui se rêvait cinéaste engagé, mais qui devint caméraman durant la guerre d’Indochine, avant de se reconvertir en réalisateur de films X. Plongée dans une époque trouble mêlant chanteurs yéyés, vedettes porno et héritage colonial. PC Lire la suite
Après la tragédie de son adolescence, révélée dans Le consentement, Vanessa Springora remonte aux origines de son nom dans LePatronyme. La découverte d'archives familiales laisse penser que son grand-père tchèque aurait été membre du parti nazi et que son vrai nom ne serait peut-être pas Springora. PPC/olhor
Constantin Alexandrakis, L'hospitalité au démon, ed. Verticales, 240 p.
Un jeune père sombre dans la dépression et se met à écrire sur un traumatisme ancien qui hante sa vie d’adulte: plusieurs années durant, dans son enfance, il a été victime d’abus sexuels de la part d’un ami de sa mère. Ce texte très littéraire est bien plus qu’une confession: Alexandrakis crée une langue pour traduire la violence des sensations qui l’assaillent, le désarroi dans lequel il se trouve. Au-delà de son expérience personnelle, il explore et démontre la complaisance collective envers la pédocriminalité. ST
Essai
Antoine Jaccoud, Au K2! Portrait de Guillaume Perret, ed. art&fiction, 120 p.
Nouveau portrait de la passionnante série des éditions art&fiction, Au K2! suit le photographe neuchâtelois Guillaume Perret dans une exploration minutieuse d’un petit carré de territoire vaudois: la zone industrielle de l’Ouest lausannois, veinée par les méandres de la Sorge et les échangeurs autoroutiers. Pendant une semaine, Antoine Jaccoud documente, avec la malice qu’on lui connaît, la pratique d’un photographe modeste et attentionné, se racontant à mesure qu’ils arpentent en tandem ce territoire ingrat. Un portrait tendre, suivi d’un cahier de photographies rejouant, entre anonymes et paysages, l'ambiguïté entretenue par le dramaturge quant à la nature de ce fameux K2, sommet imaginaire ou simple repère cartographique. Délicieux. NJ
Bande dessinée
Helge Reumann, Kilmotor, ed. Atrabile 184 p.
Il souffle un vent et une énergie chamaniques dans cette œuvre graphique qui met en scène des personnages tous plus dingues les uns que les autres. Motocyclistes balafrés en tunique et longs cheveux, ombres et créatures en spirales ou dégoulinantes et étranges génies ressemblant à des nains de BD se donnent le change - ou pas, à coups de castagnes et de courses poursuites. Des mondes de contrastes s’affrontent littéralement et s’interpénètrent. Réalisé en noir et blanc et en quadrichromie, Kilmotor est déjanté, noir, agressif et humoristique. COC
Roman
Laura Poggioli, Epoque, ed. L'Iconoclaste, 253 p.
Dans le cadre d’un stage, Lara, une trentenaire mère de famille, s’immerge dans un service d’addictologie de l’enfant et l’adolescent. Les liaisons dangereuses que les jeunes patients entretiennent avec leurs écrans font écho à son adolescence et au fil des consultations, les souvenirs d'une douloureuse histoire personnelle refont surface. En mêlant le vécu de ces ados à celui de Lara, Laura Poggioli dresse un tableau saisissant de nos errements numériques. MH
Marc Agron a remporté la 11e édition du Prix du livre de la Ville de Lausanne 2025. L'écrivain lausannois a été distingué pour son quatrième roman, La vie des choses (ed. La Veilleuse) qui raconte l'histoire de Yann Mendelec, auteur à succès qui tombe dans l'oubli. Entre Paris et New York, ce dernier est prêt à de nombreux sacrifices pour retrouver la célébrité, mais à quel prix? ATS/mh
Quartier Livre, dimanche 26 janvier à 16h, RTS Première
Fortes d’un demi-siècle d’observation et d’accompagnement de la scène littéraire suisse, les éditions Zoé s’entourent d’une nouvelle génération d'autrices et auteurs, mobile, curieuse et inventive, et célèbrent leurs 50 ans par une rentrée remarquable, de nombreux événements, et un podcast. La directrice Caroline Coutau et l'éditeur Yannick Stiassny nous dévoilent dans Quartier Livre les coulisses de leur maison d’édition.
Philippe Brunel, Le cercle des obligés, ed. Grasset
A l'automne 1968, on découvre dans une décharge le cadavre du garde du corps et homme à tout faire d'Alain Delon. L'affaire Markovic éclate. Elle aura des ramifications jusqu'au sommet du pouvoir en France. Cette histoire, l'écrivain Philippe Brunel la raconte dans son roman Le cercle des obligés et au micro de Pierre Philippe Cadert dans Vertigo.
Genève, Maison Rousseau et Littérature, ma 28 janvier, 18h Réservations ici
Le psychanalyste et pédopsychiatre François Ansermet et l’écrivain Michel Layaz, nouent, renouent et dénouent les liens volontaires, imposés ou imaginaires qui forment l’origine du «soi». Si François Ansermet explore les rapports entre l’origine et le secret, la mort, la génétique, l’identité ou encore la technologie, Michel Layaz nous livre dans Deux filles (ed. Zoé) l’histoire d’un père et une réflexion sur la paternité. Une rencontre organisée en partenariat avec les éditions Labor et Fides et modérée par Mélanie Chappuis.