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Aujourd’hui dans Les Capitales : l’accord migratoire France-Royaume-Uni inquiète certains États de l’UE, quand l’aide au développement devient un outil stratégique, les agriculteurs bientôt de retour dans les rues de Bruxelles, sommet sur la reconstruction de l’Ukraine à Rome, et la Commission aurait injustement sanctionné la Pologne au sujet de la mine de Turow,.

EPA/ANDY RAIN

Jeudi 10 juillet, Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont annoncé un accord migratoire très attendu fondé sur le principe du « un pour un ». Concrètement, Londres pourra renvoyer vers la France certains migrants arrivés illégalement en traversant la Manche, en échange de l’accueil légal par le Royaume-Uni de demandeurs d’asile ayant des liens avec le pays.

Mais si Paris et Londres se félicitent de cette coopération inédite, l’accord met Bruxelles dans une position inconfortable. Plusieurs États membres du sud de l’UE — Italie, Espagne, Malte, Chypre et Grèce — ont alerté la Commission européenne sur les risques liés à ce type d’initiative bilatérale en matière de migration.

Leur inquiétude : que la France devienne un simple pays de transit pour les migrants renvoyés par le Royaume-Uni, avant qu’ils ne soient relocalisés, conformément au règlement Dublin, vers les pays où ils ont pour la première fois mis le pied dans l’UE — c’est-à-dire vers ces mêmes États du sud, déjà sous forte pression migratoire.

Keir Starmer a annoncé que les migrants arrivant illégalement sur le territoire britannique par voie maritime seront « placés en détention et renvoyés vers la France dans les plus brefs délais ». En contrepartie, pour chaque personne expulsée, une autre, identifiée comme « ayant des liens avec le Royaume-Uni », pourra légalement rejoindre le pays depuis la France.

Ce projet sera mis en œuvre à titre expérimental dans les prochaines semaines, bien que de nombreuses zones d’ombre subsistent quant à ses modalités concrètes. Emmanuel Macron a précisé que l’accord serait signé « dès que les procédures de vérification juridique auront été achevées, y compris celles impliquant l’Union européenne ».

Jusqu’à récemment, la Commission avait maintenu un silence prudent sur ce rapprochement franco-britannique. Mais la stratégie est devenue intenable à mesure que les tensions s’accentuent entre États membres sur la gestion migratoire, notamment entre le nord et le sud du continent.

Ce vendredi 11 juillet, la Commission européenne fait savoir qu’elle « étudierait » les modalités de l’accord présenté la veille.

« Le nombre croissant de migrants qui traversent clandestinement la Manche est alarmant et nécessite ne réponse robuste », a estimé Markus Lammert, porte-parole de l’exécutif européen cité par l'AFP.

Ce n’est pas la première fois que la France pousse à un partenariat migratoire renforcé avec Londres. L’an dernier, le ministre français de l’Intérieur et son homologue allemand avaient rédigé une lettre commune appelant Bruxelles à négocier un pacte migratoire UE–Royaume-Uni. Toutefois, cette initiative n’a jamais été officiellement transmise, malgré des déclarations publiques favorables de Paris et Berlin.

Jeudi, alors que l’accord France-Royaume-Uni était rendu public, la Commission européenne réaffirmait sa position officielle : elle dit « travailler avec la France et le Royaume-Uni », ainsi que d’autres États membres, à des solutions compatibles avec le droit européen. L’accord signé par les dirigeants britannique et français hier fait-il partie de ces solutions ? La Commission n’a pas répondu à cette question.

Après avoir longtemps annoncé son intention d’utiliser l’aide étrangère à des fins stratégiques, plutôt que simplement pour lutter contre la pauvreté, la Commission européenne passe enfin à l’acte.

Dans le cadre du règlement « Europe mondiale » 2028-2034, actuellement en cours de discussion à Bruxelles et obtenu par Euractiv, une mesure soulève des questions : il s’agit d’un projet prévoyant d’octroyer des subventions directes — sans appel d’offres — à des entreprises européennes, afin de favoriser des investissements à l’étranger qui serviraient « l’intérêt stratégique de l’Union ».

Une « attribution directe » pourrait être accordée, selon le projet de règlement, « afin de permettre des investissements ou de financer des études de faisabilité dans des domaines stratégiques tels que les matières premières critiques ou les infrastructures numériques et autres, en particulier dans le cadre de paquets intégrés, afin de renforcer l’autonomie stratégique de l’Union ».

La Commission ne cache plus son intention : elle ne souhaite plus prioriser l’aide aux pays les plus pauvres, mais plutôt chercher à gagner la faveur d’autres États et à ouvrir des marchés pour les entreprises européennes. Mais l’utilisation des fonds servant aujourd’hui à l’aide humanitaire pour financer des entreprises privées — qui pourraient certainement trouver elles-mêmes les moyens de financer leurs études — devrait être vivement contesté par les défenseurs de l’aide au développement.

Comme l’a confié un fonctionnaire d’un État membre de l’UE, il est un peu « délicat » de présenter une « aide d’État déguisée en aide au développement ».

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Les agriculteurs manifesteront dans les rues de Bruxelles mercredi prochain (16 juillet), jour de la présentation du premier projet de budget de l’UE pour l’après-2027. En ligne de mire : la possible fusion des politiques agricoles et de cohésion, et les menaces de coupes dans le budget de la Politique agricole commune (PAC).

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Comme prévu, Ursula von der Leyen a survécu, ce jeudi 10 juillet, à une motion de censure initiée par l’extrême droite au Parlement européen. L’homme derrière l’initiative, Gheorge Piperea, estime que « ce n’est pas une bataille perdue » et y voit même « une victoire ».

Giusi Princi a été un temps visée par une enquête pour corruption, avant qu'une erreur ne soit reconnue. Cet incident a conduit le Parlement européen à modifier son règlement pour mieux protéger les eurodéputés contre les accusations infondées.
L’UE va mobiliser 2,3 milliards d’euros pour la reconstruction de l’Ukraine, en créant, entre autres, un fonds spécial destiné à mobiliser aussi les capitaux privés, a indiqué jeudi 10 juillet la Commission européenne.
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L’UE et Israël sont parvenus à un accord visant à permettre l’acheminement d’une aide humanitaire supplémentaire à Gaza, qui devrait être livrée « dans les prochains jours », a annoncé jeudi 10 juillet la Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas

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Un nouveau quartier général installé à Paris pilotera pour un an la « coalition des volontaires » en soutien à l’Ukraine. Ce commandement multinational coordonnera les préparatifs d’une future « force de réassurance » prête à intervenir après un éventuel cessez-le-feu.
Selon le projet pilote, jusqu’à 2 600 demandeurs d’asile déboutés par le Royaume-Uni pourraient être renvoyés chaque année vers la France, ce qui correspond actuellement à environ trois semaines de traversées de la Manche via de petits bateaux.
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Le ministre italien de l’Agriculture a évoqué un projet visant à produire en Italie de la bresaola destinée au marché américain à partir de viande de bœuf… américaine. Une initiative qui pourrait contrevenir aux règles commerciales de l’UE.
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L’Italie s’est engagée jeudi 10 juillet à renforcer sa coopération avec l’Ukraine en matière de défense et à encourager les investissements privés pour soutenir la reconstruction du pays après la guerre.
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La Commission européenne aurait retiré à tort plus de 68 millions d’euros de fonds destinés à la Pologne pour non-respect d’une décision de justice liée à la mine de charbon de Turów, estime une avocate générale de la Cour de justice de l’UE (CJUE).

L’UE va « examiner » la décision d’Athènes de suspendre temporairement les demandes d’asile de personnes arrivant par bateau de pays d’Afrique du Nord, alors que le HCR et des ONG des droits humains ont dénoncé cette mesure.

Le Premier ministre slovaque et le chancelier allemand Friedrich Merz ont échangé des piques au sujet du veto de la Slovaquie contre le 18e train de sanctions de l’UE à l’encontre de la Russie.

« Il ne manque plus qu’un seul État membre pour que cette mesure soit adoptée », a déclaré Friedrich Merz lors d’une conférence à Rome jeudi 10 juillet. « J’exhorte donc la Slovaquie et son Premier ministre à cesser de bloquer son adoption. »

Robert Fico a répliqué sur les réseaux sociaux, affirmant qu’il refusait de négocier « sous la pression de paroles fortes ».

L’eurodéputé irlandais Seán Kelly membre du Fine Gael (Parti populaire européen, PPE), a fait savoir qu’il ne chercherait pas à être désigné comme candidat de son parti pour l’élection présidentielle irlandaise qui se tiendra plus tard cette année.

Édité par Anne-Sophie Gayet

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