Euractiv France
Les Capitales

Aujourd’hui dans Les Capitales : la course à la présidence de l’Eurogroupe, Bruxelles maintient son objectif de réduction de 90 % des émissions d’ici 2040, l’eurodéputé PPE retire sa signature de l’appel à une motion de censure contre la Commission, les Polonais divisés sur les allégations de fraude électorale à la dernière présidentielle et la Pride de Budapest fait bondir Viktor Orbán.

Les gouvernements socialistes d’Espagne et de Lituanie tentent de détrôner l’Irlandais Paschal Donohoe, ministre des Finances de centre-droit, de la présidence de l’Eurogroupe. Le vote décisif est attendu pour le 7 juillet. Mais l’actuel président, en poste depuis 2020, reste un adversaire de poids.

À la tête de l’Eurogroupe depuis le début de la pandémie de Covid, Paschal Donohoe (Fine Gael, Parti populaire européen/PPE), orchestre les réunions mensuelles de ce forum informel réunissant les ministres des Finances des 20 pays membres de la zone euro.

Candidat à un troisième mandat, l’Irlandais se présente comme un gage de continuité et de sérieux. Il serait en passe de réunir les 11 voix nécessaires pour rester en poste.

Paschal Donohoe devra tout de même faire face à deux adversaires. Vendredi 27 juin, l’on apprenait que le ministre espagnol de l’Économie, Carlos Cuerpo (indépendant) et son homologue lituanien, Rimantas Šadžius (Parti social-démocrate lituanien, LSDP), étaient également en lice.

Carlos Cuerpo, nommé ministre fin 2023 par le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, estime qu’un recours accru à la dette commune, comme l’a fait le bloc après la crise Covid, est une « évidence ». Une vision qui divise au sein de l’Eurogroupe, notamment dans les pays plus conservateurs sur le plan budgétaire. Détail révélateur, Carlos Cuerpo n’en a pas fait mention dans la lettre de candidature qu’il a adressée à ses collègues.

Se positionnant comme le candidat du renouveau, Carlos Cuerpo n’a pas hésité à critiquer implicitement Paschal Donohoe dans sa lettre de candidature. Il y affirme que « le moment est venu de passer de la discussion à l’action », insinuant que l’Eurogroupe se contente trop souvent de débattre sans agir.

« Carlos Cuerpo est favorable à un recours accru à l’emprunt commun et a proposé que le [budget septennal de l’UE] soit financé à hauteur de 2 % du RNB. Cette position radicale n’a pas obtenu le soutien de l’Allemagne, des Pays-Bas et d’autres pays frugaux », a expliqué un diplomate européen à Euractiv.

Sa candidature intervient également juste après le refus de l’Espagne d’atteindre le nouvel objectif de dépenses de défense fixé par l’OTAN, à savoir 5 % du PIB national contre 2 % actuellement. Elle intervient aussi à un moment difficile pour le gouvernement de Pedro Sánchez, ce qui soulève des questions quant à la capacité du candidat espagnol à tenir un mandat de deux ans et demi.

Un second diplomate estime d’ailleurs que l’heure n’est pas à récompenser le gouvernement espagnol en lui accordant une position de poids au sein de l'UE.

La candidature de Carlos Cuerpo pourrait donc davantage révéler l’isolement croissant des socialistes au niveau européen.

Paschal Donohoe, lui, bénéficie du soutien des six ministres membres du PPE, mais aussi de celui de la Finlande et de plusieurs ministres siégeant dans des gouvernements de coalition avec le centre-droit.

Certes, l’Eurogroupe suscite beaucoup moins d’attention aujourd’hui qu’au cœur de la crise de la dette grecque. Mais avec les menaces de tarifs douaniers brandies par Donald Trump, une conjoncture économique morose et la persistance des guerres, son rôle pourrait redevenir central dans les mois à venir.

EPA/GUILLAUME HORCAJUELO

La Commission européenne devrait proposer mercredi 2 juillet un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 90 % d’ici 2040, par rapport aux niveaux de 1990. Toutefois, elle devrait également offrir certaines flexibilités pour convaincre les États réticents de l’UE.

Motion de censure contre la Commission : l'eurodéputé PPE retire sa signature. L’eurodéputé slovène Branko Grims, le seul membre du Parti populaire européen (PPE) qui avait apposé sa signature à une pétition réclamant une motion de censure contre la Commission européenne dirigée par Ursula von der Leyen (PPE), a retiré son nom sous la pression interne massive.

À ce stade, rien n’indique que le PPE va sanctionner Branko Grims ou les autres eurodéputés de son parti, le Parti démocratique slovène (SDS) de Janez Janša, à Bruxelles avant les élections slovènes de 2026.

Branko Grims a indiqué sur X qu’il avait retiré son nom pour éviter toute « manipulation malveillante » et empêcher quiconque de faire le lien avec une initiative sans lien de sa collègue eurodéputée membre du même parti Romana Tomc. Cette dernière souhaite faire adopter une résolution controversée appelant la Slovénie à honorer la mémoire des victimes des crimes communistes commis après la Seconde Guerre mondiale. Le texte demande notamment la poursuite des enquêtes sur les fosses communes, l’ouverture des archives des services secrets yougoslaves, ainsi que la création de lieux de mémoire pour les victimes du régime communiste.

Les détracteurs de cette initiative estiment que la résolution ne devrait pas être débattue à Bruxelles et qu’elle ne vise qu’à marquer des points auprès de l’opinion publique slovène en amont des élections à venir. Les groupes des Socialistes et Démocrates européens (S&D), Renew (libéraux) et les Verts/ALE ont par ailleurs quitté la salle lors du vote sur ce sujet au sein de la commission des Pétitions (PETI) la semaine dernière, avant qu’une alliance entre la droite et l’extrême droite ne fasse adopter le texte.

Le vote en séance plénière aura lieu en juillet. Lors de la plénière à Strasbourg, la résolution devrait recevoir le soutien du PPE.

Getty Images/Beata Zawrzel_NurPhoto
Près de 40 % des Polonais ayant participé à un sondage réalisé pour le quotidien Rzeczpospolita estiment qu’il est possible que la récente élection présidentielle ait été entachée de fraude.

L’UE présente en force à la Pride de Budapest. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán est furieux après que 100 000 personnes ont envahi les rues de sa capitale samedi 28 juin pour participer à la marche des fiertés (Pride), défiant les menaces et les ordres de son gouvernement qui avait interdit l’évènement sous prétexte de protéger les enfants. Reuters a rapporté que Viktor Orbán avait qualifié l’évènement de « répugnant » et accusé l’UE d’avoir incité les responsables politiques de l’opposition à l’organiser.

L’évènement a été autorisé par le maire écologiste de Budapest, Gergely Karácsony, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait appelé la semaine dernière les autorités hongroises à lever l’interdiction.

Après le soutien affiché par 33 pays à cette manifestation, le ministre de la Justice a prévenu les diplomates en poste à Budapest que s’ils participaient à cet évènement interdit, ils devraient en assumer les conséquences.

Malgré les menaces, de nombreux responsables européens ont assisté à la Pride, notamment les dirigeants socialistes Iratxe García Pérez, la dirigeante de Renew (libéraux) Valérie Hayer et la commissaire européenne à l’Égalité Hadja Lahbib.

Au moins 70 eurodéputés avaient également annoncé leur présence « pour dire à Viktor Orbán qu’on ne tolérera pas qu’il démantèle le projet européen », selon les mots du Français Raphaël Glucksmann, qui a appelé Bruxelles à « mettre un stop » au dirigeant nationaliste.

« Merci, Viktor Orbán, d’avoir fait la promotion d’une société plus tolérante », a ironisé sur Facebook le maire écologiste de Budapest, Gergely Karacsony, qui avait décidé de maintenir la Pride envers et contre tout.

« Au lieu de marquer des points », le gouvernement « a marqué un énorme but contre son camp en tentant d’empêcher l’évènement aujourd’hui », a renchéri un autre opposant, Peter Magyar, dont le parti, Tisza, est en tête devant le Fidesz de Viktor Orbán dans les sondages avant les législatives du printemps 2026.

Cyberdéfense : Berlin coopère avec Tel-Aviv. L’Allemagne prévoit de développer un « cyberdôme » en coopération avec Israël afin de se défendre contre les drones et les cyberattaques. Le ministre allemand de l’Intérieur Alexander Dobrindt, qui a rencontré le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou en Israël ce week-end, a décrit ce système comme « holistique », combinant protection militaire et civile.

Il souhaite également renforcer la coopération entre les services de renseignement allemands et le Mossad israélien et créer un centre de recherche cybernétique germano-israélien.

Getty Images/Ben Stansall
Le président tchèque Petr Pavel a révélé dimanche 29 juin que les dirigeants européens avaient profité d’un dîner de l’OTAN à La Haye la semaine dernière pour exhorter Donald Trump à renforcer les sanctions contre la Russie, mais le président américain serait resté hésitant.

Édité par Anne-Sophie Gayet

Euractiv
Abonnez-vous
Euractiv Media BV - Boulevard Charlemagne 1, Bruxelles 1041 - Belgique
Copyright © 2025. Tous droits réservés.