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Aujourd’hui dans Les Capitales : motion de censure contre Ursula von der Leyen, droits de douane américains, Pedro Sánchez dans la tourmente en raison de scandales de corruption, tensions au gouvernement italien et débat sur une sortie de l’UE en République tchèque.

EPA-EFE/RONALD WITTEK

Le Parlement européen s’apprête à examiner, ce jeudi 10 juillet, une motion de censure contre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. L’initiative, portée par leurodéputé roumain d’extrême droite Gheorghe Piperea, s’inscrit dans un contexte politique tendu, mais n’a que peu de chances d’aboutir.

Il suffit de réunir 72 eurodéputés pour déposer une motion de censure. Toutefois, pour que la motion soit effectivement adoptée, elle doit obtenir les deux tiers des suffrages exprimés, représentant la majorité des 720 eurodéputés.

À Strasbourg, Gheorge Piperea (Alliance pour l'Unité de la Roumanie, AUR/Conservateurs et Réformistes européens, CRE) se lèvera pour défendre son texte, malgré sa reconnaissance publique de l’échec probable de la démarche, compte tenu du seuil élevé requis pour son adoption.

La motion — soutenue par un groupe hétéroclite de nationalistes polonais, de députés d’extrême droite et de sympathisants de Vladimir Poutine non-affiliés — se concentre sur le scandale Pfizergate.

Gheorge Piperea critique l’absence de transparence d’Ursula von der Leyen dans cette affaire, puisqu’elle n’a jamais divulgué ses échanges par SMS avec le PDG de Pfizer, Albert Bourla, au moment crucial des négociations sur les vaccins anti-Covid.

La motion reproche également à la Commission d’avoir interféré dans les élections en Allemagne, où la CDU, parti d’Ursula von der Leyen, est sorti vainqueur, ainsi qu’en Roumanie — où elles ont été remportées par le candidat pro-européen Nicușor Dan et contestées par le perdant, George Simion (AUR). Aucune preuve tangible n’est toutefois avancée à l’appui de ces accusations.

Enfin, la motion dénonce le contournement du Parlement par Ursula von der Leyen sur les prêts de défense conjoints, un sujet pourtant débattu dans d'autres cadres parlementaires.

Ursula von der Leyen doit répondre dès ce lundi soir aux interpellations des eurodéputés.

Critiques tous azimuts

Le groupe CRE, auquel appartient Gheorghe Piperea, a pris ses distances avec l’initiative.

Quant au PPE, premier groupe politique au Parlement, il fait bloc autour de la présidente issue de ses rangs.

Même si elle a peu de chances de passer, la motion permettra, un an après les élections européennes, aux opposants d’Ursula von der Leyen de se compter dans l’hémicycle de Strasbourg, note l'AFP.

Et elle pourrait aussi servir à régler quelques comptes au sein de la majorité « pro-européenne ».

En effet, la plupart des critiques acerbes adressées à Ursula von der Leyen ces dernières semaines ne sont pas venues de l’extrême droite, mais de ses alliés traditionnels du centre, qui déplorent surtout le glissement vers la droite du PPE.

Gauche et centristes ont régulièrement reproché au PPE son rapprochement avec les partis d’extrême droite, notamment pour remettre en cause ou adopter des lois.

Sans pour autant voter la censure, les alliés sociaux-démocrates et centristes — qui ont permis à la Commission d’être élue l’année dernière — pourraient réclamer des gages à Ursula von der Leyen.

Quoi qu’il en soit, ni les Socialistes et Démocrates (S&D), ni Renew (libéraux), ni les Verts ne voteront en faveur de la motion de censure. S’allier à l’extrême droite, même par agacement envers les rapprochements du PPE avec ces partis, serait un positionnement incohérent qu’ils refusent d’adopter.

Le PPE reste néanmois sur ses gardes. « Une présence totale du PPE lors de ce vote [de jeudi] est absolument obligatoire ! », peut-on lire dans un courriel interne du groupe consulté par Euractiv.

Jamais une Commission n’a été censurée par le Parlement. Le cas le plus marquant de vote de censure remonte à 1999, lorsque la Commission dirigée par Jacques Santer avait choisi de démissionner avant même le vote, après la publication d’un rapport pointant sa responsabilité dans plusieurs affaires de fraude.

La France est de plus en plus isolée pour réclamer des représailles aux droits de douane américains, qu’un accord soit conclu ou non avec les États-Unis.

Le ministre français des Finances, Éric Lombard, avait évoqué la semaine dernière la possibilité d’un accord au cours du week-end, mais celui-ci ne s’est pas concrétisé.

Sans accord, il avait prévenu que l’Europe devrait réagir avec « plus de vigueur ».

Emmanuel Macron lui-même a appelé l’UE à imposer des droits de douane équivalents aux États-Unis si l’accord laisse l’UE avec un droit de douane « universel » de 10 %.

La Commission européenne envisage de plus en plus un accord qui maintiendrait des droits de 10 % sur les exportations vers les États-Unis en échange d’un allègement pour les secteurs sensibles.

Olof Gill, l’un des porte-parole de la Commission, a affirmé que l’exécutif se préparait « à l’éventualité qu’aucun accord satisfaisant ne soit conclu ».

Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré ce week-end que les États-Unis n’appliqueraient désormais le taux de droits de douane le plus élevé qu’aux partenaires commerciaux qui ne signeraient pas d’accord avec Washington à compter du 1er août.

Concernant cette nouvelle date, alors que le 9 juillet était jusqu'alors évoqué, Olof Gill a indiqué lundi que la Commission travaillait toujours en vue de « parvenir à un accord de principe minimal avec les États-Unis d'ici le 9 juillet ».

« Si je comprends bien, les États-Unis ont indiqué qu'en l'absence d'accord d'ici le 9 juillet [...], certains droits de douane entreraient en vigueur le 1er août. Nous continuons donc à travailler dans cette perspective »
, a-t-il poursuivi.

Scott Bessent a également indiqué à CNN que les parties européenne et américaine « faisaient de très bons progrès », ce qui laisse espérer qu’un accord pourra être conclu pour éviter des droits de douane pouvant atteindre 50 %, comme l’avait menacé Donald Trump.

Dimanche 6 juillet, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a eu un « bon échange » téléphonique avec Donald Trump sur la question des droits de douane, a indiqué un autre porte-parole.

Il a assuré « que des efforts étaient toujours en cours à différents niveaux » pour parvenir à un accord commercial avec les États-Unis, rapporte l'AFP.

Le ministre irlandais des Finances, Paschal Donohoe, semble bien parti pour remporter un nouveau mandat à la présidence de l’Eurogroupe. Il est confronté à deux adversaires pour diriger le groupe des 20 pays de la zone euro : l’Espagnol Carlos Cuerpo et le Lituanien Rimantas Šadžius. Le vote aura lieu ce lundi 7 juillet dans l’après-midi. En savoir plus sur les candidats en lice.

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Le Premier ministre espagnol lutte pour sa survie politique alors que les scandales de corruption touchant son entourage rapproché plongent le Parti socialiste-ouvrier espagnol (PSOE) et la coalition au pouvoir dans une crise profonde.
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Le leader du Partido Popular (PP), Alberto Núñez Feijóo, a affirmé dimanche 6 juillet qu’il n’excluait pas de gouverner avec le parti d’extrême droite Vox.

À l’initiative de l’Allemagne, des ministres français, polonais, autrichien, danois, tchèque ainsi que le commissaire européen aux Migrations, Magnus Brunner, se réuniront à Zugspitze, dans les Alpes, le 18 juillet pour parler migration.

L’objectif est d’élaborer une initiative commune en faveur d’une politique migratoire plus stricte, plus rapide et mieux coordonnée à travers l’Europe, a indiqué vendredi 4 juillet un porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur à la presse.

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Le gouvernement de coalition de Giorgia Meloni a montré des signes de division ce week-end, Forza Italia s’étant opposée à ses alliés au sujet d’une proposition visant à élargir l’accès à la citoyenneté pour les enfants d’immigrés.
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Le leader du parti d’extrême droite tchèque Liberté et démocratie directe, Tomio Okamura, relance l’idée d’une sortie de la République tchèque de l’UE, alors que débute la campagne pour les élections législatives d’octobre.
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Le Premier ministre slovène a annoncé vendredi 4 juillet son intention de convoquer un référendum consultatif sur l’augmentation des dépenses de défense de la Slovénie voulue par l’OTAN.
EPA/STRATIS BALASKAS
Un nouveau groupe d’environ 230 migrants, qui se trouvaient à bord de deux embarcations au large de l’île de Gavdos, a été secouru lundi 7 juillet.

Édité par Anne-Sophie Gayet

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