Dictature de la tempête Montée des eaux, tempêtes, fonte des glaciers, assèchement des sols, chute de la biodiversité… Les effets du dérèglement climatique sur les milieux naturels ne sont plus à démontrer. Mais nos écosystèmes ne sont pas les seuls à en souffrir. Moins visible, un autre type de conséquences commence à être documenté. Avec un impact plus sociétal. Une toute récente étude du Potsdam Institute for Climate Impact Research publié dans « The Lancet Planetary Health » vient ainsi de révéler qu’il existe un lien direct entre les températures extrêmes et la fréquence des messages haineux en ligne. D’après une analyse statistique réalisée sur 4 milliards de tweets émis par les utilisateurs américains entre 2014 et 2020, les messages à caractère raciste ou misogyne augmentent de 22,5% lorsque la température dépasse 42°C et de 12,5% lorsqu’elle chute entre -3 et -6°C. Ce type de comportement affecterait semble-t-il également les personnes habitant dans les quartiers aisés disposant a priori de l’air conditionné. D’après les chercheurs, notre zone de confort où les messages haineux seraient le moins nombreux se situe entre 15 et 18°C. Une autre étude publiée dans le « Journal of Development Economics » a également mis en évidence le lien entre les conditions météorologiques extrêmes et la mise en place de régimes politiques oppressifs. L’étude a été réalisée sur 50 pays insulaires sujets aux catastrophes climatiques. Le Polity Score qui mesure le niveau de démocratie d’un pays chuterait de 10% dans les cinq années suivant une tempête majeure et jusqu’à 25% sept ans plus tard. En échange de l’aide d’urgence apportée, les gouvernements profiteraient de l’occasion pour resserrer leur contrôle sur les citoyens. Notamment via l’armée, sollicitée après la catastrophe. Les chercheurs qualifient d’ailleurs ce type de régime de « storm autocraties ». Il faut donc s’attendre à ce que le changement climatique affecte aussi de plus en plus la cohésion sociale. Et soit à l’origine de nouveaux conflits humains. Une raison de plus pour lui couper au plus vite l’herbe sous le pied. |