Les plateformes soignent leurs créateurs | | Chez les plateformes, la concurrence fait rage pour attirer les créateurs. Ces derniers sont désormais « la nouvelle monnaie d'échange des réseaux de médias sociaux, chaque plateforme s'efforçant d'améliorer son offre afin de garder les meilleurs talents créatifs », fait savoir Social Media Today. Pas une semaine sans une nouvelle annonce au bénéfice de l'économie de la création. On fait le point.
TikTok lance TikTok Live L'annonce de la semaine concerne TikTok, qui continue d'investir dans la creator economy. En vue de concurrencer Twitch, YouTube et compagnie, la plateforme a décidé de lancer ce jeudi 26 mai en bêta test, TikTok Live, un nouveau programme qui permet aux créateurs de générer des revenus récurrents grâce aux paiements de leurs fans les plus assidus. Soit un système « à la Twitch ». À l'image de ses rivaux, le nouveau service offrira aux abonnés une série d'avantages, comme un chat réservé aux abonnés, des émojis personnalisés, des badges. Le programme est pour l'heure accessible à un nombre restreint de créateurs – streamers de jeux, mais aussi artistes, vloggers, experts en beauté, créateurs ASMR, musiciens, danseurs. Si la tarification n'a pas encore été dévoilée, certains créateurs ont déclaré qu'elle était « comparable » à celle de Twitch. À titre de référence, les abonnements aux chaînes Twitch sont à 3,99 euros par mois et Twitch prend une part de 30% (qui devrait passer à 50 %) des revenus des abonnements. Pour Les Echos, cette initiative est « une façon, pour l'entreprise comme pour ses stars, de moins dépendre de la publicité » et une suite logique face à un contexte plus réglementé : « la diversification des sources de revenus est devenue d'autant plus nécessaire que les autorités de régulation resserrent la vis sur le ciblage publicitaire, qui repose sur la récolte de données personnelles », observe le média. Par ailleurs, pour marquer la différence avec ses concurrents, TikTok n'hésite pas à dénigrer ses rivaux dans des campagnes publicitaires. « Les influenceurs des plateformes concurrentes sont désormais plus susceptibles d'être perçus comme des "frimeurs" par rapport aux créateurs Tiktok » ou encore « Les créateurs TikTok sont davantage perçus comme des personnes pleines d'esprit, amicales, heureuses... », assurent-ils dans leurs slogans publicitaires... Et les autres alors ? TikTok n'est pas la seule plateforme à s'être lancée sur le marché des abonnements. En janvier, Instagram a lancé son premier test d'abonnements pour créateurs aux États-Unis, qui permet aux followers un accès payant à des vidéos Instagram Live et à des Stories exclusives. Cette semaine, Twitter, a également « franchi une nouvelle étape dans ses efforts pour renforcer l'attrait des créateurs », avec le lancement d'un nouveau mini-site Twitter Create, qui regroupe une série de conseils, d'informations et d'exemples destinés à aider les créateurs à optimiser leur présence sur Twitter. « Évidemment, étant donné l'accent mis sur la monétisation, les nouvelles offres de Twitter, telles que Super Follows et Spaces, sont les plus importantes, chacune offrant de nouveaux moyens de gagner de l'argent grâce à ce que vous faites dans l'application », explique Social Media Today. Le réseau à l'oiseau bleu a également lancé des espaces audio exclusifs pour les Super Followers, uniquement disponibles aux États-Unis et au Canada. Pour rappel, « le Super Follows est un programme permettant de suivre un compte bien précis en déboursant un abonnement mensuel allant de 2,99 dollars à 9,99 dollars par mois », développe Clubic. Quant à LinkedIn, les efforts s'intensifient autour du mode créateur, qui devient central chez la plateforme professionnelle. Ce sera tout l'objet de notre live ce vendredi 3 juin à 12 h... | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Si les influenceurs inspirent les cinéastes du Festival de Cannes – Sans filtre, de Ruben Ostlund, ou encore When you finish Saving the World, le premier film de Jesse Eisenberg – ils peuplent également la Croisette, sous la houlette des réseaux sociaux. Les dispositifs sont rodés : TikTok est partenaire officiel du Festival et envoie une équipe d'influenceurs pour fouler le tapis rouge (avec l'interdiction d'utiliser le smartphone, soit leur gagne-pain), Meta (maison mère de Facebook et Instagram) s'incruste en invitant une armée de 300 créateurs dans le Palais Bulles, une des résidences de feu Pierre Cardin transformée pour l'occasion en « paradis des influenceurs ». De son côté, le mastodonte YouTube est présent au côté du CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) et d'Arte pour participer à des résidences de créateurs. « On emmène des YouTubeurs, cinéastes et cinéphiles émergents pour rencontrer la profession. D'autres YouTubeurs produisent même des contenus, comme Amélie Zimmermann, résidente Arte CNC qui a créé Cannes en short avec notre nouveau format vertical », déroule Justine Ryst, présidente de YouTube France. Avec un but affiché : « faciliter la rencontre entre les deux mondes ». Pourquoi c'est un pavé ? « Le fait d'avoir un "Instagram village" sur place marque le changement de ton et d'époque », constate Jennifer Padjemi, autrice de Féministes & Pop culture. « Pourquoi pas, si ça ouvre le public et rend le truc moins élitiste (...) Cependant, le cinéma avait quand même plus d'importance il y a quelques années. Aujourd'hui, c'est anecdotique pour ceux qui ne sont pas là pour ça », nuance la journaliste sur Twitter. Cette intégration du nouveau monde ne se fait pas sans heurts. Chez les journalistes, les influenceurs –ces « caisses de résonance marketing », aspirés dans « le vortex du glamour » comme le résume Libération – suscitent l'énervement : « Les fameux "influenceurs" rivés sur leur portable tout le long du film pour checker leur audience TikTok/Instagram, ça n'a rien à foutre à Cannes. Faites-leur monter les marches si ça vous éclate, et qu'ils laissent leur place dans la salle. Pénible », s'agace Renan Cros, présentateur de Cercle Séries sur Canal +. L'amour du 7e art doit tenir le premier rôle. Au-delà des paillettes, on retiendra que l'objectif premier pour TikTok, Facebook et YouTube, tous de la fête cannoise, consiste à « mettre la main sur les budgets marketing de l'industrie du cinéma », d'après le Figaro dans son papier « Les influenceurs sèment la zizanie à Cannes ». Reste que la place des influenceurs demeure circonscrite. Lors de la montée des marches, les célébrités sont annoncées, contrairement aux influenceurs. Quant aux projections, si le Festival prévoit en majorité des places pour la presse et les personnalités, seules quelques-unes sont attribuées aux stars des réseaux sociaux. | UN FORMAT À LA LOUPE | | Les podcasters et les acheteurs de publicités ne sont pas sur la même longueur d'onde. Si les studios de création et les petites sociétés de production vantent les avantages des formats publicitaires personnalisés et longs, donc plus lucratifs, les acheteurs de publicités tels que MediaHub, Horizon Media et GroupM se reportent sur des publicités de moins d'une minute pour les podcasts, « car elles sont moins chères, sans compromettre la portée et l'attention des auditeurs ». C'est en tout cas la conclusion d'une enquête menée par Digiday, ce 23 mai. En parallèle, une étude de l'IAB (Interactive Advertising Bureau) sur les revenus publicitaires des podcasts aux États-Unis, publiée la semaine dernière, a réalisé ce constat : plus de la moitié des publicités dans les podcasts durent de 16 à 30 secondes – contre 38 % de l'inventaire publicitaire des podcasts en 2019. Cette part est suivie par les publicités d'une durée de 31 à 60 secondes, qui occupent 27 % de l'inventaire publicitaire des podcasts – contre 44 % en 2019. Les annonces de plus d'une minute ne représentaient que 3 % des annonces de podcast, selon l'étude – en baisse comparé aux 9 % de 2019. Jen Soch, directrice exécutive des solutions de canal chez GroupM, estime que les annonces lues par l'hôte d'une durée de 30 secondes restent les « préférées et les plus courantes ». À bon entendeur... | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Quand seul un homme qui gagne le Smic ose dire clairement son salaire, tandis que les autres sondés bottent en touche, le constat est clair : dévoiler sa rémunération reste un sujet très délicat en France. Lors d'un micro-trottoir dans le quartier du Sentier à Paris, le média Welcome to the Jungle est parti à la rencontre d'inconnus, les confrontant à cette question taboue : « Combien tu gagnes ? » Les langues se délient difficilement, entre ceux qui donnent une fourchette, qui n'entrent pas dans le détail, pris d'un soudain trou de mémoire ou encore qui refusent net de répondre, par « pudeur » ou par peur de créer de la jalousie. Un exercice intéressant doublé d'une analyse face caméra de Léa Lejeune, fondatrice du média Plan Cash. Selon la journaliste, cette retenue serait liée à l'histoire de la France, à l'épisode de l'abolition des privilèges : « On coupe la tête aux riches après la Révolution française. C'est aussi lié à la culture d'origine catholique, dans laquelle les derniers seront les premiers. Gagner de l'argent n'est pas forcément vu comme une bonne chose. » Elle insiste par ailleurs sur le fait que les entreprises françaises respectent assez peu les grilles salariales : « On continue à avoir une différence salariale à poste et expérience égaux, avec une différence d'environ 9 % entre homme et femme. S'il y avait de la transparence, on pourrait résorber ce gap », souligne-t-elle. Preuve que la vidéo appuie sur un point sensible, le reportage rythmé de 4 minutes 50 cumule plus de 3 000 likes, 260 partages et... 212 commentaires passionnés sur LinkedIn. | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Avis aux fans de la saga Star Wars ! La mini-série Obi-Wan Kenobi en 6 épisodes, tant attendue, est enfin disponible sur Disney+. On y retrouve les aventures du maître Jedi Obi-Wan Kenobi, interprété à nouveau par Ewan Mc Gregor (dix-sept ans après la sortie de La Revanche des Sith), dans une galaxie dirigée par l'Empire galactique et l'Empereur Sith Palpatine. Il vit reclus et pauvre sur la planète Tatooine en surveillant de loin le jeune Luke Skywalker. Hayden Christensen fait également partie du spectacle puisqu'il reprend le rôle de Dark Vador, vingt ans après avoir incarné l'un des méchants les plus redoutés du cinéma. À binge-watcher ici. Et sinon, si vous êtes fan de Tom Cruise et vous apprêtez à voir le blockbuster Top Gun, Maverick, Arte a mis en ligne un portrait passionnant de l'acteur, « âme troublée dans un (petit) corps qui court, saute et vole pour oublier sa mortalité ». Tom Cruise – corps et âme : à voir ici. |
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