Déforestation importée C’est un tournant majeur. Largement salué par les défenseurs de l’environnement. Le Parlement européen a adopté la semaine dernière à une très large majorité un projet de règlement visant à mettre fin à ce qu’on appelle la « déforestation importée ». Bientôt, les entreprises européennes devront donc garantir que les matières premières dont elles s’approvisionnent ne contribuent pas à ravager les forêts dans leurs pays d’origine. Surtout, les ONG ont réussi à convaincre les eurodéputés d’adopter la liste de productions concernées la plus exhaustive. Sont donc dans le collimateur le soja, l’huile de palme, la viande de bœuf, la volaille, le cacao, le café, le bois, le caoutchouc, le cuir et le maïs. Beaucoup de ces marchandises proviennent en effet de terres cultivées après avoir été déboisées sans ménagement, souvent par le feu. Selon un rapport du WWF, l’Europe serait ainsi responsable de 16% de la déforestation mondiale. Greenpeace précise qu’entre 2005 et 2017, les importations de l’UE ont provoqué le déboisement de 3,5 millions d’hectares, principalement à cause du soja (31%) et de l’huile de palme (24%). En France, les entreprises étaient déjà soumises par la loi à un devoir de vigilance. Ce qui n’a pas empêché les groupes Casino et Carrefour de se faire épingler en 2021 par l’ONG Mighty Earth pour non-respect de ce texte. Dans la foulée, en décembre dernier, les enseignes Auchan, Lidl et Carrefour se sont engagées à ne plus se fournir auprès de trois géants brésiliens de la viande soupçonnés de faire du « blanchiment de bétail » visant à tromper sur l’origine des bêtes. Si le texte est adopté en l’état, les entreprises devront certifier, documents à l’appui, l’origine propre de leurs marchandises. Ce qui devrait avoir un impact systémique positif. A condition cependant d’accompagner la transition des producteurs locaux qui, notamment en Afrique, ne déboisent pas pour le plaisir mais pour subvenir aux besoins de leur famille ! |