Êtes-vous pour ou contre l’intelligence artificielle ? Je vous rassure, la question est purement rhétorique, car d’un simplisme affligeant. Pourtant, à écouter le « bruit » autour de l’IA générative depuis presque dix-huit mois, nous avons sans doute tous eu l’impression d’être pris à parti de la sorte, par des amis, de la famille ou parfois même des inconnus au quotidien. Au-delà de la vision manichéenne qui voudrait que l’on doive être dans le camp des techno-solutionnistes ou dans celui des luddites (pour reprendre des termes régulièrement utilisés), le sujet doit cependant attirer notre attention sur des questions tout à fait légitimes pour les champions de l’IA. En effet, reconnaître que la profonde révolution qui se profile est inévitable, ce n’est pas forcément en faire une fatalité ou au contraire tout à fait un miracle. Plus que jamais, c’est la sommation de faire preuve d’exigence, de discernement et de finesse de réflexion. C’est pourquoi il est très intéressant de lire la lettre ouverte « Right to Warn » parue cette semaine, rédigée par 13 professionnels de l’IA, anciens employés ou toujours en poste chez OpenAI, Google DeepMind ou Anthropic. Contrairement à l’appel médiatisé de 2023 qui demandait de faire une pause – assez irréaliste reconnaissons-le – dans la course au développement et à la démocratisation de l’IA générative, cette nouvelle tribune appuie plus justement là où cela fait mal. Elle pointe une problématique de fond sur laquelle les dirigeants du numérique ont véritablement la possibilité d’agir. Son message est simple : il demande aux entreprises pionnières qui ouvrent le chemin de l’humanité vers le futur de l’IA d’être exemplaires en matière de protection des lanceurs d’alerte et de création d’une culture qui encourage les critiques en interne.
Lire la suite de l'édito |