Je suis une première nécessité C’est pas pour me vanter, mais, en tant qu’artiste, je me considère comme étant de première nécessité. On n’est pas QUE des animaux, merde ! On bouffe, on dort, on chie et on vomit quand on a trop bu. Mais ce qui nous fait réellement vivre, tenir, espérer et bander, c’est la poésie, l’humour et les émotions qui vont avec. Affirmer que les théâtres, salles de concert, cinémas, bars & restos, ne sont pas de première nécessité est d’un mépris grossier et inacceptable. Mécaniquement, tu as besoin de manger, comme une bête, ok. Mais si tu n’as pas aussi un peu de musique ou de littérature, tu restes un tube digestif, même pas une plante verte… Et les fleuristes ? J’affirme qu’un bouquet de fleurs, ça vaut un bon steak ou une tarte aux épinards. En plus, tu peux manger les pétales, et c’est beau un bouquet avec juste les tiges, c’est touchant, non ? Maintenant, je pose la question : est-ce qu'un homme politique est une première nécessité ? Force est de constater, pour reprendre leur phrasé obséquieux, que non. Non, non et non, définitivement non. Alors jetons les députés, sénateurs et autres cravateux vulgaires, débarrassons-nous enfin de tous ces nuisibles. Quant à toi Manu, je préconise un cric dans le cul, maintenu bien profond, et tourner la manivelle dans le sens inverse. Histoire de te ratatiner l’intérieur, pauvre débile … Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de la formule de politesse en usage de par chez vous. Quelques chiffres... Du fait des confinements et restrictions liés à la crise sanitaire, la saison écoulée a été catastrophique. Sur les 58 représentations prévues, 41 ont été annulées. Et ce, sans prendre en compte les contacts envisagés (une vingtaine) qui sont morts dans l’œuf… Ces annulations représentent un manque à gagner de 73000 € (uniquement les cachets artistiques, exclus les frais de déplacement), faiblement compensé par les aides de l’état (10000 €) et les dédommagements alloués par certains organisateurs généreusement compatissants (13000 €). Ce déficit, abyssal pour une structure comme la nôtre, a pu être digéré grâce à des finances saines et des économies patiemment engrangées au cours de 25 ans de professionnalisme. Après 2020, on flotte encore, mais la barque commence à prendre l’eau. Principales annulations : Sziget festival de Budapest (H), 7 jours avec Encore raté ! / La Strada à Graz (A), 3 jours de M. Culbuto / La Cité des Sciences à Paris, 5 jours avec la Torpédo Swing / La ZAT à Montpellier, 2 jours avec l’ACDC et la Torpédo Swing… Seau ouate... Et maintenant, on fait quoi ? Passés la sidération et l’ennui des confinements ravageurs, encaissée l’annulation des spectacles du printemps, des festivals de l’été et de la tournée hivernale, on s’ébroue péniblement et on s’efforce de reprendre le fil. Oui, mais quel fil, quelle route et dans quelle direction ? Une nouvelle newsletter pour vous dire quoi ? Le doute m’habite (comme disait Jean-Luc Carambar). Le monde court à sa perte à l’allure grand V. Caca, pipi, capitalisme débile, pourriture sans nom qui salope tout et dézingue nos vies, tu commences à sérieusement nous casser les couilles. Notre gestionnaire national en chef, empoudré vulgaire, accompagné servilement par ses sbires à cravates, ne fait rien qu’à nous embêter. Ne restons pas les bras croisés ! Lorsqu’un pitbull hargneux plante ses crocs acérés dans ta chair et que tu pisses le sang sans pouvoir t’en dépêtrer, n’use pas du bâton pour lui faire lâcher prise, il serre encore plus fort et mécaniquement sa mâchoire se bloque dans un sourire carnassier. J’ai appris récemment que la bonne solution pour s’en débarrasser était de lui foutre un doigt dans le cul. Alors Manu, méfie-toi, je suis ambidextre. PS : ce dernier paragraphe est, à quelques détails près, identique à celui de notre newsletter n°1007 en date de juin 2020. Comme c’était bon et toujours d’actualité, on vous l’a resservi. Pierre Pélissier |