L’Europe a compris l’éveil de la Chine

L’an dernier, au Salon de l’auto de Pékin, j’avais été frappé par l’austérité des modèles présentés par le stand Jetta, marque abordable du Groupe Volkswagen destinée au marché chinois. Ces Skoda et Seat d’ancienne génération, hâtivement restylées, étaient la preuve que le géant allemand n’avait pas changé d’état d’esprit par rapport à la Shanghai, une Passat adaptée au marché local. Un modèle qui lui a longtemps permis d’être numéro 1 dans l’Empire du Milieu, avant de se faire doubler par BYD. L’intérieur sombre et les tout petits écrans des Jetta tranchaient avec les modèles des constructeurs locaux qui, même en entrée de gamme, mettent en avant de la couleur et de grands affichages aux nombreux gadgets, dont le karaoké n’est pas le moins populaire.

Cette année à Shanghai, notre envoyé spécial Alain-Gabriel Verdevoye a pu toucher du doigt l’électrochoc qui a secoué le géant allemand. Ralf Brandstätter, PDG du groupe en Chine, y a annoncé « notre plus grande offensive dans l’histoire de la voiture électrique ». Volkswagen a présenté trois concepts-cars, joliment dessinés et on ne peut plus dans l’air du temps, correspondant chacun à une coentreprise nouée par le constructeur allemand avec un constructeur local : l’ID.Aura avec FAW, l’ID.Era avec SAIC et l’ID.Evo avec XPeng.

Même Audi s’y est mis, avec une « nouvelle marque » appelée… AUDI, en majuscule et sans le logo aux quatre anneaux. La nouvelle E5 Sportback ne ressemble pas aux autres modèles de la marque, et on peut même trouver des faux-airs de Lotus Eletre sur la partie arrière.

Voilà le souci des constructeurs européens aujourd’hui. Face à des géants locaux qui renouvellent leurs gammes à toute vitesse, il est plus que jamais nécessaire de capitaliser sur leur passé et leur identité et cela passe par le style. Ce qui semble parfois incompatible avec le goût des Chinois.

Tout le monde n’a pas la chance, comme Land Rover, d’avoir au catalogue un modèle aussi reconnaissable que le Defender, copié de toutes parts en Chine. Dernière imitation en date : le tout nouveau Geely Galaxy Cruiser, un de plus parmi une longue liste de SUV ressemblant étrangement au monument britannique.