Philippe Jaenada, Sans preuve & sans aveu, ed. Mialet-Barrault, 256 p.
Un livre peut-il sauver la vie d’un homme, victime d’une abominable erreur judiciaire? Enquêteur hors pair, Philippe Jaenada s’empare de l’affaire Laprie, le meurtre d’une octogénaire en 2004, pour mettre en pièces l’acte d’accusation. Le cas est édifiant: basé sur un seul témoignage, visiblement mensonger, un homme est condamné à 15 ans de réclusion au terme d’une enquête à l’amateurisme spectaculaire. Sans littérature, comme il l’affirme, mais sans se départir de sa verve caustique, Jaenada fait de son récit l’ultime rempart contre une justice aberrante. A défaut de sauver l’homme, il a déjà sauvé son honneur. NJ
 

Beyrouk, Saara, ed. Elyzad, 208 p.
Dépaysement assuré avec l’écrivain mauritanien resté profondément attaché à ses terres désertiques. Dépaysement géographique qu’accentue une langue toujours très poétique. En quelques chapitres abordés du point de vue des personnages, nous voici propulsés au cœur des métamorphoses sociales qui menacent les traditions du désert. En fil rouge, le projet d’un barrage et d’une école, la résistance d’une communauté soufie et la révolte d’une jeune femme profondément blessée. Tout cela sous l’œil d’une montagne hantée, tour à tour menaçante et protectrice. AS
 

Sally Rooney, Où es-tu, monde admirable, ed. de l'Olivier, 384 p.
Quatre vies qui se mélangent, se heurtent, se séparent et se retrouvent. Au centre de l’action – et de l’inaction – Simon, Eileen, Alice et Felix, des millenials vivant à Dublin et dans un village au bord de mer, paumés et pourtant bien trop conscients que trouver un travail, «gagner sa vie», acheter une maison ou avoir des enfants ne va pas être aussi simple que cela a pu l’être pour la génération de leurs parents. Il y a-t-il encore de la beauté dans ce monde à la dérive? La talentueuse autrice irlandaise en est convaincue: elle se trouve peut-être dans la seule chose que l’être humain peut encore contrôler: sa relation avec les autres. SG
 

Quentin Mouron, La Haine des oiseaux, ed. Olivier Morattel, 76 p.
Deuxième volet d’un triptyque poétique, La Haine des oiseaux explore les dissonances qui travaillent la vie de la jeunesse urbaine, entre plaisirs bourgeois, amours errantes et alarmes d’une actualité mondiale accablante. Fin analyste de nos contradictions contemporaines, Quentin Mouron joue de la rupture lexicale et sonore pour rendre à la poésie sa pertinence électrisante. NJ