Publicité en ligne : les médias attaquent Google en justice Un consortium formé par 32 médias internationaux a déposé plainte, mercredi 28 février, contre Alphabet, la maison mère de Google, pour « abus de position dominante » sur le marché de la publicité en ligne. Et les mots sont aussi précis que le montant réclamé en dommages et intérêts : 2,1 milliards d'euros, censés compenser le manque à gagner engendré, que comptent se répartir ces médias issus de 17 pays (dont une dizaine de pays européens, mais pas la France). Axel Springer en meneur de jeu « Les entreprises médiatiques concernées ont subi des pertes dues à un marché moins compétitif, qui est la résultante directe du mauvais comportement de Google, justifie le communiqué publié par les cabinets d'avocats Geradin Partners et Stek. Les médias d'information ont été impactés négativement, alors même que leur modèle économique est déjà affaibli par le déclin des abonnements aux éditions papier et la baisse des revenus publicitaires associés. [...] Si Google n'avait pas abusé de sa position dominante, les entreprises de médias auraient reçu des revenus publicitaires significativement supérieurs en payant des commissions plus faibles pour des services d'adtech. Surtout, ces ressources auraient pu être réinvesties pour renforcer le paysage médiatique européen. » À la tête de cette coalition médiatique principalement composée de médias locaux, on retrouve le groupe allemand Axel Springer, propriétaire de Politico, Business Insider, du sulfureux Bild (quotidien le plus lu en Europe) ou du conservateur Die Welt et, pour les fondus de foot business, de cette bible qu'est le site Transfermarkt. Un groupe qui, au passage, fut le premier à accepter qu'OpenAI utilise librement le travail de ses journalistes pour entraîner ses modèles d'IA. Contre « un chèque à huit chiffres », bien entendu. La France a ouvert la boîte de Pandore Pour justifier le recours en justice, tout ce petit monde s'appuie sur plusieurs actions antérieures, en espérant qu'elles fassent jurisprudence. Comme cette action menée en 2021 par l'Autorité de la concurrence (ADLC) française qui, à l'époque, avait établi que Google renforçait son quasi-monopole en favorisant sa solution Google Ad Manager – et notamment son serveur publicitaire DFP (Doubleclick For Publishers) ainsi que sa plateforme SSP (sorte de place d'enchères publicitaires) baptisée AdX –, débouchant sur un accord à l'amiable historique, dans lequel Google avait écopé d'une amende de 220 millions d'euros et consenti à modifier ses pratiques dans l'Hexagone. Le communiqué cite également le procès intenté par le gouvernement fédéral américain pour les mêmes raisons, sans oublier les enquêtes menées par la Commission européenne et l'autorité de régulation de la concurrence britannique, pays où une class action intentée par les médias réclame déjà plus de 15 milliards d'euros. Pointé une énième fois du doigt par ce jargon d'avocat, Google a réagi via la voix de son Head of Competition, Oliver Bethell, pour qui cette dernière plainte est « spéculative et opportuniste ». Il promet de s'y opposer « vigoureusement et factuellement ». On va suivre ça de près... | JUNGLE STORIES | Baromètre 2024 de la Leader Advocacy du CAC40Jeudi, nous présentions les résultats de notre Baromètre 2024 de la Leader Advocacy du CAC 40. Comment les dirigeants engagent leur audiences sur LinkedIn ? Avec quelle fréquence ? Via quels formats ? Sur quelles thématiques ? Qui engage le plus ? Qui a le plus d'impact ? Toutes les réponses à ces questions (et bien d'autres) sont dans notre baromètre à télécharger ici.
Et notre live est à revoir ici. |  | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | « Où sont les femmes sur YouTube ? » Le pavé est lancé dans la jungle des YouTubers par Lapeint, une jeune illustratrice, sur sa chaîne YouTube où, d'ordinaire, elle propose des contenus orientés mangas à ses 16 000 abonnés. Sauf que, dans sa dernière vidéo, postée le 26 février et intitulée « Chers YouTubeurs, vous déconnez un peu là... », elle s'attaque cette fois à la non-représentation des femmes sur le réseau numéro un du partage de vidéos... avec méthodologie. Pourquoi c'est un pavé ? Dès l'intro de la vidéo, le chiffre clé tombe : « Sachez que si on prend les 230 chaînes les plus suivies de YouTube France en termes d'abonnés fin 2023, seulement 18% d'entre elles sont tenues par des femmes ou alors montrent une femme à l'image, que ce soit dans un collectif ou dans un couple. Ce qui veut dire que 82% des chaînes sont tenues par des hommes ! » D'autant plus problématique que, comme précisé par Lapeint, qui s'est tout de même fadé les milliers de vidéos des divers créateurs pour monter son étude, « du côté des utilisateurs, on a la parité. On a quasiment 50-50 ». 51,7% même, en France, en 2023, selon ce rapport de Datareportal cité dans sa vidéo. Et les chiffres sont encore plus alarmants lorsqu'elle se focalise sur les contenus « feat and fun » publiés par le Top 10 des YouTubeurs français, où, d'Amixem à McFly et Carlito, les femmes ne pèsent qu'entre zéro et 28% des personnalités invitées pour décupler le buzz... Un déséquilibre qui, selon la YouTubeuse, contribue à aggraver le sexisme chez les jeunes générations et entretient les clichés genrés « qui restent dans la tête des gens, avertit-elle. C'est pour ça que c'est important d'inviter des femmes. Ça permet de déconstruire ces clichés, de montrer d'autres modèles. Il y a beaucoup de gens, par exemple, qui pensent que les femmes sont moins drôles que les hommes uniquement à cause de leur genre... ». | UN FORMAT À LA LOUPE | | | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Le 11 février dernier, les téléspectateurs du match opposant le Paris Basketball et le Saint-Quentin Basketball en Betclic Elite (la plus haute division du basket masculin français) ont eu droit à des images « inédites et immersives », dixit ce communiqué de presse. Et c'est peu de le dire... Après la kiss cam, voici la Betclic cam ! Trois caméras spécialement développées par la société Mindfly ont été positionnées sur le torse de deux arbitres et d'un joueur parisien pour permettre de vivre le match du point de vue des acteurs... Une première mondiale que même la NBA et les autres grandes ligues sportives américaines, pourtant pionnières dans ce genre d'innovations, n'avaient pas osée. Et pour ceux qui n'étaient pas devant Skweek ou la chaîne L'Équipe ce soir-là (on vous pardonne), le résultat est visible dans cette vidéo qui compile les meilleures séquences de la soirée. Vivement la caméra placée sur la chasuble des sprinteurs, le bonnet de bain des nageurs ou, soyons fous, dans les gants des boxeurs aux JO ! | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | C'est l'histoire de « l'incroyable expansion d'un prédateur discret devenu un champion du greenwashing ». Un prédateur nommé Ikea qui, derrière son image écolo et familiale, standardise les logements du monde entier depuis des générations (un exemplaire de Billy, sa bibliothèque dessinée par un enfant de quatre ans, se vend toutes les cinq secondes sur la planète). Avec ses 422 magasins dans cinquante pays, près d'un milliard de clients, 2000 nouveaux articles ajoutés au catalogue tous les ans, le groupe est devenu le plus gros consommateur de bois au monde et en dévore chaque année 20 millions de mètres cubes. Ce qui représente 1% des réserves mondiales, soit dit en passant... En d'autres termes, ceux de Xavier Deleu, coréalisateur de ce docu intitulé « Ikea, le seigneur des forêts » et dispo sur arte.tv, dans cette interview accordée à Télérama : « Ikea consomme un arbre toutes les deux secondes. Et exploite des forêts dans de nombreux pays, en promouvant un modèle de monoculture de pins, très rentable mais peu favorable à la biodiversité. » |
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