Rentrée colère
NICOLAS JULLIARD

Quelle est la couleur de la rentrée littéraire? A chaque nouvelle vague de publications, on cherche, c’est humain, à dégager des tendances, des tonalités, des courants forts dans l’air du temps. En France, où 490 romans se présentent aux libraires, la cause est entendue: Virginie Despentes et son Cher connard dominent les débats, au risque de faire de l’ombre à d’autres autrices et auteurs tout aussi pertinents dans leur analyse du monde contemporain. 

De Joseph Incardona, explorant en une fable douce-amère les cruautés de la fracture sociale à Emmanuelle Bayamack-Tam, osant l’utopie d’une secte poétique, en passant par Violaine Bérot et son analyse caustique des contradictions révolutionnaires, tous trois offrent, par les outils d’une littérature aventureuse, de nouvelles manières de considérer “le monde comme il débloque”, pour reprendre le titre d’un livre récent de Jean-Charles Massera. 

Quelle est la couleur de la rentrée littéraire? Sans préméditation, QWERTZ vous propose de l’aborder par le spectre de ce trio remuant, politique et humaniste. Une couleur vive, assurément. 

Bonne lectures et bonnes écoutes! 
JE M'INSCRIS !

HUMANISTE
Les grands tactiles

 
Son roman précédent (La soustraction des possibles) lui a valu le Prix du public de la RTS en 2021 et l’admiration de toute la francophonie. Le romancier lausannois Joseph Incardona revient avec le récit d’un duo mère-fils désargenté qui se laisse séduire par les promesses pécuniaires d’un jeu de téléréalité.

Par Francesco Biamonte


     

PICARESQUE
A l'épreuve du réel
 

Un professeur d’université découvre à son corps défendant la mise en application de ses théories révolutionnaires. Dans un récit joyeusement tortueux, Violaine Bérot interroge la cohérence de nos idéaux. 

Par Nicolas Julliard


     

LYRIQUE
Ménagerie de vers
 

Ecrivaine aux voix multiples, Emmanuelle Bayamack-Tam met en scène une secte religieuse anticapitaliste dans laquelle les genres se confondent et la poésie hante les chants et les esprits.

Par Sylvie Tanette


         

RENTREE LITTERAIRE
Place aux nouvelles voix!

 
L’automne 2022 se caractérise avant tout par un nombre important de premiers romans, qui laisse présager une réelle diversité dans le paysage littéraire francophone dans les années à venir. Côté poids lourd, Virginie Despentes avec son Cher connard domine les autres titres par la force de son écriture.

Par Sylvie Tanette/nj

     
BIOGRAPHIE
Steven Jezo-Vannier, Ma Rainey, la mère du Blues, ed. Le Mot et le Reste, 276 p.
Le Blues, c’est une grande histoire, d’accord. Mais c’est surtout une histoire de femmes puissantes, et s’il fallait n’en citer qu’une seule, ce serait sans aucun doute Ma Rainey. Poursuivant son exploration des musiques américaines, l’auteur Steven Jezo-Vannier raconte l’incroyable transformation de Gertrude Pridgett en Ma Rainey, pionnière moderne du Blues et de l’industrie musicale dans le décor georgien des années 1920. Un récit désinhibé et pittoresque qui met une petite claque aux codes du gangsta rap. EI

 
ROMAN
Gaëlle Josse, La nuit des pères, ed. Noir sur blanc, 192 p.
Appelée en urgence par son frère, Isabelle, documentariste, retourne dans le village des Alpes de son enfance vécue dans l’ombre d’un père taiseux, dénigrant, colérique. Les souvenirs d’une vie s’effacent petit à petit chez cet ancien guide de montagne et le moment est venu pour briser le silence, réparer peut-être les erreurs du passé, demander le pardon. Entre secrets inavouables, silences insoutenables et deuils insurmontables, Gaëlle Josse tisse un récit familial émouvant et troublant à la fois, fait d’ombres et de lumières. SG

 
ROMAN
Pierre Roubin, Conquérir le ciel, ed. Phébus, 160 p.
Enfant battu par un père bestial, l’homme au cœur de ce récit découvre, à la quarantaine, qu’il est atteint d’un cancer incurable. Père de trois enfants et mari aimant, il lui faut alors tout redéfinir par le jeu, la fiction, à commencer par cette masculinité qui l’a tant meurtri. Dans une langue lyrique, proche des expressions de l’enfance, Pierre Roubin compose un bouleversant adieu à la vie, ode à la tendresse et aux mots qui relient. NJ

 
ROMAN
Claudie Hunzinger, Un chien à ma table, ed. Grasset, 288 p.
Lui est un vieux grigou asocial qui passe ses nuits à lire. Elle est une romancière qui a gardé en elle le désir de faire corps avec le monde. Des vioques, le mot leur plait, qui vivent au cœur de la forêt. L’arrivée d’un chien errant trouble l’équilibre des jours. Car on ne vit pas de la même façon à trois qu’à deux. Loin de toute théorie, l’auteure pose la question de ce qui sépare l’Homme de la bête mais aussi celle du langage et de l’écriture. Des pages magnifiques évoquent les corps délabrés, l’amour toujours possible et l’insolence éventuelle de la vieillesse. AS
  • Plus de trente labels éditoriaux lausannois se présentent au public jusqu'au 27 août au Forum de l’Hôtel de Ville de Lausanne, à l’occasion de la manifestation Lire à Lausanne qui fête les maisons d’édition ainsi que les auteur·es lausannois·es. Fiction, BD, jeunesse, guides pratiques, santé, polar, sciences humaines, beaux-livres, revues littéraires et une nouveauté: le Théâtre Boulimie accueille pour la première fois une programmation alléchante. 

     
  • Pour sa treizième édition du 2 au 4 septembre, le Livre sur les quais propose des rencontres, des croisières littéraires, des performances scéniques et des dédicaces sur les quais de Morges et au sein de la ville. QwertzQuartier Livre et d'autres émissions de la RTS sont de la partie pour rencontrer les plumes de cette nouvelle édition. 
     

FILIATION
Double explosion

 
Quarante ans après la mort de son oncle, Anthony Passeron décide d'interroger le passé familial avec Les enfants endormis (ed. Globe). Évoquant l’ascension sociale de ses grands-parents, puis le fossé qui grandit entre eux et la génération de leurs enfants, il croise deux récits: celui de l’apparition du sida dans une famille de l’arrière-pays niçois – la sienne – et celui de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains. 

Par Anne Laure Gannac

     
LES ARCHIVES AUDIO DE QWERTZ
Ont collaboré à ce numéro
Francesco Biamonte, Sophie Grecuccio, Nicolas Julliard, Ellen Ichters, Anik Schuin, Sylvie Tanette. 


Crédits photographiques
Joseph Incardona: © Sandrine Cellard
Violaine Bérot: © Stéphane Lessieux

Emmanuelle Bayamack-Tam: © Hélène Bamberger/P.O.L

 
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