| | Edito Préparer le monde d’après par des infrastructures d’avenir
Le coronavirus a déjà tué près de trois millions de personnes dans le monde en un peu plus d’un an et constitue, à l’exception du Sida qui a tué 36 millions de personnes depuis son apparition en 1981, la pire pandémie que le monde ait connue depuis l’épouvantable « grippe espagnole » qui tua plus de 50 millions de personnes entre 1918 et 1919. A ce drame humain s’ajoute un drame économique et social dont on peine encore à mesurer l’ampleur. Dans ses dernières prévisions, la Banque mondiale prévoit que le PIB mondial n'atteindra que près de 84 000 Mds$ en 2020 et 87 000 Mds$ en 2021, soit une perte cumulée de plus de 10 000 milliards de dollars sur deux ans, par rapport à la situation qui aurait prévalu sans pandémie. Le FMI vient, pour sa part, d’estimer à 22 000 milliards de dollars les pertes économiques cumulées pour l’économie mondiale de la pandémie de coronavirus, entre 2020 et 2025, ce qui correspond à une chute brutale de 6 % par an, en moyenne, du produit mondial brut sur cette période. Face à cette situation catastrophique, la grande majorité des économistes s’accordent sur le fait qu’il faudra, dans le meilleur des cas, au moins 10 ans, non pour effacer cette pandémie, qui laissera des effets traces indélébiles sur nos sociétés, mais pour reconstruire un développement économique mondial durable et résilient, tirant les dures leçons de cette épreuve qui est loin d’être terminée. Pour éviter que le monde ne sombre dans une récession économique interminable et ravageuse, et pour favoriser une reprise de l’activité qui soit à la fois porteuse de richesses, d’emplois et d’amélioration des conditions de vie pour le plus grand nombre, il est un levier peu évoqué, mais qui peut pourtant, j’en suis convaincu, être un puissant moteur, s’il est utilisé à bon escient : celui des grandes infrastructures et équipements dont le monde a plus que jamais besoin, notamment dans les domaines de l’énergie et des transports. C'est une voie essentielle que viennent de retenir les Etats Unis. La Corée du Sud a annoncé il y a quelque semaines, la construction du plus grand parc éolien marin du monde d’ici 2030. Ce projet, d’un montant record de 36 milliards d’euros est l’un des volets majeurs du Green New Deal du président Moon Jae-in, lancé l’année dernière pour tenter de rendre la péninsule neutre en émissions de carbone d’ici 2050. L’installation proposera une capacité maximale de 8,2 gigawatts (GW), soit l’énergie produite pas six centrales nucléaires. Elle doit voir le jour au large de Sinan, une ville côtière au sud-ouest du pays. La construction de ce parc éolien offshore devrait créer jusqu’à 5 600 emplois et permettra à la Corée-du-Sud d’atteindre plus facilement son objectif de neutralité carbone d’ici 2050. En Europe, le grand rival du parc éolien sud-coréen sera le parc éolien britannique « Dogger Bank », dont la construction va s’étaler sur 7 ans, pour un montant total de plus de 10 milliards d’euros. Ce parc immense, qui s’étend au large des côtes du Yorkshire, à l’est de l’Angleterre, regroupera 280 éoliennes géantes, réparties sur trois zones de développement en mer sur près de 1700 km². La construction des installations terrestre a démarré début 2020.Lorsqu’il sera totalement achevé, Dogger Bank, avec sa puissance installé de 3,6 GW, pourra répondre à la consommation électrique de 6 millions de foyers, soit environ 5 % de la production d’électricité britannique. Début février, le Danemark a présenté un plan visant à construire la première île énergétique au monde dans la mer du Nord, qui produira et stockera suffisamment d'énergie verte pour couvrir les besoins en électricité de 3 millions de ménages européens. L'île artificielle, qui, dans sa phase initiale, aura la taille de 18 terrains de football, sera reliée à des centaines d'éoliennes offshore et fournira à la fois de l'électricité domestique et de l'hydrogène vert pour la navigation, l'aviation, l'industrie et les transports lourds. Cette décision intervient alors que l'Union européenne a dévoilé des plans visant à transformer son système électrique afin qu'il repose essentiellement sur les énergies renouvelables d'ici dix ans et à multiplier par 25 sa capacité d' énergie éolienne en mer d'ici 2050. Cette île énergétique sera achevée en 2033, pour un montant de 28 milliards d’euros et sera située à 80 kilomètres au large de la côte ouest du Danemark. Elle devrait aider le Danemark à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 70% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. En Afrique, continent qui va voir sa population multipliée par deux d’ici 25 ans, l’amélioration d’une production énergétique durable est devenue vitale pour le développement. Ce continent a la chance de disposer d’un immense potentiel hydroélectrique (qui lui permettrait de produire le double de sa consommation actuelle d’electricité) mais celui-ci n’est encore exploité qu’à 10 % de ses capacités. Néanmoins, plus d’un GW d’hydroélectricité a été installé depuis 2019 en Afrique et l’IHA (Association internationale de l’hydroélectricité) prévoit un doublement de la croissance des capacités hydroélectriques en Afrique d’ici 5 ans. Parmi les grands projets hydroélectriques du continent, il faut citer le barrage de la Renaissance (GERD) sur les eaux du Nil qui sera achevé en 2023 et doit atteindre une capacité de 6,45 GW. Construit par l’Ethiopie, cet immense barrage va permettre, non seulement de satisfaire l’ensemble des besoins électriques de ce grand pays de 110 millions d’habitants, en plein essor, mais encore de devenir le premier exportateur d’électricité vers les autres pays d’Afrique. Il permettra également l’irrigation de 500 000 hectares de terres supplémentaires. Autre projet majeur pour ce continent, le barrage du grand Inga, en République démocratique du Congo. Toujours suspendu à un accord entre l’Europe, la Chine et la RDC, cet ouvrage d’un coût de 80 milliards de dollars, représenterait, en cas d’achèvement complet (8 barrages au total) le complexe hydroélectrique le plus puissant du monde, l’équivalent de 24 centrales nucléaires, avec 40 à 44 GW de capacités, soit 40 % de toute la production africaine d’électricité et deux fois la production du barrage chinois des « Trois Gorges ».…. Quand on sait que seulement 10 % des habitants de la RDC (85 millions d’habitants) ont accès à l’electricité, on mesure mieux le rôle majeur que pourrait jouer pour ce pays et le reste du continent, ce vaste projet hydraulique, à condition toutefois de bien veille r à y associer les populations locales et d’en évaluer sérieusement l’impact global sur l’environnement. Les autres énergies renouvelables, solaire et éolien notamment, sont également appelées à jouer un rôle majeur pour répondre aux besoins énergétiques croissants du continent africain : en juin 2019 ; le plus grand parc éolien d'Afrique a été inauguré sur la rive Est du lac Turkana, au Nord du Kenya. Baptisé Lake Turkana Wind Power avec ses 365 éoliennes, ce parc atteint une puissance de 310 MW et fournit 20 % des besoins en électricité du Kenya. En Tunisie, un consortium international, TuNur, envisage de construire dans le sud-ouest du pays, une immense centrale solaire, d’une puissance de 4,5 GW d’électricité. Une partie de la production électrique de cette installation solaire hors normes serait acheminée vers le réseau européen, et pourrait alimenter plusieurs millions de foyers, en utilisant notamment la nouvelle ligne électrique sous-marine de 192 km de long qui devrait relier en 2025 la Tunisie et l’Italie. Le développement de l’énergie solaire à l’échelle planétaire va également passer par la réalisation de centrales géantes d’une capacité de production inédite. A la fin de l’année dernière, l’entreprise Sun Cable a ainsi annoncé son projet de centrale solaire hors normes construite à Newcastle Waters, en Australie. D’un montant total de 20 milliards de dollars, cette immense installation s’étalera sur 120 km2, le long de l’axe de la voie ferrée qui relie Alice Springs à Darwin, un emplacement idéal pour acheminer les matériaux utilisés à la construction de la ferme solaire. Les travaux devraient débuter en 2023 et la production d’électricité trois ans plus tard. L’exportation de l’énergie générée est quant à elle prévue pour 2027. Les responsables de cet équipement d’une capacité de 10 gigawatts destinent en effet deux tiers de leur production à l’alimentation en électricité de Singapour. Outre Singapour, la future infrastructure est aussi conçue pour fournir de l’électricité aux habitants de zones isolées du Territoire du Nord. En juillet 2020, EDF Renouvelable a remporté, en partenariat avec le chinois Jinko Power, un appel d'offres pour la construction d'une centrale solaire géante à Al Dhafra, à 35 kilomètres au sud de la ville d'Abu Dhabi. Cette installation qui devrait être achevée en 2022 aura une superficie de 42 km2, et alimentera en électricité l'équivalent de 160.000 foyers chaque année. Cette mégacentrale sera en outre la première de cette taille à utiliser des modules bifaciaux. Cette technologie très prometteuse consiste à capter le rayonnement solaire par les deux faces des modules photovoltaïques, ce qui augmente sensiblement la puissance de l'installation. En France, le projet Horizéo, porté par Engie et Neoen, en Gironde, prévoit d’installer une plateforme énergétique bas carbone avec un immense parc solaire, une production d’hydrogène, un data center et de l’agrivoltaïsme. Ce parc photovoltaïque d’une surface de 10 km2 aura une puissance d’un GW et devrait être le plus grand de France : il pourra alimenter l'équivalent de la consommation d’électricité de 600.000 habitants. Horizéo sera à la fois un parc photovoltaïque, une plateforme de production d'énergie verte qui alimentera un data center, et un large espace dédié l’agrivoltaïsme, qui permettra de faire de l’agriculture biologique en circuit court pour alimenter les cantines scolaires du département. En matière de voies fluviales, notre pays, après vingt ans d’atermoiements, s’est enfin donné, il y a quelques mois, les moyens de réaliser le canal Seine-Nord Europe, un canal à grand gabarit de 107 kilomètres, qui reliera l’Oise au canal Dunkerque-Escaut, de Compiègne à Aubencheul-au-Bac, près de Cambrai. D’un montant de 4,5 milliards (dont 1,8 mialliards financé par l’UE), la réalisation d’une telle infrastructure fluviale est une première en France. Ce canal très attendu va enfin relier les bassins de la Seine et de l’Oise au réseau européen, donnant à Paris et au sud de la région des Hauts-de-France un accès au réseau fluvial à grand gabarit. L’enjeu est à la fois économique et écologique : doubler les trafics fluviaux français et permettre à un bateau de transporter jusqu’à 4 400 tonnes de marchandises, soit l'équivalent du chargement de 200 camions. Une fois le canal réalisé, ce sont 30 000 emplois pérennes qui pourraient être créés grâce au canal. Comme le souligne le rapport de Michel Lalande de 2018, ce canal devrait « valoriser l’ensemble du losange Paris-Le Havre-Dunkerque-Strasbourg »,et contribuera de manière puissante à l’attractivité économique de la région des Hauts de France. En matière de grandes infrastructures ferroviaires à vocation européenne, le projet de liaison transalpine, ou projet Lyon-Turin, après de nombreuses années d’incertitudes et de controverses, est enfin entrée dans une phase décisive et irréversible, avec le creusement du tunnel principal sur 57 km. Le coût de cet ouvrage (8,5 milliards) doit être pris en charge à 40 % par l'Europe, 35 % par l'Italie et 25 % par la France, mais Bruxelles pourrait monter sa participation à 50 %. Lorsque cette liaison sera achevée, en 2030, plus d'un million de camions seront retirés des routes alpines, évitant 3 millions de tonnes de CO2 par an, soit l'équivalent produit par une ville de 300.000 habitants. Cette nouvelle liaison Lyon-Turin constituera le chaînon manquant entre l’est et l’ouest de l’Europe et le maillon central du corridor ferroviaire m&eacut e;diterranéen ». Après l’ouverture des tunnels du Lötschberg (34 km) en 2007 qui relie Frutigen (canton de Berne) et Rarogne (canton du Valais) et du Saint-Gothard (54 km) en 2016, qui relie Erstfeld dans le canton d'Uri à Bodio dans le canton du Tessin, la Suisse a inauguré en septembre dernier un nouveau tunnel : le Ceneri. Long de 15 km, il relie Vigana et Vezia dans le Tessin. En 2025, ce nouveau réseau ferroviaire européen sera complété par la mise en service du tunnel du Brenner qui traversera sur 64 km, un nouveau record, les Alpes orientales, reliant Innsbruck en Autriche à Fortezza en Italie. 320 trains de marchandises et 80 trains de voyageurs circulant respectivement à 160 km/h et à 250 km/h pourront emprunter quotidiennement le tunnel. Le tunnel du Brenner permettra à terme de multiplier par trois les capacités de transport par le rail sur cet axe : 1,8 million de poids lourds embarqués au lieu des 600.000 aujourd'hui sur les voies ferrés existantes, à ciel ouvert. Le fret ne mettra plus que 50 minutes en moyenne, pour traverser ce tunnel, contre deux heures aujourd'hui par la voie ferrée actuelle. Cet ambitieux projet d'infrastructure sera la clef de voute d'un nouvel axe ferroviaire européen longitudin al stratégique qui facilitera les échanges entre la Scandinavie et le sud de l'Italie en passant par l'Allemagne et l'Autriche et permettra de développer le ferroutage en décongestionnant les autoroutes soumises à une croissance inexorable du trafic de poids lourds. En Europe du Nord, les grandes infrastructures de transports sont également en train de bouleverser les territoires et de rapprocher les espaces. En 2000 a été achevé l’extraordinaire pont-tunnel,de l’Öresund, une merveille technologique et architecturale qui relie, grâce à un pont de 16 km, suivi d’un tunnel de 4km, Malmö et Copenhague, le Danemark et la Suède, le continent européen et la péninsule scandinave. Cet ouvrage sans pareil a permis la création de puissants pôles européens de compétences, comme ceux de Göteborg-Oslo (biotechnologies), et de Stockholm-Helsinki (télécommunications)… Il y a quelques semaines, un autre chantier gigantesque a commencé. Il s’agit du tunnel du Femharn Belt, qui va relier les villes de Puttgarden, dans le Schleswig-Holstein en Allemagne, et Rødbyhavn, dans le Lolland Falster au Danemark. Le projet devrait voir le jour en 2029 et profondément changer les plans de circulation vers le Danemark et la Suède puisqu’il permettra de s’affranchir soit du passage en ferry, soit du franchissement du pont de l’Öresund. Ce tunnel immergé de 18km, comprendra deux fois deux voies autoroutières et deux fois une voie ferrée. L’Allemagne et le Danemark seront ainsi reliés en 10 minutes en voiture à 110 km/h et en 7 minutes en train, permettant à ces derniers de relier Hambourg et Copenhague en trois heures (au lieu de quatre heures et demie). En Europe du sud, de grands projets d’infrastructures refont également surface et suscitent un regain d’intérêt. C’est par exemple le cas du projet séculaire de tunnel sous le détroit de Gibraltar, pour relier l’Europe et l’Afrique. L’idée de relier le Maroc à l’Espagne via un tunnel de près de 40 kilomètres creusé sous le détroit de Gibraltar a été lancée pour la première en 1869 par l’ingénieur français Laurent de Villedemil. L’Espagne et le Maroc avait lancé en 1979 une étude sur sa faisabilité, mais pour des raisons à la fois économiques, techniques et politiques, ce projet était resté au point mort. Mais depuis quelques mois, les choses avancent et un accord de principe semble se dégager entre les différents acteurs de ce projet, sous l’égide de la société espagnole d'études pour la communication fixe à travers le détroit de Gibraltar (SECEGSA). Le tracé retenu pour ce tunnel serait celui reliant la ville de Tarifa (Espagne) à celle de Malabata (région de Tanger, au Maroc). Long de 39 kilomètres, dont 28 sous la mer, à une profondeur de 475 mètres et avec une pente de 3 %. Le tunnel, qui sera équipé d’une voie ferrée, permettra d'établir un lien direct entre l'Europe et l'Afrique, reliant ainsi leurs réseaux de chemins de fer. Mais le projet de dimension mondiale de loin le plus ambitieux et le plus porteur de développement économique mais aussi aux plus lourdes conséquences politiques est celui lancé par la Chine en 2013, le fameux projet des « Nouvelles routes de la soie », en référence aux anciennes routes de la soie qui, depuis l’Antiquité, ont relié la Chine à l’Occident, en passant par l’Asie centrale, permettant pendant des siècles le développement de flux humains, culturels et commerciaux très riches entre l’Asie et l’Europe. Le projet chinois, estimé à plus de 1000 milliards de dollars envisage plusieurs liaisons autoroutières et ferroviaires qui relieraient l’Est de la Chine à la Russie et l’Europe, en passant par le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l'Iran et la Turquie. Deux autres routes sont envisagées pour rejoindre l'Europe : une passant par le Kazakhstan et la Russie, et l'autre traversant le Kazakhstan via la mer Caspienne. Cette route permettra notamment de faciliter le commerce entre la Chine populaire et les pays d'Asie centrale. Une liaison ferroviaire allant de la région autonome ouïghoure à l'Iran et desservant le Tadjikistan, le Kirghizistan et l'Afghanistan est également envisagée. La Chine estime que sa « belt and road initiative » aura un impact sur plus de 4,4 milliards d'habitants, soit 63 % de la population du Globe. Et qu'elle pourrait peser sur 29 % du PIB mondial. Le pouvoir chinois attache une telle importance à ce projet qu’il l’a fait inscrire dans sa Constitution et a affirmé sa volonté de le mener à bien d’ici 2049, pour le centenaire de la République populaire de Chine, même s’il doit en financer lui-même la plus grande partie… Dans sa version inachevée, cet axe routier stratégique mondial est déjà, pour une partie, une réalité et en février 2019, la première livraison par la route de marchandises européennes, un camion néerlandais chargé de lubrifiants automobiles, n’a mis que 12 jours pour faire un voyage de 7 400 km de l’Allema gne jusqu’à l’ouest de la Chine, en passant par la Pologne, la Biélorussie, la Russie et le Kazakhstan. Il est vrai que la Chine, qui était encore il y a trente ans un pays sous développé en matière d’infrastructures, a conscience de l’importance absolument décisive pour son développement économique, mais aussi pour son rayonnement géopolitique, de disposer d’infrastructures ferroviaires et routières suffisamment nombreuses et de qualité pour irriguer cet immense pays, grand comme les Etats-Unis, mais quatre fois et demi plus peuplé. Et l’effort déployé par la chine pour atteindre ce but est proprement incroyable : en 20 ans, ce pays s’est doté du plus grand réseau ferré à grande vitesse du monde, 39 000 km et vise un réseau de 70 000 km en 2035. A cet horizon, la totalité des 70 métropoles chinoises de plus de 500 000 habitants seront reliés à ce réseau à grande vites se. Parallèlement au développement spectaculaire de son réseau, la Chine ne cesse d’améliorer ses technologie de transports : elle a ouvert fin 2019, sa première ligne à grande vitesse complètement automatisée entre Pékin et Zhangjiakou, distantes de 175 km. Le TGV atteint la vitesse maximale de 350 km/km, reliant ces deux villes en 47 minutes, au lieu de 3 heures. En matière de routes, la Chine a réussi à se doter en trente ans du plus grand réseau autoroutier du monde, 142 000 km qui relient toutes les villes du pays de plus de 200 000 habitants… En matière maritime, la Chine tente également depuis presque vingt ans de convaincre la Thaïlande de construire, grâce à un aide financière chinoise massive, le canal de Kra,qui relierait l’océan Indien et l’océan Pacifique en connectant la mer d’Andaman au golfe de Thaïlande. Pour la Thaïlande, le canal de Kra, dont le coût de construction est estimé à 30 milliards de dollars, donnerait la possibilité de relier plus facilement ses deux façades maritimes. Ce canal permettrait d’économiser environ 3 jours de traversée en raccourcissant de 1 200 kilomètres l’une des routes maritimes les plus fréquentées du globe, reliant l’Asie du Sud Est à l’Europe ou l’Afrique. Cette nouvelle liaison bouleverserait également l’équilibre géopolitique de toute cette régio n d’Asie du Sud-Est, en faveur de la Chine, et de l’Inde, mais au détriment de Singapour qui voit passer le quart du commerce maritime mondial. Evoquons enfin un dernier projet dévoilé en 2015 par le président de la Société des chemins de fer russes Vladimir Ivanovitch Iakounine, un proche du Président russe Vladimir Poutine. Il s’agit de rien moins qu’une autoroute transcontinentale d’une longueur record de 20 300 km, reliant Paris à New-York, via le détroit de Bering. Baptisée Trans-Eurasian belt Development, cette liaison routière suivrait un itinéraire similaire au Transsibérien, à travers des villes d’Ekaterinbourg, Irkoutsk et Vladivostok, puis après avoir traversée par un tunnel les 88 km du détroit de Béring, elle se poursuivrait vers Fairbanks, en Alaska, avant de traverser les provinces du sud du Canada (de la Colombie britannique à l’Alberta), puis de bifurquer sur Minneapolis, Chicago, Washington et enfin New York. Le trajet aller-retour serait d’environ deux semaines, à une vitesse de 130 km/h de moyenne. Vladimir Iakounine voit cette liaison, qui se veut une réponse géopolitique aux nouvelles routes de la soie lancées par la Chine, comme un « projet de civilisation » ; il souligne qu’il permettrait un développement économique et touristique sans précédent de tout le Nord-Est de la Sibérie, une immense région, aussi grande que l’union européenne, qui compte moins de 10 millions d’habitants et recèle un potentiel considérable de développement économique et touristique. Il faut nous rappeler qu’en 2040, même selon les estimations les plus prudentes, la population mondiale atteindre 9,2 milliards d’êtres humains et comptera 1,4 milliard d’habitants en plus qu’aujourd’hui, l’équivalent de la population actuelle de la Chine…C’est donc maintenant que nous devons être capables de voir loin et de préparer le monde de demain en sachant faire les investissements d’avenir qui permettront à tous les hommes de se déplacer plus facilement, et d’avoir un meilleur accès à une énergie propre, à l' eau potable et à une alimentation suffisante. Les grandes civilisations du passé, l’Egypte, la Mésopotamie, la Grèce, Rome, la Chine, nous ont montré que des réalisations et infrastructures qui ont pu paraître, en leur temps, irréalisables et trop ambitieuses, ont finalement p u changer le monde. Les grands ouvrages, ponts, routes, canaux, tunnel, centrales de production d’énergie, lorsqu’ils sont bien conçus, bien réalisés et bien entretenus, et servent l’intérêt général, ne sont pas les ennemis de la nature et de l’environnement ; ils peuvent changer la vie des hommes et sont porteurs de progrès techniques, économiques et sociaux majeurs, comme la longue histoire de l’homme le prouve. Marchons sur les traces de ces bâtisseurs et ingénieurs romains qui, il y a deux mille ans, ont su réaliser l’impossible, en amenant l’eau d’Uzès à Nîmes, sur plus de 40km de reliefs tourmentés, avec, comme point d’orgue, le magnifique pont de Gard, merveille d’architecture et de construction, que nous pouvons toujours admirer aujourd’hui, et qui est la preuve éclatante que, lorsque l’homme sait conjuguer l’audace à l’ingéniosité, il peut dépasser ses limites pour le bien commun. René TRÉGOUËT Sénateur honoraire Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat e-mail : tregouet@gmail.com
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| | Information et Communication | |
| | | Baptisé "AI-Severity", l'outil -dont le code est en open source- a été élaboré par les médecins et chercheurs de Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne), de l’hôpital Bicêtre (Le Kremlin-Bicêtre, AP-HP), de l’Inria et la start-up Owkin, est-il précisé dans un communiqué de Gustave-Roussy diffusé le 27 janvier. La pandémie de Covid-19 a mis les services de réanimation sous pression, de sorte qu’identifier les critères qui permettent de prédire la sévérité de la maladie est rapidement devenu une priorité. En août 2020, deux études parues dans l’European Respiratory Journal rapportaient le développement de nouveaux algorithmes décisionnels pour le diagnostic de Covid-19 et l'analyse pronostique, notamment un système d'apprentissage profond (deep learning) automatique développé à partir d'images de scanner thoracique et un modèle utilisant aussi des données cliniques et biologiques. Le consortium porté par Owkin a ainsi développé un outil d'IA utilisant les techniques d’apprentissage profond et intégrant les données cliniques, biologiques et radiographiques de patients atteints de Covid-19 pour prédire l’évolution de la maladie, et notamment le risque d’aggravation, de passage en réanimation ou d’intubation. Il a souhaité évaluer l’efficacité de cet outil ainsi que l’apport des informations tomographiques sur la précision du diagnostic. Au total, ils ont collecté les données cliniques et biologiques ainsi que les scanners thoraciques de 1.003 patients infectés par le Sars-CoV-2 et hospitalisés à l’hôpital Bicêtre et à Gustave-Roussy. Ils ont ensuite entraîné leur modèle d'IA à prédire la sévérité de la maladie, en se basant sur les différentes variables recueillies. "Sur 65 paramètres évalués au total, cinq se sont révélés plus particulièrement significatifs dans le calcul du pronostic : la saturation en oxygène, le taux de plaquettes (indice de la fonction médullaire), le taux d’urée (reflet de l’altération de la fonction rénale), l’âge et le sexe", est-il résumé dans le communiqué. "En combinant ces 5 paramètres et le scanner 3D, l’IA devient capable de calculer de manière précise un score de gravité qui catégorise le malade en fonction de sa probable évolution, son risque de transfert en réanimation, d’avoir besoin d’une assistance respiratoire, etc.". Dans la cohorte de validation qui comportait 135 patients, l’outil a prédit une sévérité moyenne de 22 %, alors que des complications sévères sont survenues chez 30 % des patients. L’outil a ainsi permis, dans cette cohorte, de prédire la gravité du Covid-19 avec une spécificité de 94 % et une sensibilité de 47 %. La valeur prédictive positive était de 76 % et la valeur prédictive négative de 81 %. Bien que les informations apportées par le scanner thoracique se reflètent dans d’autres variables cliniques, l'inclusion de ces données a légèrement amélioré le pronostic de sévérité future, précisent les auteurs. En outre, cet outil s’est révélé significativement plus performant que 11 autres scores de gravité existants (COVID-GRAM, le score NEWS2 modifié pour le Covid-19 et le score de mortalité 4C, notamment), avec une différence d'aire sous la courbe de 0,07 à 0,28 pour la cohorte de validation. Installé en routine clinique dans le service de radiologie de Gustave-Roussy, cet outil calcule un score de gravité gradué de 1 (risque très faible) à 5 (risque très élevé) en deux à trois minutes et "peut être fourni au médecin en même temps que le compte rendu de scanner pour chaque patient évalué" afin d’adapter au plus tôt la surveillance du malade et anticiper une éventuelle dégradation, souligne Gustave-Roussy. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash TicPharma | | ^ Haut | |
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| Nanotechnologies et Robotique | |
| | | Des chercheurs du Brigham and Women's Hospital (BWH, Boston) ont développé un nouveau système d'administration de médicaments à base de nanoparticules, particulièrement adapté au traitement des troubles cérébraux. La technique qui permet en effet de passer la barrière hémato-encéphalique démontre ici, dans la revue Science Advances, son efficacité à délivrer le médicament au cerveau, chez un modèle animal. « Ce nouveau mode d'administration testé sur des modèles murins promet une pénétration sans précédent d'ARN », assure l’auteur principal, Nitin Joshi, PhD, bioingénieur associé au Centre de nanomédecine du département d'anesthésie du BWH. Pour faciliter l'administration d'agents thérapeutiques au cerveau, l’équipe de bioingénieurs de Boston a développé une plate-forme de nanoparticules. La solution encapsule des agents thérapeutiques dans des nanoparticules biocompatibles avec des propriétés de surface précisément conçues pour permettre leur transport dans le cerveau, indépendamment de l'état de la barrière hémato-encéphalique. L’équipe montre sur la souris modèle de lésion cérébrale traumatique que ce nouveau mode d'administration permet une concentration d’agents thérapeutiques 3 fois plus élevée dans le cerveau que les méthodes conventionnelles d'administration. La solution s’avère ainsi beaucoup plus efficace sur le plan thérapeutique, ce qui ouvre un grand espoir dans le traitement de nombreux trouble s neurologiques humains. Les promesses des ARN interférents (siRNA) : la thérapeutique utilisée dans l’étude est une petite molécule d'ARN interférent conçue pour inhiber l'expression de la protéine tau, qui joue un rôle clé dans la neurodégénérescence. Un polymère biodégradable et biocompatible utilisé dans plusieurs produits existants approuvés par l’Agence américaine Food and Drug Administration est utilisé comme matériau de base pour les nanoparticules. Les propriétés de surface des nanoparticules ont été travaillées de manière à optimiser leur pénétration à travers la barrière hémato-encéphalique. Une réduction de 50 % de l'expression de tau est observée chez des souris modèles ayant reçu les nanoparticules. Cette approche va permettre aux médecins de traiter les blessures secondaires associées aux traumatismes cérébraux qui peuvent à terme entraîner le développement de la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson et d'autres maladies neurodégénératives. Cette technologie est applicable à de nombreux troubles neurologiques où la délivrance d'agents thérapeutiques au cerveau est souhaitée. De plus, la technologie pourrait permettre l'administration d'un grand nombre de médicaments divers, y compris des antibiotiques, des agents antinéoplasiques et des neuropeptides. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Science Advances | | ^ Haut | |
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| | | Les matériaux quantiques portent nombre de promesses. Ils pourraient servir à fabriquer des calculateurs quantiques fonctionnant à température ambiante, des capteurs insensibles aux interférences et des panneaux photovoltaïques à haut rendement. Problème : l’étude de ces matériaux aux propriétés électromagnétiques spécifiques s’avère complexe. Dans la revue Science, des chercheurs de l’Université du Michigan (États-Unis) et de Ratisbonne expliquent avoir mis au point une méthode permettant de cartographier leur structure et leurs propriétés. Une avancée qui vise à faciliter le développement de nouveaux matériaux quantiques. Pour y parvenir, les scientifiques ont utilisé un laser aux pulsations ultra-rapides, de 100 femtosecondes. Soit 100 millionièmes de milliardième de seconde. Ces flashs lumineux excitent les électrons du matériau analysé, qui se déplacent et émettent de la lumière. Grâce à cette réaction lumineuse, les chercheurs ont pu observer précisément l’état quantique d’un cristal de diséléniure de tungstène, un matériau semi-conducteur. Ils ont également mesuré le pseudo-spin des électrons qui le composent, un élément utile pour stocker et analyser de l’information quantique, et effectué la cartographie atomique du matériau, mesurant précisément l’altitude des vallées où se déplacent les électrons. Une information idéale pour comprendre le comportement d’un matériau et trouver ses futurs usages. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash L'Usine Nouvelle | | | |
| Une équipe australienne de chercheurs de l'Institut Royal de Technologie de Melbourne (RMIT University)a montré qu'il était possible d'utiliser les ondes à haute fréquence pour l’administration ciblée de médicaments et la synthèse de matériaux intelligents. Voilà maintenant une dizaine d’années que l’équipe du professeur Leslie Yeo étudie les interactions entre les matériaux, les cellules et les ondes sonores de plus de 10 MHz. Pendant toutes ces années, ils ont observé des phénomènes étranges : ils commencent tout juste à les comprendre. La propagation d’ultrasons (10 kHz à 3 MHz) dans un milieu liquide provoque l’implosion de bulles d’air appelées bulles de cavitation. De ce phénomène de cavitation localisé, il résulte une brusque montée de la température et de la pression. La sonochimie consiste à exploiter cette énergie pour induire des réactions chimiques. Que se passe-t-il au-delà de cette gamme de fréquences ? La transmission d’ondes à haute fréquence dans divers matériaux et même des cellules vivantes a des effets pour le moins étranges. « Nous avons vu des molécules qui semblent s’orienter dans le cristal selon la direction des ondes sonores » affirme Leslie Yeo. Contrairement à la cavitation, les ondes sonores à haute fréquence ne détruisent pas les molécules et les cellules, un avantage précieux qui les rend utilisables pour de nouvelles applications biomédicales, telles que l'administration de médicaments et de vaccins par inhalation, l'encapsulation de molécules dans des nanoparticules polymères, ou encore l'incorporation de molécules thérapeutiques dans des cellules. Le nébulisateur ultrasonique à haute fréquence dont il est question ici est un dispositif breveté appelé « Respite ». En plus d’être économique, léger et portable, cet appareil est capable d’administrer de grosses molécules comme de l’ADN ou des anticorps. Le dispositif breveté “Respite” utilise des ondes sonores à haute fréquence pour administrer des traitements par inhalation, de manière ciblée. Les applications médicales ne sont qu’un exemple des possibilités offertes. L’équipe du professeur Yeo s’intéresse également à la synthèse de réseaux organométalliques (MOF), des matériaux de nouvelle génération qui ont une surface de contact interne gigantesque, ce qui les rend très utiles pour la purification de l’eau, de l’air ou le stockage de l’énergie. Avec les procédés actuels, la synthèse des MOF demande des heures, voire des jours, requiert l’utilisation de solvants agressifs et consomme beaucoup d’énergie. Mais cette équipe de chercheurs a développé une méthode propre, permettant la synthèse de MOF en quelques minutes. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash MIT | | | |
| Créée par trois jeunes ingénieurs en 2019, via l’incubateur de l’École des Mines d’Albi, Hycco développe un composant pour pile à combustible qui pourrait révolutionner l’industrie de l’hydrogène. Ses plaques bipolaires plus légères, plus résistantes et moins sensibles aux impuretés permettront d’élargir considérablement la durée de vie et les plages d’usage des piles à combustibles. La technologie actuelle des piles à combustible basée sur des électrolyseurs, appuyés sur le mécanisme d’oxydo-réduction, souffrent de problèmes de poids et de durabilité. La société Hycco, installée dans le pôle aéronautique toulousain propose une alternative : la plaque bipolaire. Ultra légère, d’une durée de vie estimée à plus de 20.000 heures, de très faible épaisseur, elle permet à l’industrie de l’hydrogène d’entrevoir de nouvelles voies de conception de piles à combustibles. La technologie, parfaitement adaptée aux piles à combustible PEM basse température et haute température, pourrait également s’étendre aux électrolyseurs, aux batteries à oxydo-réduction ou aux piles à combustible au méthanol. Les structures à base de plaques bipolaires supportent une dose massive d’impuretés (un millier de fois plus que les technologies actuelles) et peuvent donc fonctionner ou biogaz, gaz naturel ou méthanol. Un avantage décisif puisqu’élargissant massivement le champ de production d’hydrogène vert. Grâce aux plaques bipolaires, à base de carbone, les piles à hydrogène deviennent une alternative énergétique compétitive dans le secteur des transports (aviation, trains, bus, camions…) et des applications maritimes fortement émettrices de CO2. Ce d’autant, qu’extrêmement compactes et légères (épaisseur de 0,3 mm pour une densité de 1 gramme / cm 3), elles peuvent être utilisées jusqu’à 180°C sans subir de dégradation au cœur de l’environnement particulièrement agressif d’une pile à combustible. Pour Romain Di Costanzo, un des trois fondateurs, nul doute que « Hycco développe les composants de la prochaine génération de pile à combustible ». Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash H2 | | ^ Haut | |
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| Santé, Médecine et Sciences du Vivant | |
| | | L'Institut de recherche en biomédecine (IRB) de Bellinzone a développé un double anticorps de nouvelle génération, capable de protéger non seulement contre le Covid-19, mais aussi contre ses variants, et d'empêcher la mutation du virus. La découverte a achevé sa phase pré-clinique. Dans l'arsenal clinique de lutte contre le SARS-Cov-2, les vaccins occupent une place dominante. Mais de nouvelles perspectives thérapeutiques s'ouvrent aussi, comme les traitements à base d'anticorps monoclonaux, issus de la biotechnologie. Deux fabricants américains proposent actuellement ces anticorps comme traitement curatif : Regeneron et son cocktail d'anticorps casirivimab et imbdevimab - un traitement rendu célèbre après avoir été administré à Donald Trump - ; et la firme Eli Lilly avec son bamlanivimab. Dans un laboratoire tessinois, on a peut-être trouvé une arme plus redoutable encore : une molécule à base d'anticorps baptisée Cov-X2. « On a testé le virus de la variante anglaise et l'anticorps fonctionne sans aucun problème, comme pour le virus standard. Les tests en laboratoire démontrent qu'il fonctionne également contre les variantes sud-africaine et brésilienne », assure le directeur du laboratoire de l'IRB à Bellinzone, Luca Varani. Les résultats des tests précliniques menés sur des souris donnent de grands espoirs. D'après Nicolas Winssinger, professeur au Département chimie organique de l'Université de Genève, il s'agirait d'une véritable avancée : « Etant donné qu'il s'accroche au virus avec deux bras et tient la protéine du virus plus fortement, une mutation dans le virus aura un impact moindre que si l'anticorps n'avait travaillé qu'avec un bras », illustre l'expert. Autrement dit, la probabilité que l'efficacité de cet anticorps s'érode avec des mutations est moindre. Le produit de Regeneron combine lui aussi deux anticorps monoclonaux, donc deux "bras", mais avec deux anticorps, tandis que la molécule développée par le laboratoire tessinois est concentrée dans une seule molécule. « Le bénéfice, lorsque les deux bras sont à proximité, c'est qu'ils coopèrent », précise Nicolas Winssinger. Les anticorps monoclonaux offrent non seulement un espoir de traitement efficace, mais ils sont aussi un moyen de se protéger du virus. Leur coût très élevé en comparaison au vaccin ne permettrait toutefois pas d'en constituer une alternative. Pour Luca Varani, les deux produits doivent être complémentaires : « Il y aura toujours des personnes qui ne répondent pas bien à un vaccin, comme par exemple les patients cancéreux subissant une immunothérapie. Un anticorps les protégerait du virus ». Le directeur du laboratoire de l'IRB note aussi un deuxième atout de l'anticorps, il protège immédiatement, contrairement au vaccin, qui ne protège qu'après quelques semaines et une deuxième injection. « En cas d'infection virale dans une maison de retraite ou dans un hôpital, il n'est pas possible d'attendre plusieurs semaines pour qu'un vaccin fasse effet. L'administration d'anticorps aux individus non infectés, au contraire, les protégerait immédiatement ». Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash RTS | | | |
| Selon une étude réalisée par des chercheurs allemands de l'Université technique de Dresde, les composés naturels trouvés dans les pommes pourraient stimuler la neurogénèse, c’est-à-dire la production de nouvelles cellules cérébrales. Les phytonutriments étudiés sont la quercétine et l'acide dihydroxybézoïque (DHA). Ces substances sont également présentes dans les raisins rouges ou encore dans le thé vert. En ajoutant ces deux substances à des cellules souches cultivées en laboratoire à partir de cerveaux de souris adultes, les chercheurs ont observé que les cerveaux de ces souris sont également mieux protégés de la mort cellulaire. D’autres tests menés sur des souris ont révélé que dans des structures distinctes du cerveau adulte associées à l'apprentissage et à la mémoire, les cellules souches se multiplient et génèrent plus de neurones lorsque les souris ont reçu de fortes doses de quercétine ou de DHA. Les effets sur la neurogenèse sont comparables à ceux observés après l'exercice physique. La quercétine est l’un des flavonoïdes les plus répandus dans le règne végétal. Des études épidémiologiques ont suggéré que les personnes ayant les plus forts apports alimentaires en quercétine ont un risque réduit de développer certaines maladies comme l’asthme, le diabète de type 2, certaines maladies cardiaques et certains cancers (poumon, prostate, colorectal, pancréas…). C’est également un antihistaminique naturel et ses vertus antiallergiques calment les emballements du système immunitaire et apaisent les symptômes de la rhinite et de la conjonctivite allergique. L’étude conclut que les composés naturels de ce fruit, tels que la quercétine, la DHA et potentiellement d'autres, peuvent agir en synergie pour promouvoir la neurogenèse et la fonction cérébrale lorsqu'ils sont administrés à des concentrations élevées. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash AJCN | | | |
| Une équipe de neurologues de l'Université McGill a identifié un lien entre la dépression majeure et un tout petit groupe de cellules du cerveau qui soutiennent la fonction neuronale : ainsi, les chercheurs identifient des différences de composition cellulaire du cerveau chez les adultes déprimés décédés par suicide par rapport à des personnes en bonne santé mentale. La découverte, présentée dans la revue Frontiers in Psychiatry, qui met à nouveau en avant le rôle clé des astrocytes, laisse espérer des options de traitement mieux ciblées. La dépression clinique, provoque un sentiment persistant de tristesse et de perte d'intérêt, menant à différents troubles émotionnels et physiques graves. Avec l’approbation du comité d'éthique canadien, l'équipe de l'Institut Douglas (Université McGill) a pu analyser des cerveaux post-mortem pour préciser le rôle des astrocytes dans la dépression. C’est ainsi que l’équipe identifie une nouvelle cause physiologique possible de la dépression clinique, un nombre réduit d'astrocytes, mis en évidence par la coloration de la protéine vimentine, dans de nombreuses régions du cerveau chez les adultes déprimés. L’auteur principal, Naguib Mechawar, professeur au Département de psychiatrie rappelle : « Ces cellules en forme d'étoile sont essentielles car elles soutiennent le fonctionnement optimal des neurones cérébraux. Nos résultats confirment les conclusions de précédentes recherches qui impliquaient déjà les astrocytes dans la pathologie de la dépression ». Cette analyse des astrocytes dans le cerveau de personnes décédées par suicide et pour d’autres causes, a utilisé la coloration à la vimentine qui permet d’obtenir une vision claire et complète de la structure cellulaire. À l'aide d'un microscope, les chercheurs ont compté le nombre d'astrocytes dans des coupes cérébrales transversales et ont pu ainsi estimer combien il y en avait dans chaque zone du cerveau. Les scientifiques ont également analysé la structure 3D de plus de 300 astrocytes individuels. Cette analyse post-mortem révèle qu’avec la dépression, bien que le nombre d'astrocytes diffère, les cellules conservent une structure similaire à celle des astrocytes de sujets en bonne santé psychiatrique. La bonne nouvelle, écrivent les chercheurs, est que le cerveau humain adulte produit continuellement de nombreux nouveaux astrocytes. Donc il devrait être possible de renforcer cette fonction naturelle et vérifier si cela permet d’améliorer les symptômes chez les personnes déprimées. « Neutraliser la perte d'astrocytes dans la dépression», c’est une toute nouvelle piste thérapeutique, alors qu’aucun antidépresseur n'a encore été développé pour cibler ces cellules directement. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Frontiers in Psychiatry | | | |
| Des chercheurs américains de l'Université de l'Alabama on pu montrer que les polyphénols du raisin apportent cette résistance accrue aux coups de soleil et limitent les dommages cutanés causés par les UV. Menée à l'Université de l'Alabama, Birmingham et dirigée par le Docteur Craig Elmets, la recherche a observé l'impact de la consommation de poudre de raisin entier soit l’équivalent de 2,25 tasses de raisins par jour, pendant 14 jours, contre les dommages causés par les rayons UV. La réponse cutanée des sujets à la lumière UV a été mesurée avant et après la consommation de raisins pendant 2 semaines en déterminant la dose seuil de rayonnement UV qui induisait une rougeur visible après 24 heures. Cette expérience confirme la capacité protectrice du raisin car, après la consommation de raisins, une plus grande exposition aux UV s’avère « nécessaire » pour induire l’équivalent « d’un coup de soleil ». Un risque réduit de cancer de la peau avec la consommation de raisin : ainsi, avec la consommation régulière de raisin, la dose minimale d'érythème (nécessaire pour provoquer un coup de soleil), ou MED, en anglais, augmente en moyenne de 74,8 %. L’analyse de biopsies cutanées montre également que la consommation de raisin est associée à une diminution des dommages à l'ADN, de la perte de cellules cutanées et des marqueurs inflammatoires. Pris ensemble, ces résultats suggèrent que la consommation régulière de raisins contribue à réduire le risque de cancer de la peau. C’est donc un effet photo-protecteur significatif qui est identifié avec l'apport de polyphénols du raisin, ainsi que les principales voies moléculaires sous-jacentes à ces bénéfices : « Les raisins peuvent agir comme un écran solaire comestible, offrant une couche protectrice supplémentaire, qui peut venir s'ajouter à celle apportée par les produits solaires topiques ». Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash JAAD | | | |
| Des chercheurs de l’Université de Manchester ont réussi à mettre au point un test urinaire pour détecter le cancer de l’utérus. L’étude a été réalisée grâce à un groupe de 216 femmes : la moitié d’entre elles était atteinte d’un cancer de l’endomètre, l’autre moitié souffrait de saignements non-expliqués post-ménopause. Ces écoulements de sang sont l’un des principaux symptômes de la maladie. Le nouvel outil a montré une fiabilité importante : parmi les femmes déjà diagnostiquées d’un cancer de l’endomètre, le test était positif dans 91,7 % des cas. Pour celles non-atteintes, le résultat était négatif dans 88,9 % des cas. « Les femmes testées positives avec cet outil pourraient bénéficier de davantage d’investigations, et celles testées négatives pourraient être rassurées, sans avoir besoin de passer un examen déplaisant, invasif, anxiogène et nécessitant des procédures onéreuses », souligne Emma Crosbie, directrice de cette étude. Aujourd’hui, le diagnostic de ce cancer est réalisé en deux étapes : d’abord une échographie pelvienne est prescrite pour détecter un éventuel épaississement de l’endomètre, signe potentiel de la maladie. Lorsque c’est le cas, les médecins pratiquent une biopsie, qui consiste à prélever un échantillon d’endomètre pour l’analyser. D’après les chercheurs britanniques, cet examen est généralement effectué grâce à un télescope pour examiner l’intérieur de l’utérus. Dans 31 % des cas, les femmes doivent toutefois le refaire à cause de problèmes techniques ou de douleurs trop importantes. Aussi appelé cancer de l’endomètre, ce type de cancer est différent de celui du col de l’utérus, car il touche le revêtement de la paroi de l’utérus. Quatrième cause de cancer chez la femme en France, il concerne particulièrement celles qui sont ménopausées. D’après l’Institut national du cancer, le diagnostic est réalisé en moyenne à l’âge de 68 ans. Ce nouvel outil pourrait permettre de faciliter la détection de ce cancer et de mieux le soigner : lorsqu’il est pris en charge suffisamment tôt, les chances de survie sont élevées. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Nature | | | |
| Selon une étude allemande conduite par le Professeur Hermann Brenner, du Centre de lutte contre le cancer d' Heidelberg, si tous les Allemands de plus de 50 ans prenaient des suppléments de vitamine D, on pourrait éviter jusqu'à 30 000 décès par cancer par an, et gagner plus de 300 000 années de vie. Trois méta-analyses d'études cliniques ont récemment conclu que la supplémentation en vitamine D était associée à une réduction du taux de mortalité par cancer d'environ 13 %. « Compte tenu des effets positifs potentiellement significatifs sur la mortalité par cancer, nous devrions chercher de nouveaux moyens de réduire la carence en vitamine D largement répandue dans la population âgée en Allemagne », estime le directeur de l’étude M. Brenner. « Dans certains pays, les aliments ont été enrichis en vitamine D depuis de nombreuses années, comme par exemple en Finlande, où le taux de mortalité par cancer est environ 20 % inférieur à celui de l'Allemagne », rappelle-t-il. « Sans compter que la vitamine D a d’autres effets positifs, comme par exemple la baisse des taux de mortalité dus aux maladies pulmonaires », poursuit M. Brenner. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Oncology | | | |
| C'est peut-être un tournant dans la lutte difficile contre l'obésité : des chercheurs de l'University College de Londres (UCL) ont testé un médicament qui pourrait aider les personnes obèses à perdre plus de 20 % de leur poids sans intervention chirurgicale. L'étude, réalisée sur près de 2.000 adultes dans 16 pays différents, s'intéressait aux effets du sémaglutide. Cette molécule est semblable à celle libérée dans le sang par l'intestin après les repas, et permet donc de réduire la sensation de faim et augmenter celle de satiété. Fabriqué par Novo Nordisk, il était déjà commercialisé comme traitement contre le diabète de type 2. Dans cette étude, le sémaglutide a été injecté à une dose beaucoup plus élevée. Près de 2.000 participants, dans 129 centres de 16 pays, se sont injecté une fois par semaine du sémaglutide ou un placebo pendant 68 semaines. « Les trois quarts des personnes ayant reçu 2,4 mg de semaglutide ont perdu plus de 10 % de leur poids corporel et plus d'un tiers ont perdu plus de 20 % », a indiqué Rachel Batterham, co-autrice de cette étude, dans un communiqué publié par l'UCL. En comparaison, ceux ayant pris le placebo ont perdu seulement 2,4 % de leur poids. En kilos, cela représente une perte moyenne de 15,3 kilogrammes, contre 2,6 kilogrammes pour ceux ayant reçu le placebo. Les volontaires étaient également accompagnés par des diététiciens pour mettre en place un régime plus équilibré et faire plus d'exercice. « Aucun autre médicament n'est parvenu à produire un tel niveau de perte de poids - cela change vraiment la donne », a estimé la professeure, qui dirige le Centre de Recherche pour l'Obésité à l'UCL. Cinq médicaments anti-obésité actuellement disponibles ont des effets secondaires qui limitent leur utilisation. La phentermine, la plus efficace, entraîne une perte de poids de 7,5 % en moyenne et ne peut être prise que pendant une courte période. Après son arrêt, cette quantité de poids est souvent récupérée. Le traitement le plus efficace à ce jour est la chirurgie bariatrique, qui aide les gens à perdre de 25 à 30 % de leur poids corporel en moyenne, en modifiant la façon dont les aliments sont absorbés par le système digestif. Les symptômes du diabète se sont également améliorés chez de nombreux patients. Ils ont ainsi constaté une réduction des graisses sanguines, du taux de sucre dans le sang et de leur pression artérielle, autant de facteurs de risque pour les maladies cardiaques et le diabète. Mais les chercheurs précisent que « même avec ce médicament, la perte de poids nécessite toujours un changement de mode de vie, et que tout changement de ce type ou médicament peut entraîner des risques et des effets secondaires potentiels ». Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash NEJM | | | |
| Une étude menée à partir des bases de données de santé australiennes suggère une association entre l’existence d’une maladie auto-immune maternelle et le diagnostic de trouble déficit de l’attention / hyperactivité (TDAH) chez l’enfant. Ce sur-risque a été confirmé par la méta-analyse ayant compilé ces données avec les autres publications existant sur le sujet. L’association la plus significative concernait le diabète de type 1. L’influence des médiateurs de l’auto-immunité maternelle sur le développement et le fonctionnement cérébral de l’enfant a fait l’objet de plusieurs études. Sur le plan clinique, la plupart ont été consacrées à l’association pouvant exister entre l’auto-immunité chez la mère et le diagnostic d’autisme chez l’enfant. Une méta-analyse parue en 2016 a confirmé ce lien. En revanche, les données sont plus rares concernant le risque de TDAH et principalement obtenues auprès de petites cohortes. Afin de mieux préciser ce risque, une équipe australienne a conduit une étude à partir des bases de données de santé nationale puis a inclus celle-ci dans une méta-analyse. Les chercheurs ont recruté tous les nouveau-nés nés à terme issus d’une grossesse unique entre 2000 et 2010. Au total, 35 maladies auto-immunes ont été recherchées et identifiées dans les dossiers des mères. Le diagnostic de TDAH a été posé chez les enfants dont le dossier hospitalier comportait le code correspondant ou dont le dossier pharmaceutique montrait une prescription de médicaments spécifiques au TDAH. Au total, l’étude a été menée à partir des données d’enfants nés de 831.718 mères (âge moyen 29,8 ans), parmi lesquelles 1,5 % avait un diagnostic de maladie auto-immune. Après appariement par scores de propension, l’analyse a été conduite chez une cohorte de 12.610 enfants exposés à l’auto-immunité, qui ont été comparés à 50.440 enfants appariés non exposés. Combinées, les deux cohortes comportaient 3,4 % de TDAH parmi les garçons et 1,1 % chez les filles. Le diagnostic de TDAH était plus fréquent chez les enfants exposés à une maladie auto-immune que chez les enfants non exposés, quel que soit le sexe : la fréquence du diagnostic était de 6,98 pour 1.000 personnes-années chez les garçons exposés contre 5,48 pour 1.000 personnes-années chez les non exposés, et de 2,32 contre 1,70 pour 1.000 personnes-années chez les filles. Toutes maladies auto-immunes confondues, le risque de TDAH était plus élevé chez les enfants exposés que non exposés. Il était le plus important pour les enfants nées de mères diabétiques de type 1, de psoriasis et de rhumatisme articulaire aigu. Les auteurs précisent que l’association avec le diabète de type 1 pourrait ne pas reposer uniquement sur les médiateurs de l’auto-immunité, mais aussi sur l’influence du contrôle de la glycémie. Par ailleurs, des éléments de génétique ou d’épigénétique pourraient influencer la relation entre auto-immunité maternelle et TDAH de l’enfant. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash PubMed | | ^ Haut | |
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