| | | | | | | Edition du 17 Février 2023 |
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| Edito Est-il possible de contrôler ou d'inverser le processus biologique du vieillissement ?
Entre 1900 et 2020, l’espérance de vie moyenne à la naissance dans le monde a plus que doublé, pour atteindre 73 ans. Mais ce gain sans précédent dans l’histoire de l’humanité a eu un prix : l’augmentation considérable des maladies chroniques et dégénératives associées au vieillissement, comme les cancers, les maladies cardiovasculaires, le diabète, Alzheimer, ou encore l’arthrite. En outre, plusieurs études récentes montrent qu'il semble bien exister un "plafond de verre", c'est-à-dire un âge limite indépassable (même s'il existe quelques très rares exceptions non statistiquement significatives), qui serait de 115,7 ans pour les femmes et 114,1 ans pour les hommes. Comme le souligne le scientifique John Einmahl, « Il faut bien comprendre qu'on vit, certes, deux fois plus longtemps qu’il y a un siècle, mais les plus âgés parmi nous ne sont pas devenus plus âgés au cours des trente dernières années. Nous avons incontestablement affaire à un mur ». Pourtant, si nous considérons les êtres vivants en dehors de notre espèce, nous sommes frappés de constater que certains animaux marins (baleines, requins, tortues, mollusques) peuvent vivre en bonne santé pendant plusieurs siècles. Nous avons donc de bonnes raisons de penser que ce qui est possible pour certaines espèces animales devrait (compte tenu de la profonde unité fondamentale du vivant) également l'être pour notre espèce, a condition bien sûr que nous parvenions à comprendre dans leur ensemble les mécanismes complexes et intriqués qui conduisent au vieillissement. Il a fallu attendre 1993 pour que Cynthia Kenyon (Université de Californie à San Francisco) publie une étude retentissante, qui montrait qu’en modifiant un seul gène chez les minuscules vers ronds C. elegans, il était possible de doubler leur durée de vie. Cette découverte majeure montrait, pour la première fois, que le vieillissement était bien contrôlé par des gènes et des signaux biochimiques sur lesquels il était possible d’agir (Voir NIH). En 2006, le chercheur japonais Shinya Yamanaka (Prix Nobel de Médecine en 2012) a franchi une nouvelle étape en réussissant à reprogrammer des cellules adultes et les ramener à un état embryonnaire. Le vieillissement peut être considéré comme une conséquence du dérèglement progressif de divers mécanismes de régulation, de réparation et de contrôle qui assurent la survie et le bon fonctionnement de notre organisme. Le vieillissement se traduit notamment par une instabilité génomique, par un raccourcissement des télomères, par un dysfonctionnement mitochondrial et une diminution de l'efficacité du mécanisme de réparation de l'ADN, d’un stress lié aux molécules oxygénées dans les cellules, d’une moindre capacité des cellules souches à se renouveler et d’un accroissement des cellules sénescentes. Pour compliquer le tout, ces différents facteurs sont interconnectés. Par exemple, le raccourcissement des télomères peut entraîner un dysfonctionnement mitochondrial. Le vieillissement peut donc être défini comme une perte de fonction des cellules et des organes qui, au fil de l’âge, remplissent de moins en moins bien leur rôle. Le problème, c'est que, jusqu'à présent, il restait difficile d’établir une hiérarchie précise des facteurs et causalités impliqués dans ce processus inéluctable de vieillissement. Il y a quelques jours, une étude publiée par le célèbre scientifique américain David Sinclair, de l’Ecole de Médecine de Harvard, à créé l'événement en montrant que l’épigénétique se surajoute au code génétique, et constitue un programme autonome d’instructions, l’épigénome, écrit dans la chromatine, une structure associant des protéines et de l’ARN à l’ADN de nos chromosomes, qui est impliquée dans l’expression des gènes et leur réparation (Voir Science Direct). Selon ces travaux, il serait possible de reprogrammer l’épigénome pour provoquer un rajeunissement spectaculaire des cellules. Et c’est ce que ces scientifiques ont réussi à faire, en administrant un cocktail de thérapie génique composé de trois gènes appelés Oct4, Sox2 et Klf4, actifs dans les cellules souches. Résultat : les souris bénéficiant de ce traitement épigénétique ont connu une réduction considérable des biomarqueurs du vieillissement et ont retrouvé vitalité et jeunesse. Pour David Sinclair, il ne fait plus de doute que la perte d’information épigénétique est une cause majeure, et peut-être première, du vieillissement chez les mammifères. Même si cette théorie ne fait pas l’unanimité, il faudrait donc, selon lui, agir en priorité sur l’épigénome, ce qui permettrait, en amont, de modifier également tous les autres facteurs (génétiques, métaboliques, immunitaires et moléculaires), et voies de signalisation impliquées dans le vieillissement. En France, l'équipe de recherche Inserm du Professeur Jean-Marc Lemaitre a été la première au monde à réussir, dès 2011, à rajeunir des cellules en les reprogrammant dans le but de régénérer nos organes vieillissants. L'application de ses découvertes sur la souris donne déjà des résultats sidérants. Celles qui sont traitées vivent 30 % plus longtemps que les autres et sont en meilleure forme, intellectuelle comme physique. Cet éminent chercheur a largement contribué à identifier neuf marqueurs de vieillissement cellulaire, à présent reconnus par la communauté scientifique, les Hallmarks of aging – ou piliers du vieillissement. Ils permettent de détecter dans le sang et de suivre précisément la sénescence de nos cellules et de notre organisme. Les travaux pionniers du Professeur Lemaitre on t montré qu’en ciblant deux de ces marqueurs du vieillissement de nos cellules, la sénescence et la déprogrammation "épigénétique", il est possible d’augmenter sensiblement la longévité, et de réduire corrélativement les nombreuses pathologies liées à l’âge. Comme le Professeur Jean-Marc Lemaitre l’explique de manière très documentée dans son remarquable essai "Guérir de la vieillesse", publié il y a un an, il est à présent établi que les pathologies liées à l’âge – diabète, maladies cardiovasculaires, arthrose, ostéoporose, maladies neurodégénératives – ne sont que les conséquences du vieillissement de nos tissus, de nos cellules. Partant de ce constat, il propose de considérer la vieillesse, non comme un processus inévitable, mais comme une maladie qui peut être vaincue. Pour étayer sa théorie, il s’appuie notamment sur ses travaux qui lui ont permis d’accomplir des pas de géants depuis 2011. Il a non seulement montré qu’il était possible de rajeunir des centenaires, en reprogrammant leurs cellules sénesce ntes, mais a également établi en 2016 que cette reprogrammation pouvait améliorer la dégradation des tissus et prévenir l’apparition des pathologies liées à l’âge. Aujourd’hui, le Professeur Lemaitre a acquis la certitude qu’une reprogrammation courte sur l’ensemble des cellules, réalisée précocement dans la vie, peut prévenir le vieillissement de nombreux tissus et l’apparition de pathologies liées à l’âge, en augmentant la longévité de 15 %. Il y a quelques mois, des chercheurs de l’Institut Babraham (Cambridge) ont mis au point une nouvelle technique de rajeunissement des cellules de la peau. Cette technique a permis aux chercheurs de remonter l'horloge biologique cellulaire d'environ 30 ans selon des mesures moléculaires combinant une lecture épigénétique et transcriptomique, ce qui constitue une nouvelle avancée majeure, par rapport aux différentes méthodes de reprogrammation cellulaire (Voir Babraham Institute). Ces chercheurs ont observé que leur méthode avait également un effet sur d'autres gènes associés aux maladies et symptômes liés à l'âge, comme le gène APBA2, associé à la maladie d'Alzheimer, et le gène MAF jouant un rôle dans le développement de la cataracte, qui ont tous deux retrouvé leur fonctionnement "de jeunesse". Selon le Docteur Diljeet Gill, qui a dirigé ces travaux très remarqués, « Ces résultats représentent un grand pas en avant dans notre compréhension de la reprogrammation cellulaire ». Comme le souligne le Docteur Gill, « Nous avons prouvé que les cellules peuvent être considérablement rajeunies sans perdre leurs fonctions, même si nous ne comprenons pas encore complètement le mécanisme complexe qui sous-tend ce processus assez incroyable ». Il y a quelques semaines, des chercheurs israéliens de l'Université Ben Gourion du Néguev, en collaboration avec une équipe de scientifiques internationaux, ont identifié une protéine susceptible de prévenir la dégradation de l'ADN humain, responsable du vieillissement et des maladies neurodégénératives. Ils ont en effet découvert que la protéine SIRT6 joue un rôle clé dans la régulation de la fonction mitochondriale du cerveau (Voir Nature). Les mitochondries contribuent en particulier à la production d'énergie et à la réponse immunitaire et leur dysfonctionnement est l'une des caractéristiques du vieillissement. Les scientifiques ont découvert que la protéine SIRT6 contribue à assurer le bon fonctionnement des mitochondr ies. « En vieillissant, les niveaux de SIRT6 diminuent et lorsque nous n'en avons plus assez, les déséquilibres mitochondriaux s’accumulent », explique le Docteur Debra Toiber de l'Université Ben Gourion, qui a dirigé ces recherches. Dans ces travaux, les chercheurs ont utilisé des souris dépourvues de SIRT6. Ils ont constaté que les souris souffraient d'un vieillissement accéléré et que leur durée de vie était raccourcie de trois ans à un mois. Debra Toiber estime que ces recherches pourraient à terme aider à prévenir, voire à faire régresser, des maladies liées à l'âge comme la maladie d'Alzheimer. Ces scientifiques sont persuadés que cette découverte ouvre une nouvelle voie vers des thérapies qui ralentiraient le processus de vieillissement dans son ensemble. Il est intéressant de rapprocher ces travaux israéliens d’une autre étude récente réalisée par des chercheurs du Joslin Diabetes Center (Massachusetts). Ceux-ci ont étudié le rôle d'un mécanisme cellulaire dans l'amélioration de la condition physique par l'entraînement physique et ont identifié une intervention anti-âge qui retarde les déclins qui se produisent avec le vieillissement (Voir Joslin Diabetes). « On savait déjà que l’exercice physique permettait de prévenir les maladies dégénératives chez l'homme et de réduire la mortalité globale. Notre étude montre cette fois le rôle-clé du processus de réparation des mitocho ndries dans le maintien de cette fonction de protection des principales pathologies liées à l’âge », souligne le Professeur Keith Blackwell, qui a dirigé ces recherches. Ces travaux montrent en effet que le cycle de fragmentation et de réparation des mitochondries, des organites responsables de la production d'énergie dans les cellules, est essentiel à la santé. Corrélativement, ces recherches montrent que la perturbation de la dynamique mitochondriale est fortement liée au développement et à la progression de maladies chroniques liées à l'âge, qu’il s’agisse des maladies cardiaques, du diabète de type 2, des cancers ou des maladies neurodégénératives. Blackwell et ses collègues, en étudiant le métabolisme des vers sauvages C. elegans pendant qu'ils nageaient ou rampaient, ont observé une baisse de leurs performances physiques, liée à l'âge, au cours des 15 jours d'âge adulte de ces animaux. Les scientifiques ont également montré un changement significatif et progressif vers des mitochondries fragmentées et/ou désorganisées chez les animaux vieillissants, ce qui conforte l’hypothèse selon laquelle la dynamique mitochondriale pourrait être importante pour maintenir les capacités physiques avec l’âge. Poursuivant leurs investigations, ces chercheurs ont montré qu’une augmentation de l'AMPK – une molécule régulatrice de l'énergie qui participe au métabolisme mitochondrial– permet de maintenir un bon niveau de forme physique malgré l’âge. Les vers génétiquement modifiés pour manquer d'AMPK présentaient en effet une forme physique réduite au cours du vieillissement ainsi qu'une diminution de leur capacité de récupération qui les empêchait de tirer tous les bénéfices de l’exercice physique en matière de prévention du vieillissement. Selon le Professeur Keith Blackwell, « Ces recherches montrent de manière convaincante comment la plasticité du réseau mitochondrial influence non seulement la forme physique, mais aussi la longévité et les risques de maladies associ&eacut e;es au vieillissement chez l'homme ». Si les mécanismes biologiques et génétiques du vieillissement commencent à dévoiler leurs secrets, ils sont loin, encore, d’épuiser la problématique très vaste et complexe du vieillissement qui est également intimement lié au mode vie, comme le montrent les remarquables recherches du scientifique italien de renommée mondiale, Valter Longo. Celui-ci dirige l'Institut de la longévité de l'Université de Californie du Sud ainsi que le programme Longévité et cancer de l'Institut d'oncologie moléculaire (IFOM) de Milan. Selon lui, le régime imitant le jeûne agit sur l'activation des cellules souches du sang, ce qui renforce la capacité de l'organisme à produire les globules blancs qui combattent les infections. Originaire de Molochio, un village de Calabre, au sud de l’Italie, Longo s’est passionné pour l’étude des habitudes de vie des habitants de son village natal, qui compte un nombre anormalement élevé de centenaires en bonne santé. Ceux-ci ont une alimentation frugale, essentiellement composée de fruits, légumes, huile d'olive, et de pâtes, avec peu de protéines animales. Au fil de ses recherches, Longo a acquis la conviction que le jeûne pouvait s’avérer très efficace pour retarder le vieillissement, et protéger contre diverses maladies associées à la vieillesse. Mais conscient des difficultés de suivre sur la durée un jeûne strict, Longo a développé et expérimenté un nouveau type de régime qui contraint notre organisme à réagir comme si nous n'avions rien mangé. C'est un régime pauvre en calories, en sucres et en protéine, mais riche en acides gras insaturés. Il a démontré que son Fasting Mimicking Diet (régime imitant le jeûne) allonge la durée de vie, revitalise le système immunitaire et réduit le risque de cancer. Longo a montré, sur 71 adultes en bonne santé ayant suivi son régime pendant trois cycles de cinq jours consécutifs, que celui-ci provoque une réduction de la masse graisseuse, de la masse corporelle, des taux de glucose et de protéine C réactive, ce qui réduit fortement les risques de maladies cardiaques, de diabète de type 2 et d'autres pathologies chroniques liées à l'âge. L’année dernière Longo a également démontré que ce régime améliorait la santé métabolique des patients atteints de cancer de la prostate et il recrute actuellement 500 sujets, âgés de 30 à 65 ans, pour lancer une étude comparative entre le régime normal et le régime imitant le jeûne. Il entend ainsi démontrer que le jeûne peut améliorer la santé en inversant les dommages moléculaires et cellulaires liés à l'âge, et en prévenant efficacement les pathologies liées à l’âge qui finissent presque toujours par survenir et dégrader les dernières années de notre vie. Une étude américaine publiée fin 2022 montre qu’il est envisageable de ralentir sensiblement les effets du vieillissement simplement en faisant de l'exercice. Ces travaux suggèrent que l'exercice peut en effet rajeunir les cellules musculaires des souris de laboratoire et peut également aider à atténuer les effets néfastes du vieillissement chez l'homme (Voir Physiological Society). Pour comprendre comment un tel effet anti-âge est possible, il faut revenir à la fameuse étude publiée en 2006 par les scientifiques japonais Kazutoshi Yamanaka et Shinya Yamanaka, qui a montré qu'il était possible de reprogrammer les cellules de cette manière en utilisant seulement quatre gènes maîtres nommés Oct3/4, Klf4, Sox2 et c-Myc, et appelés depuis les facteurs Yamanaka. Cette étude américaine a permis de comparer les profils épigénétiques (expression génique) dans les fibres musculaires squelettiques de souris qui avaient fait de l'exercice tardif et de souris qui surexprimaient les facteurs Yamanaka dans leurs muscles. Cette comparaison a permis d’établir formellement que le facteur Myc permet bien, sous l’effet de l’exercice, la reprogrammation des cellules musculaires, ce qui prouve qu’un changement de facteur environnemental peut modifier radicalement l'expression des gènes. Cette étude est à rapprocher de récents travaux publiés par l’Université d’Harvard montrant que la pratique régulière de la marche pourrait également faire gagner plusieurs années "d’âge biologique" (Voir The Harvard Gazette). Cet âge biologique correspond à l'âge de nos cellules et de nos tissus. Il dépend de divers marqueurs physiologiques. Selon notre mode de vie, notre âge biologique peut être soit plus jeune, soit plus vieux que notre âge chronologique. En outre, d’autres travaux récents montrent qu’un exercice intense mais bref peut réduire notre âge biologique. C’est par exemple le cas d’une étude réalisée auprès de plus de 400 000 adultes britanniques et publiée en avril 2022, qui a révélé qu'il suffisait de 10 minutes de marche rapide par jour pour avoir des télomères plus longs (partie des chromosomes associée au vieillissement) et rajeunir de 16 ans notre âge biologique en milieu de vie, un gain tout à fait considérable par rapport au faible effort quotidien à fournir… Une autre équipe de Harvard, après avoir examiné les données de 123 000 adultes aux États-Unis sur des décennies, a montré que l’adoption de cinq habitudes simples suffit à augmenter l’espérance de vie de 14 ans chez les femmes et de 12 ans chez les hommes : une bonne alimentation, de l’exercice régulier, ne pas être en surpoids, ne pas fumer et ne pas trop boire. En 2022, les scientifiques de l'Université du Texas ont publié les résultats d'une autre expérience édifiante, montrant chez la souris, qu’en combinant une réduction des calories et une restriction de la période d'activité de la souris, le régime augmentait de 35 % leur durée de vie. Chez l'Homme, cela se traduirait par un supplément de 25 années, en moyenne (Voir NIH). Enfin, évoquons une dernière étude, surprenante, qui montre que le processus de vieillissement est loin d’avoir livré tous ses secrets et que les thérapies pouvant le contrecarrer pourraient bien surgir de voies de recherche a priori improbables. Il y a quelques jours, des chercheurs américains de l’Université du Texas ont en effet découvert qu’en utilisant des ondes de basse fréquence, il était possible de redémarrer la division cellulaire et de bloquer le vieillissement cellulaire (Voir Study Finds). Concrètement, ces scientifiques ont utilisé des ultrasons de fréquence très basse, qui produisent des ondes de pression inoffensives et brèves dans les cellules. Ces recherches ont montré, de manière surprenante, que les cellules normales traitées par ces faisceaux d’ultrasons à basse fréquence retrouvaient une nouvelle jeunesse et un fonctionnement mitochondrial normal. Cette étude tout a fait passionnante montre que, face à un phénomène aussi complexe et multiforme que le vieillissement, les scientifiques doivent avoir de l'audace et ne pas craindre d'explorer de nouvelles options thérapeutiques iconoclastes. Toutes ces recherches et découvertes récentes nous conduisent à penser que la question n'est plus de savoir s'il sera un jour possible de contrôler et de ralentir considérablement le vieillissement, mais quand cette rupture scientifique et médicale majeure dans l'histoire de l'humanité aura lieu. Cela dit, nous devons rester humbles devant l'incroyable complexité de ce processus du vieillissement qui ne cesse de dévoiler de nouvelles dimensions et des composantes inconnues, à mesure qu'on l'explore. Aussi puissantes soient-elles, les thérapies qui, demain, agiront de manière parfaitement ciblées sur le génome et l'épigénome ne pourront donner leur pleine mesure contre le vieillissement que si elles s'inscrivent dans un cadre plus global intégrant un mode de vie sain, dès l'enfance, et associant de manière personnalisée un régime alimenta ire adapté (tant sur le plan quantitatif que qualitatif) et une activité physique régulière. C'est sans doute en adoptant cette stratégie d'ensemble que nous pourrons espérer vivre plus d'un siècle en bonne santé et en pleine possession de nos moyens physiques et intellectuels... René TRÉGOUËT Sénateur honoraire Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat e-mail : tregouet@gmail.com | |
| | Information et Communication | |
| | | Des chercheurs de l’Université du Sussex et d’Universal Quantum ont démontré pour la première fois que les bits quantiques (qubits) peuvent être transférés directement entre les micropuces d’ordinateur quantique et l’ont démontré avec une vitesse et une précision record. Cette percée résout un défi majeur dans la construction d’ordinateurs quantiques suffisamment grands et puissants pour résoudre des problèmes complexes d’une importance cruciale pour la société. Aujourd’hui, les ordinateurs quantiques fonctionnent à l’échelle de 100 qubits. Les experts prévoient que des millions de qubits sont nécessaires pour résoudre des problèmes importants qui sont hors de portée des superordinateurs les plus puissants d’aujourd’hui, y compris les machines exaflopiques. Des ordinateurs quantiques pourraient permettre de relever de nombreux défis sociétaux importants, découverte de nouveaux médicaments, de nouveaux matériaux, amélioration de l’efficacité énergétique, mise au point de nouveaux modes de propulsion spatiale, prévisions météo à long terme... Dans cette étude, ces scientifiques démontrent comment ils ont utilisé une technique nouvelle et puissante, qu’ils baptisent "UQ Connect", pour utiliser des liaisons de champ électrique afin de permettre aux qubits de se déplacer d’un module de micropuce d’informatique quantique à un autre avec une vitesse et une précision sans précédent. Cela permet aux puces de s’emboîter comme un puzzle pour créer un ordinateur quantique plus puissant. L’équipe de l’Université du Sussex et d’Universal Quantum a ainsi réussi à transporter les qubits avec un taux de réussite de 99,999993 % et un taux de connexion de 2424/s, ces deux chiffres étant de nouveaux records mondiaux qui améliorent de plusieurs ordres de grandeur la stabilité des qbits, par rapport aux solutions précédentes. Le professeur Winfried Hensinger, professeur de technologies quantiques à l’Université du Sussex et scientifique en chef et co-fondateur d’Universal Quantum, souligne : « À mesure que les ordinateurs quantiques se développeront, nous serons éventuellement limités par la taille de la micropuce, qui limite le nombre de bits quantiques. Une telle puce peut s’adapter. Nous savions qu’une approche modulaire était essentielle pour rendre les ordinateurs quantiques suffisamment puissants pour résoudre les problèmes de l’industrie en constante évolution. En démontrant que nous pouvons connecter deux puces informatiques quantiques – un peu comme un puzzle – et, surtout, que cela fonctionne si bien, nous débloquons un potentiel illimité de mise à l’échelle, car rien ne nous empêche de connecter, à mesure que les besoins en calcul augmenteront, des centaines, voire des milliers de puces informatiques quantiques ». Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Phys.org | | | |
| Très bientôt, l’intelligence artificielle entrera dans les tribunaux, et cela pourrait bouleverser le système juridique américain. Un agent conversationnel ou chatbot, programmé pour répondre à des questions et tenir une conversation, devrait conseiller deux personnes contestant des contraventions pour excès de vitesse devant un tribunal. Les deux défendeurs porteront un casque sans fil qui transmettra ce que dit le juge au chatbot. Ce dernier analysera l’argumentaire et suggérera des réponses à ses clients dans l’oreillette, qu’ils pourront ensuite répéter à la barre. C’est un superbe coup de communication pour DoNotPay, l’entreprise à l’origine de ce service d’assistance juridique qui a développé le chatbot. Selon Josh Browder, patron de DoNotPay, le coût élevé des frais de justice dissuade les particuliers poursuivis pour des infractions routières d'engager des avocats pour les défendre devant les tribunaux, ce qui implique généralement des amendes pouvant atteindre des centaines de dollars. Il s'est donc demandé si une IA, formée pour comprendre et argumenter la loi, pourrait intervenir. « La plupart des personnes n'ont pas les moyens de se payer une représentation juridique », explique-t-il. L'utilisation de l'intelligence artificielle en conditions réelles « sera une preuve de concept pour que les tribunaux autorisent la technologie dans les salles d'audience ». Si l'on considère que 80 % des Américains à faible revenus n'ont pas accès à une aide juridique et que 40 à 60 % de la classe moyenne ont du mal à obtenir une telle assistance, la demande pour ce type de service est réelle. Un constat qui pourrait valoir dans de nombreux autres pays. Si l'IA peut un jour contribuer à répondre à ce besoin, les avocats ne doivent pas craindre pour leur avenir. C’est l’opinion d’Andrew Perlman, doyen de la faculté de droit de l'Université de Suffolk. Selon lui, c'est simplement une question d'échelle. « Il n'y a aucun moyen pour la profession de fournir tous les services juridiques dont les gens ont besoin », estime-t-il. DoNotPay a commencé sa dernière expérience en 2021, lorsque les entreprises ont eu un accès anticipé à GPT-3, l’IA développée par OpenAI pour créer ChatGPT. En décembre, Josh Browder a présenté son idée : faire porter un AirPod d'Apple à une personne dans un tribunal afin que l'IA puisse entendre ce qui se passe et dicter des réponses dans l'écouteur. Outre les railleries pour ce coup d'éclat, il savait qu'il aurait d'autres défis à relever. En effet, de nombreux États et districts limitent le conseil juridique aux personnes autorisées à pratiquer le droit. « Étant donné que l'IA fournirait des informations en temps réel et qu'elle appliquerait la loi pertinente à des faits spécifiques, il est difficile que cela ne puisse pas être considéré comme la fourniture de conseils juridiques », estime Emily Taylor Poppe, professeure à la faculté de droit de l'Université d'Irvine. L’IA serait légalement considérée comme un avocat agissant sans licence. Mais il y a d’autres obstacles. Les outils d'IA soulèvent des problèmes de confidentialité. Le programme informatique doit techniquement enregistrer des données audio pour interpréter ce qu'il entend, ce qui n'est pas autorisé dans de nombreux tribunaux. Les avocats sont également tenus de respecter les règles d'éthique qui leur interdisent de partager des informations confidentielles sur leurs clients. Un chatbot, conçu pour partager des informations, peut-il suivre les mêmes protocoles ? Andrew Perlman pense que nombre de ces préoccupations peuvent être écartées si ces programmes sont créés avec soin. Ces technologies pourraient également contribuer à réduire les montagnes de paperasse que les avocats traitent au quotidien. Les deux affaires auxquelles participe DoNotPay auront probablement un impact sur une grande partie de ce débat. Josh Browder a refusé de dire où les procédures auront lieu, invoquant des raisons de sécurité. Ni DoNotPay ni les défendeurs n'ont l'intention d'informer les juges ou toute autre personne présente au tribunal qu'une IA est utilisée ni que des enregistrements audio sont effectués. Le dirigeant de DoNotPay mise sur la clémence des juges… CNET | | ^ Haut | |
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| | | Un groupe de chercheurs de l’Institut des sciences et technologies de Skolkovo, affirme avoir développé un nouvel alliage à base de bronze et d’acier grâce à la fabrication additive. Ils se sont appuyés sur le dépôt de matière sous énergie concentrée afin de produire différentes pièces composées de ces deux métaux, une première pour le marché. Deux techniques ont été utilisées : dans le premier cas, un mélange de deux métaux a été réalisé avant le dépôt des couches ; dans le second, des couches de bronze ont été déposées de façon alternée avec celles en acier. Selon les chercheurs, ces travaux pourraient être particulièrement intéressants pour l’aérospatiale, notamment dans la construction de chambres de combustion pour les avions et fusées. Il n’est pas rare de combiner deux matériaux pour tirer profit du meilleur de leurs propriétés respectives – c’est dans ce sens-là que l’impression 3D composite se développe rapidement. Dans ce cas, rappelons que le bronze est réputé pour sa résistance à la corrosion, sa bonne conductivité électrique et sa résistance élevée à l’usure. L’acier est quant à lui résistant à la rupture et aux chocs, à la déformation électrique et présente une dureté élevée. Jusqu’ici, aucun projet n’avait combiné l’acier et le bronze sur une seule et même pièce, le tout grâce à la fabrication additive. Les chercheurs ont eu recours à une imprimante DED pour développer leur projet. Tout d’abord, il s’agissait de créer un alliage presque homogène en mélangeant les deux matériaux de façon uniforme. Cet alliage a alors été utilisé par la machine pour concevoir plusieurs pièces de test. L’autre technique a consisté à imprimer des pièces "sandwich" c’est-à-dire composées de couches de bronze et d’acier superposées, de 0,25 millimètre d’épaisseur chacune. Les chercheurs expliquent avoir fait varier la quantité de bronze à chaque fois – de 25 à 50 % – alors que la teneur en acier est restée identique. Le professeur Igor Shishkovsky de Skoltech explique : « L’impression 3D est prometteuse pour la fabrication de pièces composites, dotées des propriétés des deux matériaux distincts qui composent le composite. Considérons, par exemple, que l’acier résiste aux températures élevées créées par la combustion du carburant dans un moteur en fonctionnement. C’est très bien, mais comparé au bronze, l’acier est un conducteur thermique modeste, de sorte que le liquide de refroidissement du moteur ne peut pas siphonner la chaleur aussi efficacement pour éviter la surchauffe et les dommages. Grâce à l’impression 3D, il est possible d’obtenir le meilleur des deux mondes en fabriquant une chambre de combustion qui passe en douceur du bronze à l’intérieur, pour une meilleure gestion de la températur e, à l’acier à l’extérieur, pour assurer la cohésion de la structure ». 3dnatives | | | |
| Des essais menés au sommet du Säntis ont montré l'efficacité du paratonnerre laser développé depuis plusieurs années par un consortium européen comprenant notamment l'Université de Genève, l'EPFL et la HEIG-VD. Il est capable de dévier la foudre sur plusieurs dizaines de mètres. Jusqu'à présent, le paratonnerre traditionnel demeurait la protection la plus efficace contre la foudre. Il protège une surface dont le rayon est environ égal à sa hauteur. Toutefois, la hauteur des mâts n'étant pas extensible à l'infini, ce système n'est pas optimal pour protéger des sites sensibles occupant un large territoire, tels qu'un aéroport, un parc éolien ou une centrale nucléaire. Pour y remédier, un consortium piloté par l'Université de Genève (UNIGE) et l'Ecole polytechnique (Paris) – en partenariat avec l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), TRUMPF scientifique lasers, ArianeGroup, la société AMC et la Haute école d'ingénierie et de gestion du canton de Vaud – a développé le "Laser Lightning Rod" (LLR), un paratonnerre fonctionnant grâce à un laser infrarouge. En générant des canaux d'air ionisé, celui-ci a permis de guider la foudre le long de son faisceau. Pointé dans le prolongement d'un paratonnerre traditionnel, il peut en augmenter la hauteur et ainsi la surface protégée : « Cet air ionisé, appelé plasma, devient conducteur électrique », explique Jean-Pierre Wolf, professeur ordinaire au Département de physique appliquée de l'UNIGE. Le chercheur travaille depuis vingt ans sur cet appareil "unique au monde". Il pourrait servir à protéger des sites sensibles occupant un large territoire, comme les aéroports, des parcs éoliens ou encore des centrales nucléaires. Le 24 juillet 2021, un ciel assez clair a permis à une caméra à grande vitesse de capturer le moment où un laser a courbé la trajectoire d'un éclair entre le ciel et un paratonnerre au sommet d'une tour. La foudre a suivi le trajet de la lumière laser sur une cinquantaine de mètres. Le LLR est large de 1,5 mètre, long de huit et pèse plus de trois tonnes. Il a été testé au sommet du Säntis, en Appenzell, à 2502 mètres d'altitude, au-dessus d'une tour émettrice de 124 mètres appartenant à l'opérateur Swisscom, munie d'un paratonnerre traditionnel. Il s'agit de l'une des structures les plus touchées par la foudre en Europe. Le laser a été activé lors de chaque prévision d'activité orageuse, entre juin et septembre 2021. Au préalable, la zone a dû être interdite au trafic aérien. L'objectif était d'observer s'il existait une différence avec ou sans le laser. Il a fallu près d'une année pour éplucher la quantité colossale de données récoltées. Cette analyse démontre aujourd'hui que le LLR est capable de guider la foudre efficacement. « Nous avons constaté, dès le premier événement, que la décharge pouvait suivre sur près de soixante mètres le faisceau laser avant d'atteindre la tour, faisant ainsi passer le rayon de la surface de protection de 120 à 180 mètres », se réjouit Jean-Pierre Wolf. « Et il n'y a aucun doute qu'on peut faire beaucoup mieux », dit-il. L'analyse des données démontre également que le LLR, contrairement à d'autres lasers, fonctionne même dans des conditions météorologiques difficiles, en perçant littéralement les nuages. Ce résultat n'avait été jusque-là observé qu'en laboratoire. En outre, la consommation de l'engin est "raisonnable", de l'ordre de celle d'une cuisinière électrique, note encore le Professeur Wolf : « S'agissant de flashes lasers trè s brefs, on peut atteindre avec peu d'énergie des puissances-crêtes très élevées », souligne le spécialiste. Pour le consortium, il s'agit maintenant d'augmenter la hauteur d'action du laser. L'objectif, à terme, est notamment de parvenir à prolonger de 500 mètres un paratonnerre de dix mètres. RTS | | | |
| Même si l’hydrogène suscite un vif intérêt, son stockage représente un réel défi pour son utilisation à grande échelle. La méthode actuelle consiste à le stocker à haute pression (350 ou 700 bar), ce qui n’est pas sans poser des risques au moment de sa manipulation. Il est aussi possible de le stocker à l’état liquide, mais encore faut-il disposer de réservoirs cryogéniques pour le conserver à -253 degrés, là aussi avec des risques associés. Et si l’une des alternatives venait de l’ammoniac, dérivé azoté de l’hydrogène ? Avec trois atomes d’hydrogène pour un atome d’azote, ce composé chimique (NH3) est naturellement dense en hydrogène. De nouvelles expérimentations sont actuellement à l’étude pour l’utiliser comme vecteur énergétique d’hydrogène. « Avec le méthanol, l’ammoniac est considéré depuis longtemps comme un vecteur candidat pour la production d’électricité », explique Gaël Guégan, Ingénieur veille stratégique au Cetim. Sous sa forme liquide, obtenue dès lors que sa température descend en dessous des -33 degrés, il affiche une densité énergétique particulièrement intéressante, jusqu’à cinq fois supérieure à celle des cellules de batteries lithium-ion. Comparé à l’hydrogène, il est plus fa cile à transporter. La production, le stockage et la livraison d’hydrogène sous forme de NH3 sont beaucoup plus efficaces sur le plan énergétique et beaucoup moins coûteux que sous forme d’hydrogène comprimé et/ou cryogénique. L’infrastructure pour l’ammoniac existe déjà tandis que pour l’hydrogène, de nouvelles stations de ravitaillement doivent être construites, ce qui représente de gros investissements ». L’une des applications envisagées est d’utiliser l’ammoniac pour alimenter des piles à combustible. Cette utilisation peut-être indirecte, en deux étapes, pour permettre d’utiliser les piles PEMFC (Proton exchange membrane fuel cells), déjà présentes sur le marché. L’idée est de produire dans une première étape de l’hydrogène in situ par cracking de l’ammoniac pour obtenir d’un côté de l’hydrogène et de l’autre de l’azote, qui peut être rejeté sans danger dans l’atmosphère. L’hydrogène produit est alors introduit dans une deuxième étape dans les PEMFC pour la production d’électricité. L’ammoniac, en tant que produit chimique fabriqué en masse et à faible coût, est un vecteur énergétique idéal qui peut aussi être utilisé directement avec des piles à combustible à membrane alcaline (AMFC : Alkaline Membrane Fuel Cell), qui fonctionnent notamment par le transfert d’ions hydroxyde à travers l’électrolyte, ou avec des piles à combustible à oxyde solide (SOFC : Solid oxide fuel cells). Les développements de ces piles ont permis de surmonter les obstacles liés à l’utilisation généralisée de ces systèmes. Cependant, elles n’en sont pas encore au stade de la commercialisation, et des recherches supplémentaires sont nécessaires. L’avantage de l’ammoniac est qu’il ne libère pas de CO2. Son introduction dans tout système de combustion entraîne donc une décarbonisation partielle de ce procédé, voire totale si l’ammoniac est mélangé à l’hydrogène ou utilisé seul. Les piles à combustible à ammoniac basées sur des électrolytes à membrane alcaline semblent intéressantes, mais pas sans inconvénients, notamment face à l’oxydation de l’ammoniac diffusé à la cathode qui peut générer des oxydes d’azote (NOx), qu’il convient alors de traiter, ainsi que du protoxyde d’azote (N2O), gaz à effet de serre à éviter, lié à son pouvoir réchauffant 25 fois plus important que le méthane, et 300 fois plus important que le CO2. « Des technologies existent déjà pour piéger les NOx. Les véhicules thermiques en émettent et ils sont de ce fait équipés de pots catalytiques, de filtres à particules additivés ou de pièges à NOx », observe Gaël Guégan. « Actuellement, l’émission de NOx n’est pas encore prise en compte dans la pile à combustible à oxyde solide (SOFC) et la pile à combustible directe à l’ammoniac DAFC (Direct Alcohol Fuel Cell) ». Fondée en 2020 par des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), la start-up américaine Amogy a annoncé l’été dernier avoir réussi à faire fonctionner un tracteur alimenté à l’ammoniac. Il s’agit d’une première mondiale, réalisée en collaboration avec l ’Université de Stony Brook à New York. Les scientifiques ont remplacé le moteur diesel d’un modèle traditionnel de la marque John Deere par un réservoir à ammoniac liquide de 225 litres. Ils ont également équipé le tracteur d’une pile à combustible hybride de 100 kW capable de convertir le carburant en hydrogène. Résultat : au cours de plusieurs essais, l’engin a pu effectuer ses tâches habituelles pendant six heures avant de devoir passer par la case recharge, une étape réalisée en seulement cinq minutes. La start-up souhaite désormais appliquer ce procédé aux camions et aux navires, qui constituent le débouché final du développement de cette technologie. Reste à trouver une source d’ammoniac "verte", qui ne libère pas de CO2, car il faut actuellement du pétrole pour le fabriquer. Des solutions valorisant de l’électricité intermittente, issue du solaire ou de l’éolien, semblent se dessiner. L’une d’elles consiste à produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau, et en parallèle à capter l’azote atmosphérique dans le but de fabriquer de l’ammoniac. « Cette manière de produire de l’ammoniac fait appel au procédé Haber-Bosch qui est aujourd’hui bien maîtrisé et actuellement utilisé pour fabriquer de l’ammoniac pour la synthèse d’engrais et de réfrigérants », ajoute Gaël Guégan. « Et rappelons que l’ammoniac est l’un des composés chimiques les plus synthétisés au monde ». Ainsi, l’ammoniac offre une source d’énergie décarbonée et fiable, sans les nombreux problèmes associés à l’économie traditionnelle de l’hydrogène. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Techniques de l'Ingénieur | | | |
| Muthukumaran Packirisamy, professeur au Département de génie mécanique, industriel et aérospatial de l’Université Concordia, au Québec, travaille sur une nouvelle technique d’impression des objets à distance grâce à des ultrasons. « Ces derniers sont souvent utilisés pour des ablations de tissus à l’intérieur du corps. Ici, on a voulu les utiliser pour créer quelque chose », souligne le chercheur. Peau, graisses, tissus, sang : les ultra-sons ont en effet la capacité de pénétrer toutes ces couches de notre corps, ce qui leur confère diverses applications dans le milieu médical. On peut, par exemple, obtenir grâce à eux des images de nos organes lors d’échographies ou détruire une tumeur en utilisant des ondes plus puissantes. Ici, les chercheurs proposent plutôt d’imprimer des tissus directement dans notre corps après une injection locale de polymères, sans la moindre chirurgie. Tout le fonctionnement repose sur les propriétés particulières des polymères. Liquides, ceux-ci peuvent se solidifier, pour peu qu’on leur fournisse un peu d’énergie. Et de l’énergie, les ultrasons en ont à revendre : il suffit de paramétrer le système ultrasonore (fréquence, puissance…) et de focaliser les ultrasons en un point précis, au milieu d’un bain de polymères, pour déclencher un phénomène dit de cavitation. « La pression et la température augmentent, et de très petites bulles sont créées en ce point », explique le professeur Packirisamy. Ce phénomène ne dure qu’une fraction de seconde, mais la température et la pression en question sont telles que le polymère passe de l’état liquide à solide, juste au niveau de la bulle, pour créer une sorte de « pixel » solide en 3D. « La température à l’intérieur de la bulle peut monter à plusieurs milliers de degrés, mais le milieu autour d’elle reste à température ambiante », affirme Mohsen Habibi, associé de recherche au sein du laboratoire de Muthukumaran Packirisamy. Pour imprimer la forme voulue, on déplace la pièce à imprimer par rapport au système ultrasonore, et le tour est joué : de nouvelles bulles sont créées, le polymère se solidifie en un autre point précis pour créer un autre « pixel », et ainsi de suite. La structure obtenue peut être plus ou moins poreuse selon les paramètres ultrasonores choisis et elle pourrait donc être investie par des cellules, afin de régénérer des tissus lésés, par exemple. Jusqu’ici, les chercheurs ont réussi à imprimer à distance diverses formes à travers la peau ou des muscles en laboratoire, mais aucune expérience n’a encore été menée sur des êtres vivants. « C’est un tout nouveau domaine, mais, même si le chemin reste encore long, je suis certain que nous parviendrons un jour à imprimer un organe directement à l’intérieur du corps », affirme Muthukumaran Packirisamy. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Quebec Science | | | |
| En utilisant la propriété d’intrication quantique des photons, des chercheurs du détecteur STAR du Brookhaven National Laboratory aux États-Unis viennent de mettre au point un nouveau moyen d’utiliser le collisionneur d’ions lourds relativistes (RHIC). Il s’agissait de "voir" avec une grande précision l’intérieur du noyau. Ces nouveaux travaux de recherche ont débouché sur une meilleure connaissance de la distribution des particules élémentaires à l’intérieur du noyau atomique. Ils ont également permis la découverte d’un nouveau type d’intrication quantique sur des ions d’or. Le noyau de tous les atomes des éléments constitutifs de la matière contient des neutrons non chargés et des protons chargés positivement. La neutralité de l’atome s’obtient par l’intermédiaire des électrons chargés négativement qui gravitent autour du noyau atomique. Les neutrons et les protons se composent eux-mêmes de particules élémentaires appelées quarks. Un proton contient deux quarks up (u) et d’un quark down (d). Le neutron quant à lui contient un quark up (u) et de deux quarks down (d). Ces quarks sont maintenus e nsemble par des gluons responsables de l’interaction forte. Dans ces recherches, les physiciens ont utilisé le collisionneur d’ions lourds relativistes (RHIC). C’est l’accélérateur de particules spécialisé dans des collisions entre ions lourds à vitesses relativistes, du Laboratoire national de Brookhaven. Les physiciens ont réalisé une série de fluctuations quantiques. Ils ont ainsi généré une particule intermédiaire. On l’appelle rho. On l’obtient en faisant interagir des photons avec des gluons contenus dans des noyaux d’or. Cette particule rho se désintègre en moins de quatre septillionièmes de secondes en deux mésons pi ou pions chargés positivement et négativement (π+ et π-). Ces deux particules sont connues pour jouer avec π0 un rôle dans la cohésion du noyau atomique. Elles viennent frapper le détecteur de l’accélérateur de particules suivant une certaine vitesse et un certain angle. Cela permet d’avoir une idée précise de l’arrangement des particules et des gluons dans le noyau atomique. Le RHIC sert à étudier les collisions entre des ions lourds comme l’or ou encore le cuivre à des vitesses relativistes. Les ions se percutent à de grandes vitesses. Cela permet de "mettre à nu" les quarks et les gluons des neutrons et des protons des noyaux atomiques. Le RHIC peut alors servir également à explorer la structure des protons en réalisant de nouvelles collisions entre ces particules. Des études antérieures ont montré qu’il est possible d’utiliser des photons polarisés afin d’ ;avoir une idée de la structure des noyaux atomiques. La lumière polarisée est donc un outil qui permet d’obtenir une image efficace des noyaux à haute énergie. Cependant, jusque maintenant, les physiciens ne disposaient d’aucun moyen pour connaître la direction de polarisation des photons. À cause de ce problème, la densité de gluons mesurée correspondait donc à un résultat moyen obtenu par calcul en fonction de la distance par rapport au centre du noyau atomique. Aujourd’hui, on observe l’interférence quantique entre les mésons pi π+ et π-. On l’obtient par la désintégration rapide de la particule intermédiaire rho. Grâce à cela, les physiciens peuvent mesurer de façon très précise la direction de polarisation du photon. Ils ont également mesuré les gluons le long de la direction du mouvement du photon et perpendiculairement. Au cours de cette expérience, les physiciens ont observé un nouveau type d’interaction quantique encore jamais observé auparavant. Il s’agit de l’intrication quantique entre des particules différentes, à savoir les pions π+ et les pions π-. Les physiciens utilisent le détecteur STAR du RHIC. Ils ont ainsi pu étudier la distribution des gluons en "suivant"» les particules π+ et π-. Ces dernières proviennent de la désintégration de la particule rho. Cette dernière a été produite par les interactions entre des photons et un ion d’or. La somme des moments de ces deux particules π+ et π- donne la quantité de mouvement de la particule rho dont elles sont issues ainsi que des informations sur la distribution des gluons. Plus l’angle entre un pion pi (π+ ou π-) se rapproche de 90° et plus les chercheurs obtiennent une vue claire de la distribution des gluons. Les particules π+ et π- connaissent un nouveau type d’intrication quantique. En réalité, dans l’expérience, lorsque deux noyaux d’or se croisent à une distance de 20 femtomètres, et que les photons ont généré une particule intermédiaire rho qui se désintègre en π+ et π-, la fonction d’onde de π- d’une désintégration interfère avec la fonction d’onde de π- de l’autre désintégration. Elles se renforcent et le détecteur ne voit alors qu’un seul pion π-. La même chose se produit avec les fonctions d’ondes des pions π+. Les fonctions d’ondes des pions π+ et des pions π- de chaque désintégration conservent les informations quantiques de leurs particules rho. Si ces pions π+ et π- n’étaient pas intriqués les fonctions d’ondes aurai ent une phase aléatoire sans aucun effet d’interférence détectable. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Science | | ^ Haut | |
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| Sciences de la Terre, Environnement et Climat | |
| | | Placée sous très haute surveillance depuis 1985, l’évolution du trou dans la couche d’ozone semble aller dans la bonne direction, selon le dernier rapport de l’ONU. « La couche d’ozone nous protège des radiations ultraviolettes C, B et A émises par le Soleil. Les UV C sont les plus énergétiques et sont complètement filtrés par [la couche d’ozone] », présente Cathy Clerbaux, directrice de recherche du CNRS. « Plus les rayons sont énergétiques, plus ils sont susceptibles d’induire des problèmes. Il n’y aurait pas eu d’émergence de la vie sans cette couche d’ozone ». Située dans la stratosphère, bien au-dessus des nuages, la couche d’ozone est une strate de gaz de plusieurs kilomètres d’épaisseur. Apparue il y a 3,5 milliards d’années, elle doit son origine à l’oxygène relâché dans l’atmosphère par les tout premiers organismes photosynthétiques. Apparus sous l’eau, à l’abri des rayons UV, ces organismes primitifs ont permis une modification drastique de la composition de l’atmosphère. Cet apport constant en oxygène a ainsi permis l’apparition d’une couche d’ozone protectrice, puis un changement radical d’une atmosphère réductrice à une atmosphère oxydante. Cette transition, connue sous le nom de "catastrophe de l’oxygène", a entraîné la disparition d’une grande partie des premiers microorganismes et a permis l’apparition de formes de vie respirant de l’oxygène. Pourtant, après des milliards d’années d’équilibre, une perturbation importante a été enregistrée au niveau du pôle Sud à partir du milieu des années 1980. Chaque année, en septembre, à la fin de l’hiver polaire, une diminution drastique des niveaux d’ozone atmosphérique engendre un trou dans notre bouclier planétaire. À l’origine de cet accroc : l’utilisation de chlorofluorocarbures (CFC), des gaz très stables utilisés en grande quantité dans de nombreux domaines. Interdits à l’utilisation en 1985 par le Protocole de Montréal, leur disparition des rayonnages constitue encore aujourd’hui l’un des meilleurs exemples de coordination mondiale en termes de protection de l’environnement. Cet investissement a par ailleurs été payant, la guérison du trou dans la couche d’ozone étant à présent prévue pour 2066. Gaz réfrigérant, propulseurs d’aérosol, extenseurs de mousses… : à la suite de leur invention par Thomas Midgley Jr. dans les années 1920, les CFC ont rapidement trouvé de nombreux usages industriels. Pourtant, si leur stabilité leur confère une grande polyvalence, c’est également cette dernière qui les rend particulièrement dangereux pour l’environnement. « On n’a jamais pensé que ces gaz géniaux étaient tellement stables qu’ils restaient dans l’atmosphère, passaient la barrière des nuages et se retrouvaient dans la stratosphère », explique la directrice de recherche. « Là, ils sont décomposés par les rayons du soleil, et les chlores sont séparés et réagissent avec l’ozone ». C’est en 1984 que les chercheurs ont remarqué leur impact sur la couche d’ozone, des mesures étranges commençant à apparaître dans les relevés. Selon Cathy Clerbaux, le soudain effondrement des niveaux d’ozone au-dessus de l’Antarctique a d’abord été associé à un défaut de matériel, du moins jusqu’à ce que le remplacement du matériel et leur réapparition annuelle écartent les doutes. « C’est l’endroit le plus froid du monde : tous les hivers, ce que l’on appelle un vortex polaire se crée. C’est une masse d’air froide qui se forme [en altitude], qui tourbillonne pendant les trois mois d’hivers, et qui peut atteindre les – 80°C ». En plus de cette masse d’air glaciale, l’hiver polaire se caractérise par les trois mois, de mai à août, durant lesquels le Soleil ne se lève pas : une nuit polaire qui ne s’achève réellement qu’en septembre, au retour du Soleil. Ce retour atteint son paroxysme en décembre, lors de la période des nuits blanches, durant laquelle le Soleil ne descend jamais plus bas que l’horizon. Cependant, bien avant d’en arriver là, ce sont les tout premiers rayons de septembre qui viennent perturber la couche d’ozone. En effet, après avoir été stabilisées par le vortex polaire et l’obscurité, les conditions chimiques de la stratosphère changent brutalement avec le retour des rayonnements UV. « [Le Soleil] va activer des réactions chimiques appelées cycles catalytiques, qui vont consommer l’ozone à toute vitesse », explique la chercheuse. « [Au cours de la nuit polaire], des nuages de glace et de nitrate se forment et piègent les chlores. Ils sont ensuite réactivés par les rayons UV et vont alors détruire l’ozone ». Grâce à l’Interféromètre atmosphérique de sondage dans l’infrarouge (IASI), un satellite de surveillance, les chercheurs observent chaque année, aux alentours de septembre, la disparition de l’ozone dans l’atmosphère. En 1984, nous avons rapidement fait le lien avec d’autres parutions scientifiques démontrant l’action des chlores sur l’ozone dans certaines conditions. Une fois que nous avons compris les réactions chimiques et confirmé que le phénomène se produisait tous les ans […], nous avons mis en place des protocoles qui empêchent d’émettre ces CFC ». Signé en 1985, le Protocole de Montréal est, à l’instar des différentes COP environnementales, une mesure internationale de protection de l’environnement, sous la houlette de l’ONU. Considéré comme l’un des accords internationaux les plus réussis de l’Histoire, il a permis d’arrêter net l’émission de ces gaz problématiques. « Il faut cependant garder à l’esprit que s’ils ne sont plus émis, ils n’ont pas pour autant disparu », met en garde la directrice de recherche. « Ils restent dans l’atmosphère plusieurs dizaines d’années, mais on voit, lorsque l’on fait des mesures satellites, que le trou dans la couche d’ozone ne s’agrandit plus et que la concentration des CFC diminue chaque année ». Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash National Geographic | | ^ Haut | |
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| Santé, Médecine et Sciences du Vivant | |
| | | Une étude de l'Université britannique d'East Anglia a montré que le traitement hormonal de la ménopause (THM), qui permet d'atténuer les symptômes de ménopause, pourrait aussi aider à prévenir la démence d'Alzheimer chez les femmes à risque. Selon le professeur Anne-Marie Minihane qui a dirigé l’étude, l'idée est partie d'un simple constat : « Nous savons que 25 % des femmes au Royaume-Uni sont porteuses du gène APOE4 et que près des deux tiers des patients atteints de la maladie d'Alzheimer sont des femmes. En plus de vivre plus longtemps, on pense que la raison de la prévalence féminine plus élevée est liée aux effets de la ménopause et à l'impact du facteur de risque génétique APOE4 étant plus important chez les femmes ». L'équipe de recherche a ainsi étudié les données de 1 178 femmes participant à l'initiative européenne de prévention de la démence d'Alzheimer. Le projet a couvert 10 pays et a suivi les cerveaux des participantes partant d'une bonne santé cognitive jusqu'à un diagnostic de démence chez certaines. L'équipe de recherche a étudié leurs résultats pour analyser l'impact de l’hormonothérapie substitutive sur les femmes porteuses du génotype APOE4. Le Docteur Rasha Saleh, auteure de l’étude, a conclu que : « Nous avons constaté que l'utilisation du traitement hormonal substitutif (THS) est associée à une meilleure mémoire et à des volumes cérébraux plus importants chez les porteurs du gène APOE4 à risque. Les associations étaient particulièrement évidentes lorsque le THS a été introduit tôt, pendant la transition vers la ménopause, connue sous le nom de périménopause ». Le professeur Anne Marie Minihane a déclaré : « Notre recherche a examiné les associations avec la cognition et les volumes cérébraux à l'aide d'examens IRM. Nous n'avons pas examiné les cas de démence, mais les performances cognitives et les volumes cérébraux inférieurs sont prédictifs du risque futur de démence ». Selon les premiers résultats, les effets du traitement hormonal substitutif dans cette étude d'observation, s'ils sont confirmés dans un essai d'intervention, équivaudraient à un âge cérébral "plus jeune de plusieurs années". La prochaine étape de cette recherche consistera à réaliser un essai d'intervention pour confirmer l'impact du démarrage précoce du THS sur la cognition et la santé du cerveau. Ces travaux montrent donc que l'utilisation du THM (traitement hormonal de la ménopause), en général, est associée à une meilleure mémoire, à une meilleure cognition et à des volumes cérébraux plus importants plus tard dans la vie chez les femmes porteuses du gène appelé “APOE4”, un gène connu comme le plus puissant facteur de risque de la maladie d'Alzheimer. Le traitement hormonal substitutif (THS) est efficace pour traiter les symptômes de la ménopause. Il peut également être prescrit pour prévenir l’ostéoporose, si vous êtes à haut risque de fractures et si vous ne tolériez pas d’autres traitements indiqués dans la prévention de l’ostéoporose. Mais le traitement hormonal de la ménopause (THM) comporte aussi des risques (cardiovasculaires, cancer...), il doit être le plus court possible, en tenant compte de l’évolution des bénéfices et des risques du traitement. BMC | | | |
| Une expérience sur des singes révèle un "interrupteur cérébral" qui pourrait permettre à l’humain d’entrer en hibernation artificielle et ainsi de réaliser de longs voyages dans l’espace. Si la technologie humaine évolue rapidement, il est encore loin le moment où l’on pourra s’approcher de la vitesse de la lumière et effectuer des voyages spatiaux dans les confins de notre Galaxie (ou juste aller rendre visite à l’étoile d’à côté, Proxima Centauri à 4,22 années-lumière). Si une telle technologie voyait le jour, il nous faudrait malgré tout pouvoir entrer en hibernation pendant le voyage qui pourrait durer des (dizaines) d’années. L’hibernation et la torpeur sont des états physiologiques qui permettent aux animaux de résister à des conditions défavorables, comme le froid extrême et le manque d’oxygène. Les ours sont l’exemple le plus connu d’hibernation, ils peuvent rester plusieurs mois sans bouger, sans manger, ni boire. La température corporelle baisse et le métabolisme ralentit pour pouvoir maintenir le corps en vie. Les scientifiques de l’Institut de technologie avancée de Shenzhen (SIAT) de l’Académie chinoise des sciences soulignent que : « Ce travail fournit la première démonstration réussie de l’hypothermie chez un primate basée sur une manipulation neuronale ciblée », a déclaré le docteur Wang Hong. Les neuroscientifiques Wang Hong et Dai Ji ont tenté d’induire artificiellement un état d’hypométabolisme, voire d’hibernation, chez les primates en manipulant chimiquement les neurones de l’hypothalamus. Ces neurones sont responsables des processus de sommeil et de thermorégulation (les neurones pré-optiques). L’expérience a été réalisée sur trois macaques crabiers, l’espèce de singe la plus répandue en Asie du Sud-Est. Entre « manipulation chimiogénétique, imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, analyse comportementale et surveillance de divers paramètres physiologiques et biochimiques », les scientifiques ont réussi leur pari, explique le communiqué. Les chercheurs ont découvert qu’un médicament synthétique (le Clozapine N-oxyde (CNO)) induisait de manière fiable une hypothermie, tant chez les singes anesthésiés que chez les singes éveillés. Cependant, cette hypothermie n’est pas encore bien gérée par les primates qui montrent une augmentation de la fréquence cardiaque, du niveau d’activité ainsi que des frissons. « Ici, nous montrons que l’activation d’une sous-population de neurones de la zone pré-optique (POA) par une stratégie chimiogénétique induit de manière fiable l’hypothermie chez les macaques anesthésiés et en mouvement libre », concluent les chercheurs dans leur article. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash CAS | | | |
| Des chercheurs de l’Université du Maryland ont montré qu’un composé macrocyclique s’est révélé prometteur en tant qu’antidote à large spectre contre les drogues abusives – y compris les opioïdes, les stimulants et les hallucinogènes – dont certains n’ont actuellement aucun agent d’inversion comme la méthamphétamine et la phencyclidine (PCP). Le composé de pillararène P6AS peut séquestrer des molécules de médicament à l’intérieur de lui-même et modifier leurs propriétés, et s’il est administré à la suite d’un surdosage, il pourrait réduire le nombre de décès. Les surdoses d’opioïdes, dont l’héroïne et le fentanyl, sont actuellement traitées avec la petite molécule naloxone qui bloque les récepteurs concernés. Cependant, cela ne fonctionne pas avec les médicaments non opioïdes. Les anticorps ont été explorés en tant que traitements potentiels de surdosage, car des études ont montré qu’ils peuvent se lier étroitement aux drogues dans le sang, y compris la cocaïne et la méthamphétamine, et empêcher leur passage à travers la barrière hémato-encéphalique. Cependant, les anticorps sont coûteux à préparer, doivent être stockés dans des conditions bien contrôlées et sont sujets à la dégradation. Cette équipe de Lyle Isaacs et ses collègues de l’Université du Maryland, aux États-Unis, ont exploité les avantages de la chimie hôte-invité pour trouver un traitement potentiel de surdosage à large spectre. « Nos composés sont préparés par chimie organique synthétique dans une courte synthèse en trois étapes qui est peu coûteuse et peut facilement être mise à l’échelle du multigramme », déclare Isaacs. « De plus, nos composés possèdent une très bonne solubilité aqueuse, ainsi qu’une stabilité thermique et chimique ». Les chercheurs se sont concentrés sur les composés de pillararènes – des macrocycles qui forment des complexes hôte-invité – car des études au cours de la dernière décennie avaient montré qu’ils renversaient les effets des anesthésiques et du pesticide paraquat. De plus, l’équipe d’Isaac a découvert en 2020 que les pillararènes sulfatés se lient fortement aux cations hydrophobes dans l’eau. De nombreuses drogues d’abus sont des cations hydrophobes suggérant que les pillararènes pourraient potentiellement les éponger dans la circulation sanguine. Pour le savoir, les chercheurs ont mené des expériences sur l’affinité de liaison de quatre pillararènes avec une gamme de médicaments, notamment la méthamphétamine, le fentanyl, la MDMA (ecstasy), le PCP et la méphédrone. Les résultats ont confirmé que ces médicaments se lient tous aux pillararènes dans l’eau, avec une liaison particulièrement forte au pillararène P6AS. « Ce fut une bonne surprise que le P6AS se lie fortement à un large éventail de drogues, ce qui lui confère un réel potentiel en tant qu’antidote à large spectre contre l’intoxication médicamenteuse », déclare Isaacs. P6AS est un macrocycle avec six "parois" de p-phénylène qui ont 12 substituants formant un anneau autour d’une cavité hydrophobe. Cela permet au P6AS de se lier aux cations hydrophobes via une combinaison de l’effet hydrophile, des interactions π non covalentes entre les cycles aromatiques des médicaments et les parois de l’hôte, et des interactions électrostatiques ion-ion entre les substituants sulfate et l’ion ammonium cationique de la drogue. In vitroles expériences confirment que le P6AS ne provoque pas de mutation cellulaire ni n’inhibe un canal ionique crucial pour la fonction cardiaque. L’équipe a également déterminé la dose maximale tolérée de P6AS pouvant être administrée en toute sécurité aux animaux. Des tests sur des souris dosées à la méthamphétamine ou au fentanyl ont montré que les effets narcotiques étaient inversés lorsque les souris recevaient des injections intraveineuses de P6AS entre cinq et 15 minutes plus tard. De plus, il a été aussi performant que la naloxone en tant qu’agent d’inversion du fentanyl. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Medical Research | | | |
| Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), 25 % de la population mondiale est concernée à un moment ou un autre de sa vie par un trouble mental. D’ailleurs, les troubles psychiques sont au 3e rang des maladies les plus fréquentes après le cancer et les maladies cardiovasculaires. En France, on estime qu’une personne sur cinq est touchée chaque année par un trouble psychique, soit 13 millions de Français. En septembre 2021, 47 % présentaient des symptômes dépressifs et 1 Français sur 4 des symptômes modérés à sévères. Il faut savoir que l’expression maladie mentale ou psychiatrique, également appelée trouble de la santé mentale ou trouble psychiatrique, fait référence à un large éventail de problèmes de santé mentale. Il s’agit d’une perturbation cliniquement significative, et plus ou moins sévère, de la cognition — la façon de penser —, de la régulation émotionnelle ou du comportement d’un individu. On peut citer la dépression, les troubles anxieux, la schizophrénie, les troubles de l’alimentation et les comportements addictifs. Or, les chercheurs ont remarqué un chevauchement des symptômes et des critères entre plusieurs maladies psychiatriques, ce qui laisse suggérer une origine étiologique commune. Récemment, des scientifiques du Brigham and Women’s Hospital ont étudié quatre ensembles de données neurologiques et psychiatriques préexistants et accessibles au public. Ils ont identifié un réseau de zones cérébrales sous-jacentes aux maladies psychiatriques. Leurs résultats sont publiés dans la revue Nature Human Behavior. Ces chercheurs se sont intéressés à 6 troubles mentaux en particulier : la dépression, l’anxiété, la schizophrénie, le trouble bipolaire, la toxicomanie et le trouble obsessionnel compulsif (TOC). Pour établir les points communs, ils ont analysé un ensemble de données cérébrales structurelles provenant de plus de 15 000 témoins sains ainsi que de patients diagnostiqués avec l’un ou l’autre des troubles mentaux cités. Ils ont alors constaté une diminution de la matière grise dans le cingulaire antérieur, une région associée aux émotions, et dans l’insula — liée à la conscience de soi. Ces deux régions du cerveau sont couramment associées aux maladies psychiatriques. Cependant, seulement un tiers des études a montré une diminution de la matière grise dans ces régions. De plus, les maladies neurodégénératives ont également montré des diminutions de matière grise dans ces mêmes régions. Pour éclaircir leurs observations entre maladies psychiatriques et neurodégénératives, ils les ont comparées à une carte existante des connexions cérébrales humaines, le connectome. Ils ont alors découvert un réseau spécifique aux diminutions de matière grise, commun à tous les diagnostics de maladies mentales. Ils nomment alors ce réseau "transdiagnostique". Par la suite, les auteurs ont étudié les dossiers médicaux de 194 anciens combattants de la guerre du Vietnam, qui avaient une blessure physique au cerveau, afin de tester et déterminer si les problèmes de santé mentale étaient bien liés à ces zones spécifiques du cerveau. Concrètement, les chercheurs ont superposé les lésions sur le réseau transdiagnostique qu’ils ont établi et ont découvert que les dommages induits par les blessures dans le réseau étaient corrélés à une probabilité plus élevée de troubles psychiatriques multiples. De plus, à partir des lésions observées, ils ont construit un nouveau réseau, qui étonnamment s’est révélé très semblable au premier (basé sur l’atrophie de la matière grise), bien qu’il ait été dérivé d’un ensemble de données complètement différent. Joseph J. Taylor, MD, PhD, directeur médical de la stimulation magnétique transcrânienne au Brigham’s Center for Brain Circuit Therapeutics et psychiatre associé au Brigham’s Department of Psychiatry, explique : « Nous avons constaté que les lésions de ces régions — la cingulaire antérieur et l’insula — étaient corrélées à moins de maladies psychiatriques, donc l’atrophie de ce cingulaire et de cette insula peut être une conséquence ou une compensation de la maladie psychiatrique plutôt qu’une cause de celle-ci ». C’est ainsi que les analyses des auteurs indiquent que le cortex pariétal postérieur est le nœud du réseau cérébral le plus susceptible d’être à l’origine d’une maladie psychiatrique. Ils ont démontré de façon formelle ce fait en utilisant des données d’ablations neurochirurgicales pour des patients atteints de maladies psychiatriques extrêmes et incurables. En d’autres termes, chez les personnes sans aucun problème de santé mentale, les régions postérieures du cerveau inhibent les régions antérieures, tandis que chez les personnes présentant des dommages aux régions postérieures, les régions antérieures deviennent trop actives, ce qui peut entraîner une maladie mentale et un rétrécissement des tissus — l’atrophie de matière grise mentionn&eacut e;e précédemment. En identifiant ce réseau transdiagnostique spécifique pour les maladies psychiatriques, l’équipe offre une nouvelle voie pour les études de suivi et l’analyse des ensembles de données IRM existants afin de déterminer si les schémas d’activation neuronale suivent le même circuit. Taylor prévoit également d’utiliser la stimulation magnétique transcrânienne pour moduler le réseau, en utilisant spécifiquement la région pariétale postérieure comme cible. Il conclut : « Les troubles psychiatriques sont des troubles cérébraux, et maintenant nous commençons tout juste à avoir les outils pour étudier et moduler leurs circuits sous-jacents. Il peut y avoir plus de points communs entre ces troubles que nous ne le pensions initialement ». Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Brigham and Women's Hospital | | | |
| En 2020, Sophie Lucas et son groupe de recherche à l’Institut de Duve (UCLouvain) parviennent à neutraliser une molécule responsable du blocage des défenses immunitaires en cas de cancer. Un essai clinique est lancé pour tester cette nouvelle immunothérapie en la combinant à une autre, déjà utilisée mais pas toujours efficace dans le mélanome et les cancers du poumon ou de la vessie. Aujourd’hui, la même équipe, et en particulier Sara Lecomte et Julien Devreux, découvre que leur immunothérapie se révèle efficace contre certains cancers du sang également, cette fois sans devoir la combiner à une autre. Leur découverte est prometteuse car ces cancers du sang sont difficiles à traiter. Elle est publiée dans Blood, un journal à très fort impact da ns le domaine de l’hématologie et de l’immunologie. Ce résultat s’inscrit dans un long parcours de recherches menées par la présidente de l’Institut de Duve depuis 2004. Ces recherches ont notamment permis de mieux comprendre le fonctionnement des cellules dites immunosuppressives, et en particulier les lymphocytes T régulateurs (T-REG), qui bloquent les réponses immunitaires en cas de cancer. Elles ont également mis en lumière le rôle de la molécule GARP à la surface des T-REG, qui envoie des signaux afin de bloquer les défenses immunitaires. Sophie Lucas et son équipe ont alors pu développent un outil, des anticorps anti-GARP, pour bloquer l’envoi de ces signaux. Aujourd’hui, le groupe de recherche de Sophie Lucas a réussi à démontrer que les anticorps anti-GARP développés au sein du laboratoire se révèlent très efficaces contre certains cancers du sang, dits "liquides", alors qu’ils avaient été mis au point et sont en phase de test pour des cancers dits "solides" (vessie, poumon, intestin…). En outre, le nouveau traitement agit seul dans ces cancers du sang, sans devoir le combiner avec une autre immunothérapie. Pour les scientifiques, la découverte était inattendue. Ils savaient depuis longtemps que GARP, la molécule ciblée avec les anticorps, est exprimée sur des cellules T-REG immunosuppressives, mais aussi sur les plaquettes et les mégacaryocytes (des cellules de la moelle osseuse qui donnent naissance aux plaquettes), anormalement abondantes dans certains cancers du sang. « Nous avons étudié ces cancers du sang en particulier parce qu’ils s’accompagnent d’une prolifération anormale des mégacaryocytes et des plaquettes. Nous pensions qu’il serait intéressant de cibler ces cellules cancéreuses avec nos anticorps anti-GARP », explique la présidente de l’Institut de Duve. Les résultats étaient concluants… mais la surprise au rendez-vous ! « Effectivement, plaquettes et m&eac ute;gacaryocytes cancéreux expriment bien GARP, mais ce n’est pas parce que nos anticorps ciblent ces cellules-là qu’ils sont efficaces, c’est parce qu’ils ciblent les T-REG », ajoute Sophie Lucas. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash UCL | | | |
| « Ouh qu’il est mignon le bébé ! » : on conçoit sans problème un adulte s’adresser ainsi à un bébé, sur un ton facile à imaginer. Une voix plus aiguë que d’ordinaire, des voyelles très prononcées… Et c’est comme ça partout dans le monde. Dans une étude d’une ampleur inédite, une équipe de 40 chercheurs a compilé une base de 1 615 enregistrements parlés et chantés dans 18 langues pour comprendre les gazouillis parentaux. Leurs travaux montrent que partout, aussi bien chez les chasseurs-cueilleurs de Tanzanie qu’à Pékin, les mots adressés aux jeunes enfants sont reconnaissables, même quand on n’en comprend pas la langue. Pour le mesurer, les chercheurs ont mis en ligne le jeu Who’s listening ? (Qui écoute ?), qui consiste à écouter certains des sons enregistrés par les chercheurs et deviner s’il s’agit de paroles adressées à des enfants ou à des adultes. Plus de 50 000 personnes ont participé, et devinent juste le plus souvent. Les mots parlés sont mieux identifiés que les chansons. Pour les chercheurs, les spécificités des balbutiements des adultes tiennent à leur utilité : ce langage aide les bébés à mieux mémoriser les mots et sa hauteur leur permet de les distinguer du chaos environnant. Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Sciences Humaines | | | |
| Une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Floride montre que le lait maternel des mères vaccinées contre le Covid-19 contient bien des anticorps protecteurs. Pour parvenir à ce résultat, les auteurs ont analysé les selles de bébés. Dans le détail, ils ont isolé les anticorps présents dans les selles et les ont mis avec des cellules ayant le récepteur que le SARS-CoV-2 utilise pour pénétrer dans la cellule. Ensuite, les chercheurs ont introduit un type de virus qui ressemble à la Covid-19 mais qui a la particularité d’être fluorescent, donc plus visible. Ainsi, si une cellule s’illumine, c’est qu’elle est contaminée. « Nous avons vu que lorsque les anticorps étaient présents, il y avait moins de cellules fluorescentes par rapport aux [cellules] témoins où aucun anticorps n'était présent », explique Lauren Stafford, l’un des auteurs de l’étude. Autrement dit, les anticorps bloqueraient l’entrée du virus dans la cellule. Mais pourquoi avoir analysé les selles ? Le virus de la Covid-19 infecte aussi l’intestin. Il est donc important, surtout chez les nourrissons qui ne peuvent pas être vaccinés, d’avoir des anticorps dans cette zone… Une chose visible dans les excréments. En parallèle, pour mieux mesurer l’efficacité des anticorps, les chercheurs ont également mesuré et testé ceux présents dans le plasma sanguin – la partie liquide du sang dans laquelle circulent les cellules sanguines (globules rouges, globules blancs et plaquettes) - et dans le lait maternel des mères peu après la vaccination et six mois plus tard environ. Ainsi, les scientifiques ont découvert que les anticorps du plasma sanguin et du lait maternel des femmes vaccinées contre la Covid-19 étaient très efficaces pour lutter contre le virus et ce, pour les seconds, même six mois après la vaccination. « Dans notre recherche, nous suivons le parcours des anticorps, depuis le moment où ils sont produits chez la mère après la vaccination et [jusqu’au] système digestif du bébé » d&ea cute;veloppe le Docteur Josef Neu, l’un des auteurs. « La question suivante est de savoir si ces bébés sont moins susceptibles de contracter la Covid-19 ». Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash Nature | | ^ Haut | |
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