| Paris, vendredi 14 août 2020 • Olivier Delamarche : Parlons Brexit... Le 31 janvier dernier, le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne... mais tout n'est pas encore fait, comme le relevait Olivier Delamarche en février 2020. Et contrairement à ce qu'on entend souvent dire, l'UE ne sera pas forcément gagnante. NDLR : l'heure de la trêve estivale est venue pour La Chronique Agora, qui s'interrompt jusqu'au 15 août inclus. Sur cette période, afin de garder le contact, nous vous proposons une rediffusion des meilleurs articles de ces derniers mois : bonne lecture... et rendez-vous le 17 août pour une rentrée contrarienne !
| LES NOTES D'OLIVIER DELAMARCHE
| Parlons Brexit...
| Comme chaque année, je me livre à l'exercice consistant à bâtir quelques scénarios pour l'année à venir. Ces scénarios ayant souvent une fin malheureuse, je serais ravi qu'aucun ne voie le jour, ou ne se déroule pas comme je l'avais prévu. Alors... pourquoi les faire si c'est pour qu'ils n'arrivent pas ? Parce que, malheureusement, ils ont tendance, même s'ils semblent improbables ou farfelus de prime abord, à se réaliser. Dans le cas contraire, il est bon de se préparer à l'inimaginable pour ne jamais être pris au dépourvu. L'exercice est d'ailleurs de plus en plus compliqué tellement la réalité a le mauvais goût de dépasser la fiction ces derniers temps. Si j'enrage de ne pas avoir prévu le retour d'une grande peur mondiale face à un virus – ce qui devient pourtant un vrai marronnier –, je vais commencer par une prédiction sur laquelle je ne risque pas de me tromper. Abracadabra, je vois dans ma boule de cristal... le Brexit ! Le Brexit, pile et face Le 31 janvier de cette année, nous avons enfin connu l'épilogue de quatre années d'atermoiements dont le principal effet, pour moi et pour beaucoup d'autres, a été celui d'un puissant vomitif au regard du comportement des institutions européennes et de leurs représentants ainsi que d'une bonne partie des députés anglais. Boris Johnson, que beaucoup ont pris pour un idiot, a repris les rênes en quelques mois et réussi à imposer son agenda et à mettre au pas l'Europe et son Parlement.
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Depuis le 12 décembre 2019, Boris Johnson est aux commandes avec une solide majorité, la messe est dite : le Royaume-Uni est sorti de l'Union européenne le 31 janvier. Que va-t-il se passer maintenant ? C'est d'abord la victoire de la démocratie et un sérieux revers pour les crapules de toutes sortes qui essayaient, encore une fois, de passer outre le vote des citoyens. C'est ensuite un coup dur porté à la mafia européenne au niveau politique et financier. Non, ce n'est pas le Royaume-Uni qui en pâtira le plus ! Commençons par quelques données macro-économiques concernant le Royaume-Uni : 65 millions d'habitants, soit 13% de la population de l'UE ;18% du PIB de l'Europe ;contrairement à ce que vous entendez partout, la City ne représente que 4% du PIB britannique ;son secteur industriel représente 14% de sa valeur ajoutée (10% hors BTP en France en 2018) ;les dépenses publiques s'élèvent à 41,4% du PIB (contre 56,7% pour la France) ;l'impôt sur les sociétés est à 19% (plutôt 28% actuellement en France) ;le Royaume-Uni représente un quart de la valeur ajoutée générée par la finance en Europe ;le taux de croissance du PIB anglais était de 1,9% en 2017, 1,8% au même niveau que la France. Source : Eurostat Pour 2018, il y a fort à parier que les croissances seront 1,6% France ; 1,4% GB. En 2019, voici les chiffres officiels : T1 +0,6% ; T2 -0,2% ; T3 +0,4%. C'est toujours mieux que la France... Enfin, avec le retrait des Britanniques, les dépenses militaires de l'Europe sont amputées de 21%, soit 45 milliards de dollars. Boris avait jusqu'au 30 juin 2020 pour repousser l'échéance des négociations. Il pourrait éventuellement pousser jusqu'au 31 décembre 2022, mais c'est peu probable. [NDLR : Le Covid-19 est venu perturber ce processus. Les négociations ont repris en avril ; elles se tiennent désormais une fois par semaine jusqu'à la fin de l'été... mais pour l'instant, elles ne sont guère fructueuses.] Et si tout se passait bien ? Quittant l'Europe, les Anglais ne participeront plus au budget européen comme ils le faisaient avant, mais paieront des droits de douanes que l'on peut estimer aux environs de 5 milliards d'euros. Le déficit net pour l'Europe est estimé entre 5 milliards d'euros et 10 milliards d'euros, sans compter les accidents possibles dans la zone.
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Le Royaume-Uni présente un déficit commercial de 90 milliards d'euros vis-à-vis de la Zone euro, dont 42,6 milliards d'euros avec l'Allemagne. Il s'agit principalement de matériel de transport (voitures) pour 27 milliards d'euros. Pour des raisons "purement écologiques", ils pourraient favoriser Lexus au détriment de BMW. M. Trump qui, comme chacun sait, porte le même intérêt à M. Macron et à l'UE qu'un éléphant à un moustique posé sur son cul se fera une joie de signer très vite des accords commerciaux avec le Royaume-Uni pour que le Brexit soit une réussite. C'est là que se met en place la dynamique que redoutent depuis longtemps les européistes, celui d'une évasion qui se passe bien et qui constitue un précèdent fâcheux sur lequel peuvent s'appuyer d'autres candidats à l'émancipation. Une sorte de préambule à un éclatement de l'Union et de la Zone euro... Si ce n'est pas un long fleuve tranquille pour le Royaume-Uni, cela ne sera pas non plus une partie de plaisir pour l'UE. Rien qu'en matière de budget, la compensation du départ du Royaume-Uni devra être assumée... principalement par l'Allemagne et la France. Mécaniquement, les subventions de développement aux petits pays vont diminuer, ce qui ne manquera pas d'énerver encore plus les populations de ces pays. Si l'éclatement de l'euro et de la mafia européenne n'est pas pour cette année, nous avons fait un grand pas dans cette direction. [NDLR : Pour découvrir toutes les analyses et recommandations d'Olivier Delamarche sur l'Union européenne, cliquez ici : l'avenir de votre épargne en dépend sans doute...]
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