Samedi 31 août 2024

En toute liberté

Chaque samedi, l'actualité vue par le rédacteur en chef

Frédéric Lelièvre
CEO et rédacteur en chef de L’Agefi

Ma petite entreprise…

Un bref témoignage vaut mieux qu’un long discours 

«Le jour où feu ma-petite-entreprise suisse, une des plus avancées dans son domaine d'expertise et qui avait déjà perdu tous ses contrats avec les quarantaines Covid, s'est vu signifier un refus net pour accéder aux marchés publics de l'UE, cela a été le jour le plus noir de ma vie d'entrepreneur .»

Voilà un témoignage que j’ai reçu cette semaine, en réaction à la grande interview que nous avons réalisée avec Alexandre Fasel, le Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères. Le Fribourgeois nous déclarait que les perspectives d’un accord avec l’Union européenne (UE) sont «intactes et bonnes». Depuis mars, vous le savez, Berne négocie ce que l’on peut appeler les Bilatérales III. L’enjeu est rien moins que de «stabiliser» la relation avec l’UE et «de fixer la base de son développement ultérieur», a expliqué le diplomate. Il a envoyé « un message de confiance » aux entrepreneurs qui, comme notre témoin, subissent la dégradation de l’accès au marché européen depuis mai 2021. Le Conseil fédéral avait alors brutalement abandonné le projet d’accord-cadre avec l’UE, sans plan B. 

En poste depuis près d’une année, Alexandre Fasel se livre à un exercice d’équilibrisme. Car il s’agit non seulement de bien négocier avec Bruxelles (c’est d’ailleurs son collègue Patric Franzen qui est à la manœuvre). Il faut aussi mener des pourparlers en Suisse, afin de garantir l’absence d’entraves dans la mise en œuvre des futurs textes (sur lesquels le peuple aura de toute façon le dernier mot). 
 
Mercredi, un autre équilibriste s’est fait remarquer. Albert Rösti a annoncé l’intention du Conseil fédéral de lever l’interdiction, pourtant validée par le souverain en 2017, de construire de nouvelles centrales nucléaires en Suisse. Beaucoup de commentaires ont rejoué le débat pour ou contre l’atome et critiqué le manque de respect de la volonté populaire. Nous n’avons pas lu les choses de cette manière, comme l’a décrypté Jonas Follonier. En effet, si cette source d’énergie devait connaître un jour un retour en grâce,  ce serait en raison du manque de cohérence de la population, qui continue de freiner le développement du renouvelable. Comment souhaitons-nous vraiment décarboner notre économie ? La question reste ouverte. 
 
Cette semaine, il a aussi été question du système de soins. «L’Agefi» était le partenaire média des premières Assises de la santé, organisées par Helsana et Swiss Medical Network. L’occasion d’un échange intéressant avec Guillaume Dedet, de l’OCDE, sur la qualité des soins, le thème de ces rencontres. La Suisse ne s’en sort pas si mal en comparaison internationale, nous a assuré ce médecin reconverti en économiste, ce qui est la moindre des consolations en regard du montant des primes maladie qui plombent le budget des ménages. Nous pourrions cependant encore sensiblement nous améliorer en abordant les soins d’une autre manière. «Dans les pays de l’OCDE, très peu est dépensé pour la prévention - environ 3% des dépenses courantes de santé - ce qui est largement insuffisant. En Suisse, ce chiffre est même inférieur à 2%», a relevé le spécialiste. 
 
Parmi ceux qui pourraient faire mieux en matière de transparence figure en bonne place le Centre hospitalier universitaire vaudois (Chuv), qui a fini par publier son rapport annuel. La perte a été ramenée à 3,4 millions de francs, contre 24,8 millions en 2022. Cela semble mieux… sauf que la réalité économique n’est pas celle-là. Le Chuv a à nouveau accusé un manque de financement de près de 25 millions. Une pirouette comptable qui n’a heureusement pas échappé à l’analyse affutée de Christian Affolter. 
 
La semaine fut encore marquée par la publication des résultats semestriels d’une série de banques privées, de Lombard Odier à Pictet en passant par Indosuez et J. Safra Sarasin. Toutes subissent les conséquences logiques de la baisse des taux d’intérêt, et de la compression des marges qui en découle. Dans ce contexte, d’autres acteurs financiers font preuve d’une remarquable stabilité. Il s’agit des assureurs, comme Vaudoise. Le poids de ce secteur dans le PIB, supérieur à celui des banquiers, n’en finit d’ailleurs pas de grandir

Enfin, ne manquez pas ce qui nous attend la semaine prochaine, c’est en fin de la newsletter. J’y parle du feuilleton de l’été, la bataille autour de la présidence de Logitech

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Et la semaine prochaine ?

La conjoncture suisse se reprend-elle ? Cette semaine, l’indicateur CREA tend à l’indiquer, même si en Suisse romande, la croissance reste inférieure à sa tendance à long terme. Mi-août, le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) avait déjà évoqué un rebond de l’activité au deuxième trimestre (+0,5%), dans son estimation «flash». Nous verrons mardi si le produit intérieur brut (PIB) a effectivement augmenté, ou si la force du franc, parmi d’autres facteurs, l’a freiné. 
 
Mercredi, tous les regards seront braqués sur l’assemblée générale de Logitech au Swisstech Convention Center de l’EPFL. La direction du champion des souris et autres périphériques informatiques se retrouve depuis plusieurs mois sous le feu des critiques de son cofondateur, et toujours actionnaire, Daniel Borel. Ce dernier, soutenu notamment par la fondation Ethos, souhaite le départ de la présidente, Wendy Becker, à qui il reproche son manque de vision et son possible conflit d’intérêts en lien avec son mandat de vice-présidente chez le concurrent Sony. Un avis qui n’est partagé ni par les dirigeants du groupe, ni par les cabinets de conseil aux actionnaires américains. Sophie Marenne a résumé tous les enjeux de ce qui est devenu le feuilleton de l’été.