| La fine fleur du podcast depuis 2002 Emissions, témoignages, reportages et bruits pas sages. |
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Bonjour je suis Perrine Kervran et comme je suis la responsable éditoriale d’ARTE Radio, chaque mois je vais vous pitcher habilement les dernières nouveautés, vous donner un petit aperçu exclusif de notre palpitante et folle vie de bureau et emballer le tout avec une petite histoire vraie. | Quand le béton rencontre la boue |
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Je suis une fille de la ville, élevée à Paris, passée de la rive gauche à la rive droite, les animaux je les voyais au zoo et les paysans sur des peintures au musée d’Orsay ou dans des livres flippants du genre Jacquou le Croquant où ils ne mangent que de la soupe et portent des guenilles. L’été j’allais à la mer en Bretagne avec ma grand-mère. Elle jouait au bridge avec ses copines, elle ne sortait jamais sans son carré de soie et son chignon laqué à mort, c’était pas vraiment l’ambiance Cheval d’orgueil. Et pourtant, à chaque fois, il y avait une journée que je détestais où elle me traînait avec elle, dans sa voiture qu’elle bichonnait en tant que veuve indépendante et fière de l’être, pour rouler à travers les champs d’artichauts et de choux-fleurs jusqu’à la ferme de Kersaudy. Là, on arrivait à bord de sa voiture nickel chrome, dans une cour un peu poussiéreuse parce que c’était l’été. Il y avait des poules, des tracteurs, ça sentait la vache et on entrait dans une grande longère. Dans la salle, il y avait une longue table couverte d’une toile cirée et des bancs sur lesquels on s’installait. On me donnait un verre de Banga et une crêpe un peu sèche et ma grand-mère tirée à quatre épingles et le dos bien droit discutait avec une cousine de son mari en blouse à fleurs. Tout ça ne collait pas, je ne posais pas de question, et j’attendais que ça passe. Parfois il y avait des "monsieurs" qui traversaient la pièce en cotte kaki avec des bottes, des mains énormes et des joues toutes rouges. Après ça, on rentrait, on regardait Colombo ou Dallas toutes les deux et tout rentrait dans l’ordre. Un été, on y est allé comme d’habitude et cette fois-là trois garçons sont apparus dans la salle, verre de Banga, crêpe un peu sèche et ils m’ont proposé d’aller jouer avec eux. Ma grand-mère m’a dit « vas-y ». J’avais pas du tout envie, mes sandalettes et moi on n’avait pas confiance, j’ai fait non de la tête, elle m’a fait les gros yeux, j’y suis allée. Il faut parfois suivre son instinct, ce jour-là, la parisienne en a pris plein les dents : en sandales dans la grosse gadoue, enfermée dans le noir dans un silo à grains, encouragée à saisir à pleine main la clôture électrique, abandonnée au milieu des vaches cornues et enfin poussée dans les orties…J’ai pas trop compris ce qui se jouait ce jour-là : Paris contre la province, les snobs contre les ploucs, les filles contre les garçons, les riches contre les pauvres, les forts contre les faibles, mais en tous les cas ça faisait peur et ça faisait mal. Mais j’ai pas pleuré, j’ai bien serré les dents et personne n’a rien su. Paris 1- Kersaudy 0. |
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| | Alors pour tous ceux et celles pour qui la vie à la campagne reste quelque chose d’un peu théorique, c’est vraiment une bonne idée d’écouter le documentaire de Valentine Chevalier qui retourne dans son village d’enfance pour retrouver ceux et celles qui étaient avec elle dans Itinéraire d'un car scolaire.Partis en ville ou restés au vert, que sont iels devenus ? Et c’est réalisé par Anna Buy à écouter dans le flux Profils : des récits uniques. | | | | Mais si on veut aller se frotter à la vraie violence gore, aux cranes qui explosent, aux os qui craquent, aux épées qui s’enfoncent dans le gras du ventre, on a ce qu’il vous faut. Justine Niogret qui en termes de violence a côtoyé le pire, a fait de l’heroic fantasy sanguinolente son terrain de jeu et son exutoire. Allez-y c’est merveilleux et c’est au micro de Richard Gaitet, mis en onde par Charlie Marcelet avec les musiques mythiques de Samuel Hirsch qui enchantentBookmakersdepuis toujours. | | | Toujours au rayon violence, mais moins tragique (quoique parfois ça peut aller loin). Bref, si vous aussi vous avez décapité le doudou de votre sœur, ou mangé ses bonbons en cachette, si vous l’avez laissé porter le chapeau ou si vous lui avez coupé la frange vraiment trop court, dites-vous que tout ça était finalement peut-être sain et fondateur. Foi de Delphine Saltel et de la réalisatrice Annabelle Brouard qui ont orchestré cet épisode de Vivons heureux avant la fin du monde, et le mois prochain on creuse le même sillon adelphique. | | | Après, parfois, contre la violence on a besoin d’outils, d’armes, de conseils et c’est tout ça que proposent Isild le Besco, Léonor Graser et Andreea Gruev-Vintila, en expliquant comment reconnaître le contrôle coercitif quand on en est la victime. C’est réalisé par Samuel Hirsch qui a mis en musique les chansons douces de Léonor Graser. Le second volet sera en ligne le 21 mars, dans le fil Profils : des récits uniques. | | Kashalal - 3 x 25 min Une série documentaire de Mehdi Ahoudig et Thomas Pendzel |
| Mais comme on est pour l’amour et pour la paix, on vous propose d’écouter une tentative de Mehdi Ahoudig et Thomas Pendzel qui est comme une utopie, une épopée, une idée improbable et généreuse : œuvrer à la réconciliation entre les juifs et les musulmans à travers la nourriture et mettre tout le monde autour de la même table en créant une nouvelle norme, le Kashalal…Et c’est réalisé par Samuel Hirsch, pour le fil A suivre. | | La légende des frères Guillevic - 40 min Un documentaire de Jeanne Robet réalisée par Charlie Marcelet |
| Et si vous voulez nous voir en vrai et entendre parler de bagarre à l’ancienne avec accent breton, rv le 17 mars au Point éphémère pour écouter le travail de Jeanne Robet et Charlie Marcelet qui nous racontent la légende des frères Guillevic. On sera aussi au Périscope à Lyon, le samedi 22 mars pour un Radioshow de folie qui tente un crossover audacieux et finalement évident entre la révolte des canuts et une future révolte des livreurs Uber… |
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Pendant ce temps-là au bureau… Pour construire un beau monument sonore à la gloire de Jojo le scarabée cacavore, on a fait venir en studio la joyeuse et merveilleuse chorale historique d’ARTE qui pendant une matinée mémorable a chanté à tue-tête et de tout son cœur l’amour du caca, de la bouse, des crottes et du crottin. D’un côté les voix graves, de l’autre les voix aiguës, avec un chef d’orchestre et une bande son qui déchire, on a tout donné à s’en péter les cordes vocales, vous allez adorer. Et comme on est décidément des stars, on a été invitées avec Virginie Lacoste qui veille sur Lapinville, comme une mère sur ses lapereaux, à présenter La chute de Lapinville aux journées Ohdio de Radio Canada à Montréal. Evidemment on est tombées en plein pendant la tempête de neige historique : 1 m de neige et moins 15 degrés, ah bah on a été bien dépaysées. On a mangé de la poutine, écouté plein de trucs supers, constaté que Lapin, Chloé et Spiruline étaient célèbres aussi de l’autre côté de l’Atlantique. Et on est revenues avec du sirop d’érable, des chips au sirop d’érable, des cacahuètes au sirop d’érable, des gâteaux au sirop d’érable, du beurre de sirop d’érable, du thé au sirop d’érable et du chocolat au sirop d’érable en mode winter for ever. Mais heureusement le printemps revient et on en aura besoin pour supporter le départ de Gary, le stagiaire son qui nous a sauvé la vie 56653 fois depuis qu’il est là. Il a fait des teasers, des montages, parfois avec des indications floues, des encodages, des exports, arrangé des génériques, refait des PAD, fait des prises de son, s’est lancé dans la réalisation et toujours avec le sourire. Et là, alors qu’il part bientôt, on a enfin découvert le secret de sa bonne humeur, de sa gentillesse et de son efficacité : c’est les endives. C’est donc notre conseil développement personnel du mois, mangez des chicons. Perrine Kervran |
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