YouTube : les budgets des vidéos flambent | | YouTube vient de dévoiler les vidéos qui ont enregistré le plus de vues en 2021 dans 17 régions du monde (France, Afrique du Sud, Allemagne, Brésil, Corée du Sud, États-Unis, Moyen-Orient...). Aux États-Unis, c'est le YouTubeur MrBeast – avec sa vidéo à la Kill Bill « J'ai passé 50 heures enterré vivant » – qui remporte la première place du podium. Il faut dire que le vidéaste américain investit massivement dans ses productions. Sa dernière vidéo « Squid Game », publiée le 24 novembre, vue plus de 110 millions de fois, a coûté 3,5 millions de dollars comme le rapporte le journaliste tech Simon Owens. Les décors ont été installés sur des dizaines de milliers de mètres carrés et des centaines de costumes ont été fabriqués, pour recréer l'univers de Squid Game. « Selon certaines estimations, c'est plus que ce qu'il en coûte pour produire un épisode moyen d'une série télévisée », observe le journaliste. Selon une enquête de Variety, pour comparaison, les budgets de production des séries dramatiques haut de gamme sur le câble et la télévision coûtent entre 1,5 et 3 millions de dollars, voire davantage, la demi-heure... « Il y a cinq ans, il aurait été difficile d'imaginer qu'une telle opération puisse voir le jour sur YouTube. Les premières générations de stars de YouTube n'utilisaient guère plus qu'une caméra et un ordi pour produire du contenu », rappelle Simon Owens. MrBeast n'est pas le seul à aligner les billets : David Dobrik offre des Lamborghini, Captain Disullusion crée des effets spéciaux... En France, il est plus difficile d'avoir des chiffres, dans un milieu où l'argent reste (malgré tout) une question taboue. En juillet 2019, Squeezie – numéro 3 dans le classement YouTube français 2021 avec sa vidéo « 1 seconde avant la catastrophe » – expliquait dans une interview donnée à NRJ qu'il avait payé de sa poche « 70 000 euros pour deux clips ». « Ce n'est pas Webedia qui payait pour les vidéos, c'est moi », précisait le vidéaste, conscient que la question du financement des vidéos YouTube est « une zone d'ombre incroyable ». Depuis, le YouTubeur a quitté Webedia (qui gérait la régie publicitaire de sa chaîne et son image.) Reste qu'aujourd'hui, dans le classement des vidéos les plus vues en France, les clips ont complètement quitté cette image artisanale. « Je me souviens », la vidéo du duo Mc Fly et Carlito en réponse au défi lancé par Emmanuel Macron et qui trône en tête du classement avec 15,9 millions de vues, n'a plus rien à voir avec les productions de leurs débuts tournées à l'iPhone, où « on montait sur un échafaudage alors qu'on n'avait aucune autorisation »... Même si, pour les YouTubeurs français, la marche à gravir pour s'approcher des productions de leurs confrères américains reste haute... | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | « Qui contrôle le "cost control" ? » Dans une lettre adressée à l'Union des marques, au Club des annonceurs, au ministère de l'Économie, Bertille Toledano et David Leclabart, président de l'AACC, pointent des dysfonctionnements des cabinets de cost control dans la production publicitaire. « Nous avons été alertés par plusieurs de nos adhérents sur le fait qu'il existe un problème en lien avec la production et les demandes des cost controllers », expliquent-ils dans un entretien donné à Stratégies. Le nœud du problème ? « En proposant à leurs clients non plus seulement un contrôle de leurs coûts de production mais aussi des solutions, ils deviennent des conseils en production. Or on ne peut pas être juge et partie », soutient David Leclabart. Autre dérive pointée du doigt : le cost-killing, c'est-à-dire la volonté de faire baisser les devis à tout prix. « Aujourd'hui, on nous demande de plus en plus d'assets avec de moins en moins d'argent », comme nous le partageait Bertille Toledano, invitée de notre live LinkedIn. Pourquoi c'est un pavé ? « Ça crée des perversions dans le système », observe Bertille Toledano. La qualité de la relation agence-annonceur en sort complètement affaiblie. Cette lettre en forme d'alerte a pour but de « réveiller les consciences sur l'importance de la prod' dans nos métiers ». Plusieurs solutions sont avancées : une demande d'un certificat d'audit, une séparation claire des métiers ou encore l'obtention d'une charte éthique pour « obtenir cette séparation des rôles ». | UN FORMAT À LA LOUPE | | LinkedIn ajoute de nouveaux outils au « mode créateur » – l'accès au LinkedIn Live et la possibilité de faire une newsletter pour les créateurs « afin de maintenir le lien avec leur public », note Social Media Today. Le LinkedIn Live est seulement disponible pour les membres et les pages comptant plus de 150 followers ou connexions. Cette option permet de renforcer l'engagement d'un public cible, comme le montrent les chiffres donnés par LinkedIn : les vidéos en direct suscitent en moyenne 7 fois plus de réactions et 24 fois plus de commentaires que les vidéos natives produites par les mêmes diffuseurs dans l'application. Au passage, en tant que l'un des 12 partenaires de contenus de LinkedIn dans le monde, on confirme que les lives, ça engage ! C'est le format natif au meilleur taux d'engagement ! En ce qui concerne les newsletters, les abonnés seront automatiquement avertis de leur mise en ligne à travers des notifications push, in-app et par email. « Cela pourrait être un bon moyen d'inciter davantage de créateurs à tenir une chronique régulière sur les sujets d'intérêt qu'ils ont choisis, contribuant ainsi à renforcer leur présence et leur thought leadership », analyse Social Media. Bon, là, on est plus sceptique au vu de nos premiers tests. Et sinon, impossible de passer à côté. Spotify, comme chaque année, a présenté ce mercredi 1er décembre son « Spotify Wrapped », une rétrospective musicale de chaque utilisateur avec un classement des titres, genres, et artistes les plus écoutés. Pour accéder à ces données, le géant du streaming « vous fait passer par une présentation digne d'une Story Instagram, avec des graphiques, des jeux interactifs », complètement à côté de la plaque, selon Mashable, avec une série de phrases abstraites (In a year like 2021, even your music gets a vibe check, While everyone was trying to figure out what NFTs were, you had one song in repeat) : « Le copywriting de Spotify a tellement essayé d'être tendance et cool qu'il a fini par être incroyablement ringard (...) En fait, c'est comme si un parent avait trop vu son enfant regarder TikTok et en avait fait une présentation PowerPoint. » Ouch. | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Lancée en 2021, la plateforme Nowu, « le média qui te bouge pour l'environnement », est une petite pépite – originale et graphiquement intéressante : un site web conçu en stories. Tu es de la jeune génération ? Le site franco-allemand lancé par France Télévisions et la Westdeutscher Rundfunk Köln (WDR) entend te donner une panoplie « d'outils et de contenus pour se bouger face à l'urgence environnementale et faire entendre ta voix ». Pour toucher sa cible, le média numérique mise sur l'interactivité : des quiz pour tester ses connaissances, des sondages, des appels à témoignages pour partager des conseils, des anecdotes... Alors n'oublie pas : « On n'est jamais trop petit pour faire une différence » (Greta Thunberg). | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Entre Inès et son père, il y a un gouffre. D'un côté, la working girl, coincée dans ses tailleurs, sérieuse et appliquée dans son métier de consultante financière à Bucarest, de l'autre un joyeux luron défroqué qui n'a jamais quitté l'enfance, prêt à dégainer perruque et dentier postiche au milieu des mondanités. Remarquée lors du Festival de Cannes 2016, Toni Erdmann est une comédie loufoque de la cinéaste Maren Ade. Le film pointe avec dérision les travers de l'entreprise et du libéralisme, l'absurdité des convenances et explore avec tendresse les relations ambivalentes entre parents et enfants. À rattraper sur Arte.tv. |
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